Le fils incarcéré pour avoir attenté à la vie de son père en plus de tuer trois autres personnes, nommément la seconde épouse de celui-ci, sa propre belle-sœur et une amie de cette dernière, est décédé de cause apparemment naturelle. Par ces crimes, Sylvain Duquette n’aura semé chez ses proches que crainte et désolation.
«Je n’ai aucune peine de ça… Ça me surprend moi-même, parce que c’était mon gars», laisse tomber l’homme pour qui le meurtre de «l’amour de sa vie», demeure une plaie béante.
«Y’a pas à dire, il était en prison; mais il nous restait une crainte», avoue l’homme de 87 ans à qui il reste deux enfants vivants, Manon et Claude, jr. Un autre fils, Jocelyn, était décédé de maladie quelques mois avant les événements qui ont coûté la vie à sa veuve, Denise Hallé.
Claude Duquette affirme ne pas être peureux de nature. Mais devant la plus infime possibilité que Sylvain Duquette soit libéré ou s’évade du milieu carcéral, le risque qu’il revienne «finir sa job» planait au-dessus de sa tête.
Jamais, ni en plaidant coupable ni en recevant sa sentence, celui qui a ôté la vie à trois femmes innocentes n’a exprimé de regrets envers son père. «Pour lui, il m’avait manqué», indique l’homme qui a été torturé et abandonné après une tentative de le faire périr par les flammes.
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Rien ni personne n’a su expliquer les motivations de ce carnage. «Si on ne l’avait pas aidé, je pourrais comprendre… Mais mon gars l’a aidé ‘‘au boutte’', ma fille et moi aussi. Je lui ai donné beaucoup d’argent», rappelle-t-il.
À savoir si la dernière page de ce mauvais chapitre est enfin tournée, Claude Duquette hésite à acquiescer. Six ans plus tard, il vit toujours seul, privé de la compagnie de cette «femme en or», Jocelyne Pellerin, qui lui tenait la main tout au long de leurs nombreux voyages.
C’est pour mieux se souvenir d’elle et de leurs meilleurs moments ensemble que Claude Duquette habite toujours dans la maison où se sont déroulés les événements tragiques. «Mes souvenirs sont ici. Je la vois encore dans la maison, je me rappelle ses agissements», dit-il. Ils y avaient partagé 40 ans de vie commune.
«On ne peut pas tourner une page comme ça», dit-il. Avec ses proches, le sujet est trop douloureux pour l’aborder. À qui se confier? «Aux murs?», interroge avec ironie celui qui sent toujours le poids de la solitude, malgré les bons soins de sa fille qui le visite tous les jours.
Les seuls loisirs qui lui restent sont de s’occuper de sa propriété, de son terrain, d’entretenir ses voitures, bref, de meubler ses jours avec l’énergie qu’il conserve malgré son âge. Un à un, les amis et les parents sont partis pour un autre monde, raconte celui qui a travaillé pendant 40 ans à la Canadian Carborandum.
C’est le destin qu’il a d’ailleurs souhaité pour lui-même, en entendant les dernières paroles de sa compagne de vie qui lui disait «Je t’aime» avant de se taire à jamais.
«Je travaille dehors, mais je pense toujours à elle», répète-t-il. Tout en se souvenant des beaux jours où ils allaient chaque matin déjeuner au restaurant, se demandant ce que l’avenir leur réservait, Claude Duquette en tire une grande leçon de vie: «On ne sait jamais!»