On ne composte pas égal partout à Trois-Rivières

L'utilisation du nouveau bac brun est inégale d'une zone à l'autre de Trois-Rivières.

La distribution des bacs bruns dans la MRC de Maskinongé se terminera autour du 2 juin et marquera la fin de la phase de déploiement dans toute la Mauricie.


L’expérience de la collecte des résidus compostables amorcée à Trois-Rivières depuis la semaine du 17 avril laisse entrevoir qu’Énercycle devra poursuivre ses efforts de sensibilisation pour faire entrer le fameux bac brun dans les mœurs.

C’est qu’à Trois-Rivières, qui a inauguré la collecte dans la semaine du 17 avril, on constate des écarts très importants entre le taux de participation des premiers quartiers et celui des autres secteurs de la ville.



«Dans le coin de Cap-de-la-Madeleine, ils sont à 69%. Dans les zones du centre-ville, j’ai encore du 19%, du 23% et du 16% sur Sainte-Cécile, Saint-Philippe et Saint-Paul, où il y a des immeubles à logements, mais j’ai du 67% quand j’arrive à Pointe-du-Lac. Et dans le coin de Sainte-Marthe, j’ai du 64%», illustre le directeur général d’Énercycle, Stéphane Comtois.

Il s’agit d’une moyenne de 50% pour Trois-Rivières donc meilleure que les 36% atteints lors de la toute première collecte, à la mi-avril.

Cinquante pour cent, pour Stéphane Comtois, c’est compréhensible en ce moment. «Il fait encore froid et il n’y a pas de mouches. Donc, pas de mouches, pas de vers. «Alors il y a probablement des gens qui se disent capables d’attendre deux semaines avant de le mettre au chemin», analyse-t-il.

Malgré tout, M. Comtois, se dit «très content. Les gens répondent; ils savent à quoi s’attendre. Leurs questions sont légitimes et ça va bien», dit-il.



Endroits non desservis

Même si la distribution des bacs est sur le point d’être terminée en Mauricie, il reste des endroits non encore desservis par le système de collecte des matières recyclables, en particulier à Trois-Rivières. C’est le cas, par exemple, des gros immeubles à condos à Trois-Rivières sur Saint-Laurent.

C’est que les résidents de la plupart de ces immeubles possèdent chacun un système de chute par laquelle ils envoient par gravité leurs sacs à déchets et leurs matières recyclables dans des bennes situées au sous-sol du bâtiment. Les matières compostables se prêtent difficilement à ce système, car elles ne peuvent être enveloppées dans des sacs de plastique.

«C’est ça qu’il faut qu’on analyse», indique M. Comtois. «Cette vague-là n’est pas partie encore. Il va falloir qu’on ait un travail de terrain un peu plus serré, qu’on aille voir ces appartements-là, parler au propriétaire, voir comment ils sont installés et voir les alternatives qu’on est capable d’offrir. Ce n’est pas fait encore», dit-il. Bref, «tout ce qui pourrait éventuellement sortir en conteneur n’est pas desservi encore», précise-t-il.

Escouade compost

Énercycle a l’intention aussi de faire une analyse de la participation au compostage collectif des restaurants et commerces de son territoire.

«On a une escouade qui est censée apparaître cet été et qui va se promener dans des endroits comme les restaurants pour voir comment vont ceux qu’on a desservis. L’escouade devrait commencer le 5 juin si ça va bien. Des gens vont être déployés sur le terrain pour donner de l’information et la restauration fait partie des endroits ciblés», indique le directeur général.

«Il y a des gens qui veulent former leurs employés pour les habituer, d’autres qui doivent faire un peu d’installation à l’intérieur. On n’a pas senti de grosses réticences de leur part jusqu’à maintenant.



Stéphane Comtois affirme qu’il n’y a plus de grosses plaintes qui entrent chez Énercycle concernant les bacs bruns. «Nous recevons des questions normales. Est-ce que je peux vraiment mettre telle matière, mais des plaintes non», affirme-t-il.

L’impact du milieu rural

Énercycle n’a pas fait de nouvelles caractérisations des matières collectées à même le bac brun depuis la première collecte d’avril effectuée à Trois-Rivières et qui avait révélé un contenu satisfaisant. «Nous n’en avons pas fait d’autres depuis. On attendait de voir arriver les endroits un peu plus ruraux. On va regarder Des Chenaux (la collecte s’amorce lundi). C’est plus rural et on pourra voir si le contenu de leur bac brun est bien différent du contenu urbain», explique le directeur.

Votre petit bac engendre des frais?

Selon Stéphane Comtois, le contremaître de site et la personne qui contrôle le contenu des camions de matières compostables qui sont acheminées chez EBI n’ont pas lancé de cri d’alarme au sujet du contenu des bacs récupérés dans la région jusqu’à maintenant. «EBI ne nous a pas contactés non plus pour nous dire que c’était contaminé», dit-il.

Énercycle avait demandé aux citoyens dès le départ de ne pas employer de sac de plastique dans le petit bac de cuisine qui leur a été acheminé avec leur bac brun afin d’éviter que le compost soit contaminé. Énercycle avait demandé également de ne pas utiliser de sacs biodégradables ou oxobiodégradables pour la même raison. Biodégradable n’est en effet pas synonyme de compostable.

Cet aspect sera encore plus important lorsque Énercycle aura sa propre usine de compostage. «Ce sera une autre affaire, mais on a deux ans pour se pratiquer», fait valoir Stéphane Comtois.

Il faut donc déjà prendre l’habitude de n’utiliser que du papier journal ou des sacs de papier prévus à cette fin.

«Les gens trouvent que les sacs Back to Earth sont un petit peu chers», indique M. Comtois. «C’est pour ça que souvent, on leur suggère de prendre les circulaires et les journaux pour faire des papillotes.» Si certains s’inquiètent de la présence de l’encre qui se trouve sur le papier journal ou les circulaires, Stéphane Comtois assure qu’elle ne représente pas de problématique pour la qualité du compost.

Afin de faciliter la vie des citoyens à ce chapitre, Énercycle a mis en ligne une petite vidéo sur sa chaîne YouTube qui aide à fabriquer des papillotes.



Non toxique

Quant à ceux qui s’étonnent que l’on puisse mettre dans le bac de la litière et des excréments d’animaux domestiques, le directeur général explique que la température qui s’affiche dans les tunnels de compostage grimpe suffisamment pour détruire tous les pathogènes. Le produit final, explique-t-il, est surveillé et échantillonné puis classé en fonction des normes à respecter.

Et si la litière de chat est autorisée, on ne peut toutefois pas mettre de couches jetables de bébés simplement à cause de leur teneur en plastique.

Les séances d’information pour le public sont terminées, pour l’instant, mais «on est à l’écoute pour mieux cibler nos interventions en fonction de ce qu’on va entendre et de ce qu’on va voir dans les commentaires. On va ajuster notre message et vérifier si l’on a besoin de rencontres d’information supplémentaires ou pas», indique le directeur général.