La pdg du CIUSSS doit quitter, réclament les infirmières

La demande de départ de Natalie Petitclerc formulée vendredi par la FIQ est on ne peut plus claire.

«On veut que Mme Petitclerc plie bagage. Ça fait un an qu’elle est arrivée, on n’a jamais vu autant de dégradation des conditions de travail que présentement.»


Le message lancé par Patricia Mailhot lors d’un rassemblement d’infirmières tenu vendredi midi devant le bureau du CIUSSS à Trois-Rivières est clair et net. Après avoir manifesté en début de semaine à Drummondville et tenu différentes activités de mobilisation au cours des derniers mois, les infirmières de la région représentées par la FIQ, dont Mme Mailhot est la présidente par intérim, réclament le départ de Natalie Petitclerc. Et selon Mme Mailhot, ce ne sont pas les raisons qui manquent pour demander le départ de la présidente-directrice générale du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.

Évidemment, le plan de réorganisation déployé par le CIUSSS depuis le 6 février passe toujours en travers de la gorge des professionnelles en soin. Ce plan, visant à combler les manques dans les services 24 heures sept jours, force la réaffectation d’infirmières dans des départements où plusieurs d’entre elles n’ont pas mis les pieds depuis des années. La fermeture partielle de la DPJF [jeunesse-famille 0-5 ans] exige de déplacer des infirmières pour prêter main-forte en centre hospitalier, en pédiatrie, ce qui retarde la vaccination des 0-18 mois, plaide Mme Mailhot. C’est sans compter les fusions de services et les suspensions imposées cette semaine à des infirmières pour avoir été absentes à des réunions d’orientation.



Patricia Mailhot

«Pourquoi on demande son départ? Aucune ouverture, aucune communication avec les professionnels en santé, aucune communication avec les médecins, aucune communication avec les médecins spécialistes. On veut une gestion plus près du terrain, on est prêts à partager des solutions et on ne veut plus s’en faire imposer. Mais depuis le 6 février, la gestion est déficiente, rigide. Il y a un manque d’écoute. On n’a pas d’entente pour les fermetures partielles, on n’a pas les chiffres. On a essayé de communiquer avec Mme Petitclerc pour qu’elle vienne s’asseoir avec nous. Mais le CIUSSS continue d’aller de l’avant. La direction dit ne pas avoir le choix. Mais au final, si les gens quittent la profession, est-ce la solution? On perd des infirmières», soutient Mme Mailhot, en faisant référence aux quelque 70 infirmières ayant démissionné depuis le 6 février.

La présidente par intérim affirme que le syndicat a déposé des griefs concernant les suspensions imposées cette semaine. Elle s’attend à ce que d’autres infirmières préfèrent aller travailler ailleurs.

«Que fait Mme Petitclerc pour retenir les gens? Personne n’a appelé les démissionnaires. Ils disent merci et bonne chance! Je n’ai jamais vu une entreprise, dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre, ne pas minimalement aller s’asseoir avec elles. Il faut consulter les gens sur le terrain.»

—  Patricia Mailhot, présidente par intérim de la FIQ régionale

Des solutions pour améliorer les choses, la FIQ affirme en avoir plusieurs dans son sac. L’arrivée de quarts de travail de 12 heures [au lieu de huit] à l’urgence de l’hôpital de Trois-Rivières, l’offre de postes à temps complet pour des infirmières oeuvrant ailleurs qu’en CHSLD et en centres hospitaliers et l’autoconfection d’horaires de travail sont des avenues à considérer, croit la FIQ.

«À l’urgence de Trois-Rivières, avec des quarts de 12 heures, on le ferait à deux infirmières au lieu de trois. Mais ça n’a pas été bien vendu. Le CIUSSS fait des sondages. Des filles veulent, d’autres non. Dans les secteurs autres que les CHSLD et les centres hospitaliers, on veut offrir du temps complet, mais l’employeur n’a pas le temps de s’en occuper à cause de la pandémie et maintenant à cause de la restructuration. La pénurie de main-d’oeuvre est partout au Québec. Mais ailleurs, ils réussissent à arriver avec des soins qui sont donnés sécuritairement à la population et à avoir des filles heureuses d’entrer au travail.»



Le CIUSSS se dit ouvert à discuter

Refusant de commenter la demande de la partie syndicale concernant Natalie Petitclerc, la direction du CIUSSS avance qu’elle a toujours été ouverte à discuter pour trouver des solutions et qu’elle le demeure.

«Des instances auxquelles prennent part la direction et la partie syndicale sont déjà en place au sein de l’organisation afin de favoriser les échanges et d’adresser des enjeux sur les notions de relations de travail», écrit par courriel Julie Michaud, agente d’information.

Selon la porte-parole, la direction du CIUSSS se dit sensible aux réactions du personnel touché par les changements et assure que ce dernier reçoit l’information, l’accompagnement et les formations nécessaires afin de permettre son adaptation à son nouveau milieu de travail. La décision de réorganiser le travail repose sur la nécessité de retrouver un «équilibre entre les secteurs pour offrir des conditions sécuritaires et de qualité dans les services 24/7», ajoute Mme Michaud.

«La situation est critique dans les secteurs 24/7 et les services y sont déjà modulés au maximum. La pression vécue par ces équipes est insoutenable, occasionnant du temps supplémentaire et du temps supplémentaire obligatoire, nous obligeant à amplifier les efforts pour leur apporter du renfort.»

D’après Mme Michaud, les infirmières desdits secteurs sont reconnaissantes du renfort provenant de leurs collègues.