«Plus de son, plus d’image. Nulle part.» Le maire Michel Angers a mentionné jeudi être «très inquiet» et souhaiter tout faire pour éviter un avis d’ébullition semblable à ce que la ville a connu en 2021-2022, soit 220 jours d’avis d’ébullition préventif.
Il est toutefois impossible, selon la Municipalité, de savoir il reste à peu près combien de temps aux membranes actuelles avant de devoir tout mettre sur pause et retourner à la chloration... et à l’ébullition.
Ces membranes permettent le traitement de l’eau à Shawinigan, mais accumulent beaucoup trop rapidement les boues, et finissent par boucher.
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Le temps presse, selon le maire. Il a illustré la situation par une voiture qui aura besoin de réparations, mais dont les pièces ne sont pas disponibles. Par ailleurs, il n’y a pas d’autres fournisseurs qui pourraient sauver la mise, selon la Ville, qui affirme avoir tout fait pour acheter des membranes de Suez, entreprise rachetée récemment par le géant Veolia.
«On n’est même plus capables de parler directement à la direction de Suez. Notre patience a des limites, et ces limites-là, elles sont atteintes.»
— Le maire de Shawinigan Michel Angers
La Ville avait pourtant adopté une résolution en mars 2023 pour l’octroi d’un contrat de 1,4 million $ de gré à gré avec Suez pour l’achat de nouvelles membranes, alors destinées à l’inventaire. Or la transaction ne s’est jamais conclue et les membranes ne sont jamais arrivées, puisque les conditions d’achat étaient désormais différentes du contrat initial, selon la Ville.
En ce moment, il y aurait des échanges d’avocats de part et d’autres. La Ville a d’ailleurs mandaté ses avocats de déposer une demande d’injonction pour qu’un juge force la main à Suez. Essentiellement, la «multinationale milliardaire», comme l’a rappelé le maire, voudrait renégocier un nouveau contrat pour conclure la vente, ce que la Ville refuse.
Le maire rappelle que lesdites membranes étaient supposées être garanties dix ans, mais qu’elles se sont encrassées en moins d’un an. Elles ont été remplacées pour la dernière fois au printemps 2022.
Le but de la Ville n’est pas de payer indéfiniment, mais en ce moment, dans le contexte où le dossier est devant les tribunaux, on estime que c’est la chose à faire, quitte à ajouter le montant à la poursuite de 23,3 millions $ contre les concepteurs de l’usine.
«On a besoin de nouvelles membranes, c’est une question de santé publique.»
Pour se préparer à un éventuel nouvel arrêt de la station, la Ville dit s’assurer de garder en état le poste de chloration sur le réseau d’aqueduc.
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Les membranes actuelles qui doivent filtrer l’eau dans le secteur Saint-Gérard-des-Laurentides continuent de s’encrasser trop vite. Pour soulager un peu le problème, on les lave beaucoup plus souvent. Ces «lavages excessifs» les brisent et font en sorte qu’elles laissent moins bien passer l’eau, selon le maire.
Éventuellement, la stratégie ne fonctionnera plus, selon le directeur du service de l’ingénierie de la ville, Stéphane Carbonneau.
«Quand elles vont être complètement colmatées, quand l’eau ne passe plus, c’est à ce moment-là que je viens voir monsieur le maire.»
Autrement, la Ville affirme qu’il y a des fuites causées par des bris de fibres chaque semaine. Il y a un ou deux mécaniciens qui passent de un à trois jours à l’usine chaque semaine pour travailler sur les membranes, quand ils devraient être affectés ailleurs, selon M. Carbonneau.
Un camion devait par ailleurs sortir les boues sèches de l’usine environ une fois par mois au départ. En ce moment, c’est un camion trois fois par jour, sept jours par semaine, qui sort les boues humides.
Rappelons que la Ville poursuit Suez, Allen et WSP pour 23,3 millions $ pour une usine qui n’a jamais bien fonctionné, et est également poursuivie dans ce dossier pour des soldes impayés. Vérifications faites: il n’y a pas encore de date d’audience fixée.
La station, qui n’a jamais bien fonctionné, a coûté 44 millions $, dont 75% était financé par les paliers supérieurs.
Solution permanente?
Pendant ce temps, la solution permanente n’a toujours pas été présentée, mais impliquera des coûts importants, que ce soit pour ajuster la station de Lac-à-la-Pêche, ou pour carrément changer de technologie.
Un rapport de la Polytechnique Montréal obtenu récemment par Radio-Canada suggère par ailleurs de changer de technologie.
«En absence de collaboration de la part du fournisseur de membrane, une réingénierie complète de la chaîne de traitement pourrait s’avérer une solution plus sécuritaire», cite le document.
La Ville assure que le projet final de solution permanente sera déposé dans les prochaines semaines au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation ainsi qu’au ministère de l’Environnement. La Ville annoncera ensuite conjointement avec le ministère de l’Environnement la solution permanente qui aura été retenue.