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Vikings
La flamboyante série de fiction Vikings sur Ohdio vous transportera dans le monde brutal des courageux aventuriers qui ont quitté la Scandinavie autour de l’an 1000 à la recherche du Vinland, ce paradis espéré qui s’est révélé être un Nouveau-Monde assez décevant. Le concept de la série a été créé par Sveriges Radio, la radio publique suédoise, avec le soutien de Nordvision, une association de radios publiques du Nord de l’Europe, NRK en Norvège, DR au Danemark et RUV en Islande. Les deux premiers épisodes décrivent le destin de Gudrid Thorbjarnardotter, une exploratrice islandaise, probablement la première femme scandinave à poser les pieds en Amérique. L’histoire est narrée avec beaucoup de finesse par le comédien Vincent Leclerc. On plonge très profondément dans le quotidien des Vikings, leurs règles sociales, leur lutte contre la famine, leur déchirement entre les croyances païennes et le christianisme naissant dans la région. Les férus d’histoire se régaleront. Le mixage sonore est enveloppant et énergique. Des extraits d’entrevue avec des archéologues viennent ancrer le récit dans la réalité ou du moins, dans ce que nous en savons.
Think Twice: Michael Jackson
Enfant vedette, roi incontesté de la pop, idole des foules, pédophile allégué; quels souvenirs gardez-vous de Michael Jackson, mort en 2009 d’une intoxication au propofol? Et a-t-il encore sa place dans l’univers culturel? Le très efficace balado Think Twice: Michael Jackson des journalistes Leon Neyfakh and Jay Smooth (Wondery et Audible) pose la question en mettant la loupe sur l’année 1993, celle où des allégations d’agressions sexuelles de mineures ont commencé à coller à la peau de la star. Recherche exhaustive, nombreux extraits sonores de la vedette au fil du temps, ton mesuré des deux narrateurs: le balado a d’énormes qualités. Décliné en 10 épisodes, la somme d’informations est évidemment costaude, mais bien digeste.
La dernière marche de Wilbert Coffin
On est ici beaucoup plus près du livre audio que du balado. Néanmoins, l’écoute captivera tous les amateurs d’histoires judiciaires. Daniel Proulx, auteur de plusieurs livres sur des grands procès québécois, brosse un portrait clair et vif de ce qui a été appelé «l’affaire Coffin», ce prospecteur minier gaspésien condamné à mort pour les meurtres, en 1953, de trois chasseurs américains sur une preuve circonstancielle. Le comédien David Boutin nous sert une narration précise et agréable. La réalisation de Guillaume Comtois est sans flafla. Rien, donc, pour nous distraire d’un récit troublant, où l’on se met à douter de la culpabilité puis de l’innocence de Coffin. Le balado nous permet d’observer, avec du recul, la société québécoise sous l’ère Duplessis qui, avec cette cause, s’est mise à rejeter de plus en plus la peine de mort, finalement abolie en 1976.
Ainsi soit chill
Merci, Jérôme 50 de m’avoir enfin permis de décoder la langue de mon ado (salut Béatrice!). Blague à part, le nouveau balado Ainsi soit chill du chanteur et étudiant en linguistique a de grandes qualités, notamment d’aider les «plus vieux» à saisir les nouveaux codes de langage des plus jeunes. Jérôme 50 a rencontrés ces «chilleurs» chez eux, dans plusieurs régions du Québec, le plus souvent en gang et toujours dans la bonne humeur. Patnais, moun, wesh, relou. Slang montréalais, emprunts au créole ou à l’arabe, verlan, mots raccourcis. Sans jugement, l’apprenti linguiste explore ce français métissé, parfois hermétique, pour en exposer les richesses et aussi les dérives. Le rythme du balado est agréable, la réalisation de Catherine-Ève Gadoury est précise et on a hâte d’écouter la trame sonore guillerette à chacun des cinq épisodes.
Deux Olga, une guerre
La guerre en Ukraine livre son lot d’horreurs quotidiennes depuis déjà plus d’un an. Derrière les nouvelles, il y a les gens, comme Olga Rogoza et Olga Khvorostianko, devenues des sources régulières pour l’équipe de Midi Info à Radio-Canada. Dans ce balado à la facture toute simple, l’animateur Alec Castonguay nous raconte comment les liens se sont noués entre lui et les deux femmes ukrainiennes, l’une en exil, l’autre toujours à Kiev. Les extraits d’entrevue téléphoniques sont touchants et éclairants. Le journaliste délaisse - un peu - la rigueur toute radio-canadienne pour mettre en contexte ces moments, expliquer ce qui se passe une fois le micro fermé. Un balado court (4 épisodes d’environ 20 minutes) pour comprendre la réalité bouleversée des Ukrainiens et aussi le traitement médiatique de la guerre.
Bear Brook Season 2: A True Crime Story
Il y a le «slow food» et le «slow tourisme». Le journaliste Jason Moon de la New Hampshire Public Radio (NHPR) a lui inventé le «slow true crime». La deuxième saison du balado Bear Brook (commencez par écouter la première, elle est excellente) prouve à quel point une certaine lenteur et un souci du détail sert bien l’univers policier et judiciaire. Le balado intitulé «A true crime story» examine l’histoire de Jason Carroll, un jeune homme, fils d’une policière, condamné à la prison à vie pour le meurtre d’une femme enceinte. La seule preuve contre lui? Sa propre confession. Et si les aveux étaient truqués? se demandent Moon et son équipe. Ce balado, rudement bien documenté, mène l’auditeur par la main dans une histoire aussi complexe que prenante. La narration du journaliste est particulièrement claire et efficace. La musique-thème, composée et interprétée par Jason Moon, devient un liant et nous garde l’oreille bien accrochée.
De Glace
Enfin, un nouveau récit audio de Patrick Sénécal! Tous ceux parmi vous qui avez aimé Echo, écouteront avec délice De Glace, le deuxième balado fiction de l’auteur à succès. Mélissa Desormeaux-Poulin y occupe le rôle-pivot, incarnant une mère en apparence forte, détruite de l’intérieur par un deuil épouvantable. L’histoire se déroule durant la crise du verglas de 1998, qui avait plongé une partie du Québec dans le noir pendant des jours. La magistrale réalisation de Michel Montreuil donne froid dans le dos. On imagine sans peine la chape de glace qui fige tout, qui isole. La peur des personnages est palpable et communicative. Les séquences sonores hachurées, où l’on entend des bribes d’histoires comme lorsqu’on change brusquement les chaînes d’un poste de radio, sont particulièrement saisissantes. Un très bon divertissement (à écouter à la clarté pour les plus peureux!), divisé en sept courts épisodes.
Dépeindre Riopelle
Je n’osais pas me risquer à ce Dépeindre Riopelle de l’animateur et chroniqueur culturel Stéphane Leclair. Je me disais qu’il me manquerait trop de références en arts visuels pour apprécier. Mais j’avais tout faux! Le balado en sept épisodes est un très doux voyage au fil du destin de ce peintre inoubliable, mais méconnu. Mes épisodes préférés ont certainement été ceux à l’Isle-aux-Grues, petit paradis fluvial où Riopelle a fini ses jours. Mixant entrevues actuelles et archives sonores, le récit nous amène aussi à Paris, sur la Côte d’Azur, dans les Laurentides et au Nunavik, tous des lieux-phares pour le grand peintre à la personnalité rugueuse. Chaque épisode est bercé par une musique originale – et onirique - de Flore Laurentienne, composée en s’inspirant d’un tableau de Riopelle. Chapeau au narrateur Leclair à la réalisatrice Sarah Fortin de nous faire «voir» si efficacement les décors et les œuvres.
Narcos PQ - Au coeur de la Colombie
Ce n’est pas tous les jours qu’un narcotrafiquant vous ouvre les portes de son cartel et vous invite là où pousse la feuille de coca, dans la cordillère des Andes. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le journaliste d’enquête Félix Séguin et son collègue et ancien policier Marc Sandreschi n’ont pas manqué le rendez-vous. La deuxième saison de Narcos PQ – Au coeur de la Colombie vous fera passer un très bon moment, à suivre les aventures du duo, plongé dans un univers où la violence domine et où tout peut basculer d’une heure à l’autre. Ne vous attendez pas à une narration soignée; le récit prend plutôt la forme d’une conversation relaxe entre les deux comparses. Si le texte m’est apparu un peu répétitif par moment (il faut dire que j’ai écouté tous les épisodes en rafale), la complicité et l’humour de Félix et Marc donnent tout son charme à l’histoire. Les deux journalistes sont d’excellents raconteurs; vous aurez l’impression d’être dans la jungle avec eux et «Angel», le narcotrafiquant aux multiples visages. Le balado est divisé en cinq épisodes
Hantées
Quel étrange, mais ô combien réjouissant objet sonore que le nouveau balado Hantées de Transistor, dynamique boîte de production de l’Outaouais. Pendant quelques minutes, on croit prêter l’oreille à un documentaire audio classique qui nous apprendra le passé des nombreuses maisons hantées du Vieux-Aylmer. Puis, la fiction nous apparaît, pour notre plus grand bonheur. Les décors sont bien réels (la Maison Peters, l’édifice Place des Pionniers, la maison Bourque-Prentiss où se trouvent les studios de Transistor, etc.), mais les récits et les personnages plus grands que nature sont nés dans l’imagination du réalisateur Julien Morissette, qui s’est nourri de rumeurs de la région et de vrais témoignages, réécrits pour les besoins de l’histoire. La conception sonore de François Larivière donne la bonne touche de tension et de mystère à cette fiction paranormale qui ne se prend pas au sérieux. Les comédiens qui interprètent des «témoins» d’activités étranges sont pour la plupart justes et investis dans leur personnage. Quatre épisodes d’environ 25 minutes sont déjà disponibles, un cinquième est en cours de production.
The Outlaw Ocean
Documentaire audio de grande qualité, The Outlaw Ocean, nous amène en haute mer, cette dernière frontière où les lois n’ont souvent plus de prises, où les humains et la nature souffrent à l’abri des regards. D’abord publiée dans le New York Times, l'enquête du tenace journaliste Ian Urbina a duré pas moins de huit ans. Le journaliste a passé des mois sur les océans de tout le globe pour documenter cet univers peuplé de pirates modernes, de braconniers des fonds marins, d’esclaves risquant leur vie chaque jour, de riches pollueurs impénitents et de médecins courageux. La réalisation est magnifique, particulièrement l’ambiance sonore: on sent presque le roulis des navires sous nos pieds. Les épisodes, diffusés depuis la fin septembre, sont costauds, avec une bonne densité d’information et une durée d’environ une heure. Mais la magie opère dès les premières minutes et on se laisse porter sans effort.
Résistance
Un incontournable qui figurera assurément dans mes favoris de 2022! Le rappeur Webster, féru d'histoire, et son père Cheikh Ndiaye, professeur de sciences politiques à la retraite, nous font revivre l’histoire bouleversante de Shadrach Minkins, un homme asservi qui a réussi en 1851 à reprendre sa liberté et à refaire sa vie au Canada. À travers lui, c’est toute l’histoire de l’esclavage qui prend vie sous nos oreilles. Webster et son père parcourent le trajet suivi par Shadrach Minkins de Norfolk en Virginie à Montréal en passant par Boston, le long de ce qui était connu comme le «chemin de fer clandestin». En cours de route, le duo, dont la complicité est belle à entendre, rencontre des gens généreux, aussi passionnés qu’eux par l’histoire des afro-descendants, des récits trop souvent tombés dans l’oubli. On s’attache immédiatement à la quête des Ndiaye, surtout que dès le départ, on comprend pourquoi l’histoire des personnes asservies a toujours été vitale pour leur famille. La réalisation est imagée et dynamique et la chanson originale Ascension de Webster & 5 For Trio est un bonus non négligeable. Le balado compte 10 épisodes d’environ 25 minutes.
Les oubliés du Zam Zam
Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé l'Histoire avec un grand H, mais encore plus la petite histoire, celle de gens ordinaires plongés souvent malgré eux au coeur d'événement qui ont bouleversé l'humanité. C'est justement par la lorgnette de la petite histoire de la Deuxième guerre mondiale que la journaliste Mireille Chayer nous présente l'histoire du père Raoul Bergeron, le demi-frère de sa grand-mère, capturé par les Nazis avec 16 autres missionnaires québécois alors qu'ils étaient en route pour le Lesotho à bord du navire Zam Zam. Le destin des Oblats sera changé à tout jamais. Avec l'aide de membres de sa famille et des archives de la congrégation, la journaliste enquête sur la mésaventure des missionnaires et explore les séquelles laissées par la guerre. Le sujet m'a passionné tout au long des quatre épisodes (environ 30 minutes chacun). La conceptrice a choisi d'adopter un ton beaucoup plus personnel que journalistique, gardant au coeur du balado son lien familial avec le sujet. La réalisation est pimpante et l'habillage sonore efficace nous amène en pleine mer, dans l'Europe nazie et dans l'atmosphère feutrée du monde ecclésiastique.
Mesrine: l'orgueil et le sang
Plus de 40 ans après sa mort sous les balles des policiers, le gangster Jacques Mesrine, brutal et mégalomane, n’a jamais été oublié. Stéphane Berthomet, ancien policier devenu podcaster prolifique, en fait le sujet de son nouveau balado. Mesrine : l’orgueil et le sang est un produit certainement plus niché que les balados précédents de Berthomet (L’ombre du doute), et plaira davantage aux passionnés d’histoire criminelle. Mais, grâce à la réalisation vive et toujours précise de Cédric Chabuel, le grand public pourra aussi y trouver son compte. La recherche historique faite par Stéphane Berthomet et son équipe, en France et au Québec, est impressionnante par son amplitude. L'écoute demande une attention certaine pour bien démêler toutes les péripéties. En plus des archives, des entrevues contemporaines avec, notamment, des policiers qui ont pourchassé Mesrine, ajoute un côté humain tout à fait pertinent à la biographie. J’ai particulièrement aimé la distance, toujours juste, observée par Berthomet avec son sujet, un homme qui savait jouer entre le personnage et la réalité. La série compte six épisodes d’environ 30 minutes chacun.
Chacun sa classe
Chaque automne, des milliers de parents québécois se posent la même question : où inscrire mon enfant au secondaire l'an prochain? À l’école publique du quartier? À l’école privée? Dans un programme particulier de l’école publique? Dans ce dynamique balado en cinq épisodes (environ 30 minutes chacun), la productrice de documentaire Karine Dubois prend de l’avance – ses enfants sont encore jeunes – et suit des parents dans ce qui ressemble à une séance de magasinage effrénée et souvent stressante. Le balado n’a pas la prétention de faire le tour de cette vaste question de l’école secondaire à trois vitesses. Mais il apporte des pistes de réflexion intéressantes, particulièrement sur le fossé se creusant entre les jeunes du «régulier» et ceux qui accèdent à des programmes élitistes. J’ai particulièrement aimé entendre des profs raconter – à visage découvert, c’est rare - leur travail dans les classes régulières, qu’ils appellent «la jungle». Les témoignages des jeunes qui vivent l’éprouvant parcours des admissions au privé est tout aussi éclairant. La réalisation du balado est efficace, avec beaucoup d’ambiance scolaire et un bon rythme.
Who Killed Daphne?
Petit bijou que ce balado de Wondery, qui raconte l’assassinat de la journaliste d’enquête Daphne Caruana Galizia, grande dénonciatrice de la corruption sur la petite île de Malte, et surtout les démarches entreprises par un groupe de reporters pour élucider le crime et poursuivre les enquêtes de la disparue. Évidemment, ma corde sensible de journaliste a vibré tout au long des six épisodes (entre 30 et 45 minutes chacun). Mais, croyez-moi, Who Killed Daphne? passionnera tous les amateurs d’investigation bien ficelée. Le balado porte la signature Wondery, avec beaucoup de récits bien imagés, des bruits ambiants et une trame sonore efficaces, mais aussi des entrevues touchantes, en particulier avec les fils de la journaliste. Bonus important, le balado m'a permis de découvrir l’île de Malte, petit pays méconnu de la Méditerranée, au sud de l’Italie, avec sa culture politique bien particulière.
La filière
L’histoire des criminels nazis fascine depuis des décennies. Comment des humains ont-ils pu commettre pareilles horreurs? Dans le balado originellement produit par la BBC et adapté par Radio-France, l’avocat et professeur de droit Philippe Sands enquête sur un nazi en particulier, Otto Wächter, responsable de la mort de milliers de Juifs, dont son grand-père et sa famille. Une énorme partie de l’intérêt du balado, c’est que Sands partage ses recherches avec Horst Wächter, le fils de l’officier nazi, vieux résident d'un château qui minimise sans cesse l’implication de son père, même quand des preuves lui sont mises sous le nez.
En suivant le destin d’Otto, on comprend comment les dirigeants nazis ont réussi, après la défaite, à fuir assez facilement en Amérique du Sud, souvent aidés par l’Église catholique. Troublant. En plus de la recherche impressionnante, La filière a du rythme, de l’émotion et un peu d’humour cinglant, très british. L’histoire défile vite, découpée en dix épisodes de 30 minutes environ.
Someone Knows Something: The Abortion Wars
Au moment où les Américains vivent un recul sur le droit à l'avortement, le toujours pertinent David Ridgen ramène en lumière la série de meurtres et d'attentats, dans les années 1990, qui visaient des médecins canadiens et américains pratiquant des avortements. Ridgen s'intéresse particulièrement au cas de Barnett Slepian, ce médecin de New York assassiné par James Charles Kopp, un homme lié à un groupe religieux anti-avortement. Avec l'aide de la nièce de Slepian, la journaliste d'enquête Amanda Robb, David Ridgen enquête sur les attaques contre des médecins, des crimes restés impunis. Qui sont les responsables? Qui nourrit le mouvement anti-avortement aujourd'hui? Comme il le fait dans chacune des sept saisons de SKS, le documentariste nous fait suivre sa quête pas à pas, toujours dans le plus grand respect des victimes et des témoins qui confient un passé douloureux.
Persona: The French Deception
Du suspense, du rythme, du reportage terrain, une touche très française; tout est là pour me charmer dans ce nouveau balado de Wondery, fait en collaboration avec Pineapple Streets Studios (Wind of Change), qui raconte l'histoire de Gilbert Chickli, un des plus grands escrocs de tous les temps, inventeur au début des années 2000 de «l'arnaque du président». Par cette fraude, devenue très commune aujourd'hui, un faux patron réussit à gagner la confiance d'employés et à leur faire transférer des fonds sous de faux prétexte. Le journaliste Evan Ratliff nous fait découvrir Chickli et d'autres fraudeurs, inspirés par son génie malfaisant. La construction du balado est très habile et nous garde accrochés, épisode après épisode.
Par pure vengeance
Quel personnage fascinant que ce Normand Dubé, surnommé le «pilote des stars»... Après avoir transporté plusieurs célébrités québécoises dans son avion, il a été condamné à 16 ans de prison pour avoir saboté des lignes d'Hydro-Québec avec son appareil et pour avoir allumé des incendies criminels chez des fonctionnaires municipaux. Le balado Par pure vengeance de Qub nous en brosse un portrait exhaustif, où on sent tout le côté ingénieux, harcelant et manipulateur de l'homme. La journaliste d'enquête Marie-Christine Noël connaît le dossier Dubé sur le bout de ses doigts. Depuis quatre ans, elle a suivi les procédures judiciaires, lu 4000 pages de documents de cour largement caviardées et parlé à tous les acteurs de l'histoire. La journaliste a interviewé le pilote à plusieurs reprises, gardant à chaque fois la distance juste et posant les bonnes questions. L'enquêteur et le procureur de la Couronne, aux trousses du pilote pendant des années, livrent leurs réflexions avec efficacité et franchise. Le balado n'est pas exempt de failles: l'histoire, étirée sur huit épisodes, aurait pu être plus «ramassée». Il y a parfois un peu de redondance entre les extraits d'entrevue et les narrations, qui insistent sur les mêmes faits. Mais je ne regrette pas d'avoir suivi la piste du pilote jusqu'au bout.
Tomber: Michel Brûlé
La mort brutale de l'éditeur Michel Brûlé en mai 2021, dans un accident de vélo au Brésil, avait soulevé son lot de scepticisme. Une semaine plus tôt, l'homme de 56 ans, coupable d'agression sexuelle, avait fait faux bond à la justice. Dans un balado au ton très personnel, l'autrice India Desjardins, qui a publié sa célèbre série Aurélie Laflamme à la maison Les Intouchables de Brûlé, a eu le goût d'explorer la carrière et la personnalité de l'éditeur, personnage hautement éclaté et controversé. India n'a jamais été victime d'agression sexuelle, mais en a long à dire sur les méthodes de Brûlé, qui virent parfois au harcèlement psychologique. Mais le balado Tomber n'est pas une charge, c'est beaucoup plus nuancé et documenté. De nombreux auteurs, animateurs, journalistes témoignent de leurs rapports avec Brûlé. En plus des très nombreuses entrevues, India Desjardins nous fait entendre des archives audio de Brûlé, qui explique ses projets mégalomanes. La forme du balado est traditionnelle, avec énormément de narration et d'entrevues, emballées dans une musique efficace. Le balado est divisé en six costauds épisode - dont certains auraient pu être épurés un tantinet - d'environ 45 minutes.
Les grandes œuvres top chrono
Vous avez cinq minutes à tuer dans une file d'attente? Ce micro-balado humoristique est pour vous. En 300 secondes ou à peu près, des personnalités (Yannick De Martino, Catherine Ethier, Maude Landry et Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques) vous résument en deux coups de cuillère à pot une œuvre d'art (littérature, arts visuels, cinéma, musique classique) dont vous connaissez certainement le titre, mais peut-être pas grand chose de plus! J'ai particulièrement aimé les épisodes de l'autrice Catherine Ethier sur les arts visuels (L'hommage à Rosa Luxembourg et La naissance de Vénus, par exemple), très vifs et joués avec énormément de naturel. La forme, avec un montage rapide et dynamique, est très efficace. Et c'est toujours agréable d'apprendre en se bidonnant autant. Seul agacement: la courte publicité qui marque le début de chaque mini-épisode. Une vingtaine d'épisodes sont disponibles sur Ohdio.
Les amours extraordinaires
Voici une balado-fiction pétillante, coquine, drôle et grinçante par moment, qui mettra de la chaleur dans votre printemps. Florence, comédienne, revient jouer une pièce dans son Outaouais natal et retrouve avec bonheur son cercle d'amis. Polyamour, monogamie, mariage, enfants, liberté; le récit explore avec beaucoup de vivacité et de réalisme les multiples façons d'aimer. Il y a quelques scènes plus olé-olé, juste assez pour que je déconseille l'écoute dans la voiture, en conduisant les enfants à leur pratique de karaté. La performance des acteurs et actrices (notamment Sophie Cadieux, Florence Blain Mbaye, Steve Gagnon et Marie-Thérèse Fortin) est sans reproche. La charmante musique, conçue et interprétée par Ariane Moffat, devient presque un personnage en soi tellement elle est efficace. Le balado est divisé en cinq épisodes d'environ 25 minutes.
Signal nocturne
Né au début de la pandémie pour maintenir le lien entre les artistes de la scène et leur public, brutalement séparés, le balado Signal nocturne de la Fabrique culturelle de Télé-Québec et Transistor Média continue d'offrir de magnifiques rendez-vous, dans une ambiance douce et enveloppante, à partir du studio aménagé dans un phare de l'Outaouais. On y entre comme dans un magasin de bonbons, en choisissant ce qui nous fera plaisir ce jour-là. Pour moi, ça aura d'abord été les rencontres avec la poète philosophe Véronique Grenier, l'autrice Fanny Britt et l'auteur-compositeur interprète Benoît Pinette, mieux connu sous le nom de Tire le Coyote. L'animateur Julien Morissette, une voix solide dans l'univers du balado québécois, installe le climat, nous décrit le lieu de la rencontre. Au fil des questions discrètes et ouvertes de l'animateur, l'artiste se dévoile un peu, nous parle de ses inspirations, de ses désirs. Mais surtout, on goûte à des extraits d'oeuvre, lus par des comédiens ou chantés. Le résultat peut être absolument charmant, comme l'interprétation par Ariane Moffat de son Phèdre en Forêt, avec à ses côtés Fanny Britt, qui avait accepté de se faire parolière pour l'album Incarnat.
Limoilou Hood
Vibrant, bruyant, coloré; Limoilou est certainement un des quartiers les plus attachants de la ville de Québec. Je n'y ai vécu que cinq ans et je m'ennuie encore souvent. Après un exil montréalais, le cinéaste Justice Rutikara, qui a réalisé notamment le documentaire La cité des autres, est revenu s'installer dans son quartier d'enfance. Il nous offre ce balado comme une lettre d'amour audio à ce qui est pour lui, et pour plusieurs autres, le plus beau «hood» (voisinage). Les thèmes explorés pour décrire Limoilou ne vous surprendront pas: immigration, gentrification, berceau du hip-hop, pollution industrielle, solidarité communautaire. Mais le traitement, bigarré et chaleureux comme le quartier, est touchant et efficace. Résidents de toutes origines, entrepreneurs, poétesses, historien, militant, musicienne, enseignants se croisent et nous offrent des morceaux de leur identité, de leur affection pour un quartier où ils se sentent bien et acceptés. Les mots des différents intervenants donnent tout son sel à ce balado, davantage que les narrations de Rutikara, parfois un peu plaquées. L'habillage sonore soigné nous transporte dans les petits restos, dans les cours d'école, au coin des rues. Et la musique originale de Steeve Beezy ponctue habilement le balado, découpé en cinq épisodes.
Dans l'eau chaude
Vous avalerez en une bouchée ce succulent balado-théâtre qui raconte les pires soirées en cuisine de chefs québécois bien connus! J'ai sincèrement adoré et ri à plusieurs reprises. Mais il y a du triste et du touchant aussi. La talentueuse équipe du Théâtre Parabole, dirigée par la réalisatrice Blanche Gionet-Lavigne, joue la carte du ludisme avec beaucoup de succès. Le rythme, aussi endiablé que précis, est parfait. Des cuisiniers comme Bob le chef, Antoine Mousseau-Rivard et Jean Soulard servent leurs anecdotes avec naturel et auto-dérision. La saison 2 vient tout juste d'être mise en ligne et je parie que vous aurez le goût de rattraper tous les épisodes de la première mouture.
Florent Vollant: Innu Nikamun
Quel doux moment passé à écouter ce balado tout court (36 minutes) de l'immense artiste Florent Vollant, réalisé par Kim Fontaine et produit par Terre Innue et la radio CKAU. Dès les premières secondes, on imagine le musicien autochtone installé dans son studio Makusham, à Mani-utenam sur la Côte-Nord, avec un harmonica et une guitare à portée de mains, le coeur grand ouvert pour nous raconter ses souvenirs. Florent Vollant évoque sa petite enfance au Labrador, avec les premières percussions entendues chez ses grands-parents, son passage dans un pensionnat autochtone, où un xylophone jouet l'a éloigné de sa peine, puis la joie immense de monter sur des grandes scènes, guitare en bandoulière, à l'époque de Kashtin. Les petits morceaux d'histoire, racontés d'une voix apaisée et apaisante, sont entrecoupés des sons et des musiques qui ont bercé la vie du musicien. Avec, en fil conducteur, la reconnaissance de Vollant envers ses proches, envers sa communauté, qui l'ont aidé à réaliser son rêve. Celui d'être comme son grand-père et de faire danser la famille.
Dérives S2 - Ayahuasca
Le pharmacien et vulgarisateur scientifique Olivier Bernard - Le Pharmachien pour des milliers de téléspectateurs - est en train de devenir, à mes yeux, l'un des plus brillants créateurs de balados au Québec. La deuxième saison de Dérives, que j'ai écoutée sans reprendre mon souffle en une fin de semaine, le prouve amplement. Pendant plus d'un an, Olivier Bernard a enquêté sur la mort brutale, dans la jungle amazonienne du Pérou, d'un jeune Québécois adepte d'une boisson hallucinogène, l'ayahuasca. La très grande force de Bernard est de nous asseoir avec lui, à sa table de travail, et de nous exposer si clairement sa démarche scientifique, ses questions, ses doutes. Pas de jugement, pas de mise en scène; seulement une recherche sincère de vérité. Le résultat donne un balado éclairant, qui arrache le coeur par moment, grâce à la touchante participation de la famille de la victime.
Relations toxiques: portraits d'une dépendance
J'ai failli passer tout droit, le nom du balado sonnait trop «psycho-pop» à mes oreilles. Mais j'aurais vraiment manqué quelque chose! La formule du balado de Catherine Lavoie et Yannick Chapdelaine est toute simple, mais diablement efficace: trois personnes racontent en alternance et de façon chronologique la dépendance qui a ruiné une partie de leur vie. L'alcool pour Mélanie, les jeux vidéos pour Christian et les drogues dures pour Jean-Sébastien. Les témoignages, d'une franchise et d'une lucidité bouleversantes, permettent d'imaginer la douleur vrillée au cœur d'un dépendant et de son entourage. La musique créée par Philippe Coulombe installe le balado dans un écrin juste assez tendu, sans tomber dans le mélodrame. Le balado est découpé en huit courts épisodes.
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Découvrez les balados judicidaires du Soleil:
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