Incapable d’obtenir les raisons qui motivent ce départ, le conseiller a même écrit sur sa page Facebook : «L’Île Saint-Quentin nous vole l’un des événements phares de Pointe-du-Lac... J’espère que la Ville ou IDE ne financent pas le tout pour favoriser un tel transfert.»
Les responsables du Festival brassicole de la Mauricie n’ont pas donné suite à notre demande d’entrevue, jeudi.
La directrice générale du Parc de l’île Saint-Quentin, Josée-Anne Labrousse, assure que c’est le Festival lui-même qui a demandé à tenir son événement à l’île Saint-Quentin, cette année.
Le porte-parole de la Ville de Trois-Rivières, Mikaël Morissette, assure lui aussi que c’est le Festival brassicole de la Mauricie, et non la Ville, qui est à l’origine de cette décision. «Il y a eu un changement de responsable dans l’organisation» du Festival brassicole, explique-t-il.
M. Morissette indique que le Festival avait fait une première demande pour déménager d’abord au centre-ville, ce qui a été refusé à cause d’un conflit de dates, explique-t-il.
À la suite de ce refus, le Festival s’est alors tourné vers l’île Saint-Quentin il y a quelques semaines, ajoute-t-il. Ce dernier rappelle que ce Festival est une organisation indépendante et privée qui a le choix de sa décision.
Visiblement très mécontent de perdre un si bel attrait dans son secteur, le conseiller Bélisle a écrit un commentaire sur la page Facebook de l’événement pour tenter de connaître les motifs de ce déménagement. Le Festival lui a répondu ceci : «Nous avons bien pris connaissance de votre message! Il y a plusieurs raisons qui expliquent cette décision et une publication sera faite sous peu afin de clarifier la situation aux citoyens de votre secteur ou d’ailleurs sur le territoire de la V3R et des autres villes en périphérie, et ce, vivant une déception sur le changement de site. Pour tout complément d’information, n’hésitez pas à communiquer avec nous en PV et il nous fera plaisir de vous transmettre les coordonnées de l’un des responsables pour un échange téléphonique.»
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«J’ai été dans la corporation de l’île pendant plusieurs années et on a adopté une mission et c’est de ne pas être dans les événements de masse», rappelle François Bélisle. «Un festival de bière n’entre pas dans leur mission», dit-il. «Ils doivent protéger d’abord le caractère très fragile de cet écosystème-là», ajoute-t-il.
Josée-Anne Labrousse estime qu’au contraire, cet événement correspond tout à fait aux valeurs de la Corporation de l’île puisque les bières mettent en valeur la production brassicole et que la quantité de visiteurs attendus n’a rien de comparable à un événement comme la vente de garage qui attirait quelque 10 000 visiteurs.
Le conseiller François Bélisle se désole que le Festival déserte le parc Antoine-Gauthier et il n’a pas hésité à commenter la chose directement sur la page Facebook de l’événement, n’ayant pas les coordonnées des nouveaux organisateurs.
Il assure que si le Festival brassicole l’avait contacté pour faire part de ses besoins ou de ses récriminations, «j’aurais fait des pressions sur la Ville», dit-il, pour assurer leurs exigences en matière de nombre de toilettes chimiques, par exemple, répondre à un besoin d’aide pour des permis ou assurer plus de transport en commun. «J’aurais joué mon rôle de facilitateur. Il manque d’événements dans la périphérie», déplore-t-il. Bref, le conseiller aurait voulu avoir la chance de favoriser la rétention du Festival au parc Antoine-Gauthier.
Le festival s’explique
Dans une publication faite en soirée jeudi sur sa page Facebook, le Festival Brassicole a partagé les raisons justifiant son déplacement, notamment l’indisponibilité de l’ancien site pour les dates choisies et des changements qui seraient survenus aux loisirs de la Ville.
«De nouvelles conditions en vigueur à la division des loisirs de la Ville de Trois-Rivières depuis cette année ont fait en sorte que le FBM n’est plus admissible au prêt d’équipement sans s’affilier à un organisme déjà reconnu», a laissé savoir l’organisation.
Elle mentionne aussi qu’il était impossible de changer les dates de l’évènement en raison de la disponibilité de ceux qui y participent. «Cette fin de semaine est la seule qui nous permet d’avoir assez d’effectifs pour pouvoir l’organiser», est-il indiqué.
Déjà en 2020, avant que la crise sanitaire ne survienne, le comité organisateur planchait sur l’idée de déplacer le festival pour assurer sa pérennité. Plusieurs facteurs auraient donc pesé dans la balance pour s’installer à l’île Saint-Quentin, tels que l’accueil reçu du personnel de l’endroit.
«Les installations et l’infrastructure en place réduisent énormément la charge de travail de nos bénévoles, ainsi que les coûts liés à l’événement, émet-on. Tout cela, sans mentionner le site, qui est de toute beauté. Nous sommes plus que convaincus que cette nouvelle formule sera à la hauteur de vos attentes et des nôtres.»
Mécontentement
Par ailleurs, le conseiller Bélisle n’est pas le seul à déplorer cette décision. Des dizaines d’internautes ont réagi à cette annonce. Certains indiquent qu’ils n’iront pas à l’île Saint-Quentin et que l’événement venait donner de la vie au parc. «Juste parce que c’est à l’île Saint-Quentin... nous serons beaucoup de gens de l’ouest à ne pas y aller!! Yamachiche-Maskinongé-Louiseville. Les gens de Pointe-du-Lac adoraient!! Ils ont rarement des festivités de microbrasseries», commente un citoyen.
«Se rapprocher du centre-ville, on commence à en avoir marre», fulmine François Belisle.
«Les trois-quarts des citoyens du centre-ville ne demeurent pas dans le centre-ville et dans le centre», plaide-t-il en rappelant que le Cap a perdu le Festival des amuseurs publics. «Les gens commencent à avoir peur pour le Festival des coureurs des bois», ajoute-t-il.
«Beaucoup de gens n’iront pas parce qu’ils vont devoir payer», ajoute le conseiller. Il y a en effet une tarification pour entrer sur l’île Saint-Quentin. Selon Mme Labrousse, l’événement, lui, serait gratuit, mais les visiteurs devront payer pour faire l’essai des différentes bières offertes sur place.
Le conseiller Bélisle rappelle que le Festival brassicole «est un événement qui rapportait», dit-il. «Les gens appréciaient le caractère bucolique du parc Antoine-Gauthier et pouvaient y venir de partout en transport en commun. Certes, au niveau du stationnement, on n’est pas sur les terrains de l’Expo, mais l’île Saint-Quentin a les mêmes problématiques de stationnement», fait-il valoir.
Avec la collaboration de Rosie St-André