On ne pourrait imaginer deux versions des faits plus divergentes. D’un côté, le maire Michel Angers qui soutient que Suez refuse d’honorer les termes d’un contrat de vente pour de nouvelles membranes de filtration. À l’opposé, le concepteur de la technologie qui affirme continuer «d’offrir de vendre des membranes de remplacement à la Ville, à nos conditions générales habituelles, au prix réduit prévu au contrat initial avec la Ville».
Pendant qu’il reviendra vraisemblablement aux tribunaux de trancher, c’est le spectre d’un avis d’ébullition prolongé qui hante à nouveau les esprits. Et laisse par ailleurs entier le problème de la solution permanente qui mettrait un point final – et dispendieux – aux problématiques qui plombent le dossier depuis que la station a commencé à opérer, début 2020.
Quelle solution?
Dans un rapport d’expertise technique visant à «optimiser l’opération des membranes», commandé à l’École polytechnique à l’automne 2021, différentes solutions sont évoquées.
Le document, dont Le Nouvelliste a obtenu copie, avance que «la mise en place d’une étape de prétraitement physique (décantation, flottation ou filtre à lavage continu) nous apparaît une solution plus intéressante à long terme pour la municipalité».
Or, Polytechnique souligne également que «la réingénierie de la chaîne de traitement en place tient cependant pour acquis que SUEZ collabore au projet de réfection. Dans l’éventualité où ce ne soit pas le cas, le recours à une chaîne de traitement conventionnel pourrait s’avérer une alternative plus efficace pour solutionner à long terme la situation vécue à l’installation du LAP».
Selon des sources proches du dossier, il semblerait que la Ville ait déjà tiré un trait sur la «collaboration» de Suez. «Plus de son, plus d’image», imageait encore cette semaine le maire Angers. Déjà, en février, lors d’une rencontre avec le ministre de l’Environnement, la chose aurait été évoquée. Aussi c’est une solution de traitement conventionnel – possiblement au sable – qui aurait été soumise à Québec. Une option qui avoisinerait les 70 millions $, toujours selon nos sources.
Suez aura beau dire, comme elle nous l’écrit, qu’elle est «en communication continue avec la Ville», la chose semble entendue à l’hôtel de ville de Shawinigan. La communication entre les parties se fera par avocats interposés et portera principalement sur le litige qui les oppose – une poursuite de plus de 23 millions $, intentée par la Ville contre Suez, Allen entrepreneur et WSP, tous impliqués dans la conception et la construction de la station de filtration.
Entre-temps, le dossier soumis par la Ville pour une «solution permanente» aurait fait l’objet d’une première analyse au ministère de l’Environnement. Ce dernier aurait exigé différentes bonifications à la proposition, dont celle de la démonstration de la pérennité de la source d’eau, soit le lac à la Pêche. Dans l’historique du dossier, le ministère avait en main une étude qui laisse penser que la chose n’était pas acquise. Québec serait en attente des réponses de la Ville.