Le rapport du Groupe Gesfor, dont Le Nouvelliste a obtenu copie, confirme la présence de moisissures dans le bâtiment municipal, «ayant un impact négatif sur la qualité de l’air intérieur». Rien dans le document d’une douzaine de pages, dans ses annexes ou dans les mesures correctrices qui y sont évoquées, ne laisse cependant présager le branle-bas qui s’en est suivi.
Gesfor s’en remet largement aux recommandations de la CNESST et de l’INSPQ en pareil cas pour faire face à la situation «le plus rapidement possible». On souligne notamment que «l’évacuation complète d’un bâtiment n’est pas recommandée, à moins que la croissance de moisissures ne s’étende à tous les locaux et que des maladies lui soient directement associées».
Difficile au demeurant d’établir l’étendue réelle des dommages et d’expliquer l’évacuation décrétée, l’étude se limitant à neuf échantillons prélevés à six endroits dans le bâtiment (secrétariat, bureau du directeur général, gymnase, salles 5 et 6 à l’étage, logement à l’étage). De fait, Gesfor recommande en conclusion «une évaluation plus approfondie sur l’étendue de la contamination».
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Si le groupe de génie-conseil souligne que «la croissance de moisissures dans les bâtiments constitue un facteur de risque pouvant mener à des problèmes de santé», on préconise, «sans s’y limiter», l’utilisation provisoire d’appareils de filtration pour remédier à la situation. Le tout en attendant une décontamination des zones concernées.
Des dommages causés par une infiltration d’eau ont également été identifiés et pourraient être à la source d’une partie des problématiques exposées, comprend-on aussi à la lecture du document.
Notons enfin que si la présence d’amiante avait été évoquée au moment de l’évacuation de l’hôtel de ville, le rapport Gesfor se veut rassurant. «Les concentrations en fibres totales (amiante et autres) des échantillons sont inférieures à la limite préconisée par l’Institut national de santé publique du Québec», soutient la firme de génie-conseil.
Bien que de l’amiante ait été détecté dans le comble du bâtiment, la règlementation en vigueur n’oblige pas son retrait, indique Gesfor. «L’amiante constitue un risque pour la santé uniquement si des fibres d’amiante se trouvent dans l’air ambiant», explique-t-on. On suggère sommairement de sceller l’ouverture donnant accès au comble visé.
Secret administratif
Le rapport Gesfor fait l’objet d’un secret bien gardé à Saint-Boniface. Des citoyens sont actuellement devant la Commission d’accès à l’information pour tenter d’en obtenir copie. Les conseillers municipaux convenaient récemment n’avoir jamais eu accès au précieux document et avoir basé la décision d’évacuer l’hôtel de ville sur un résumé qui leur en avait été fait.
Inlassablement, le dossier de l’hôtel de ville est ramené sur la place publique aux séances du conseil municipal. En plus des employés de la Municipalité qui doivent composer avec des installations de fortune, et de la bibliothèque qu’on a aussi dû déménager dans un demi-sous-sol, des organismes sont privés de leurs locaux pour la conduite normale de leurs activités.
En entrevue, le directeur général de Saint-Boniface, Francis Baril, invoquait récemment la confidentialité de certaines informations contenues dans le rapport pour justifier le refus de sa diffusion publique. Quant au déploiement de mesures provisoires de ventilation dans le bâtiment évacué, il maintenait que la chose était «très peu pratique».
«À l’époque, on a fait au meilleur de ce qu’il y avait à faire, avec l’information qu’on avait. Puis on ne pouvait pas mettre des ventilateurs dans les bureaux, c’était pas travaillable.»
— Francis Baril, directeur général de Saint-Boniface
De nouvelles infiltrations d’eau
Une demande de financement de 1 368 750 $ a été soumise au ministère des Affaires municipales pour la réfection de l’hôtel de ville de Saint-Boniface dans le cadre du Programme d’amélioration et de construction d’infrastructures municipales (PRACIM). Le dossier en serait à sa deuxième lecture, rapporte-t-on. La Municipalité espère voir son projet soutenu à hauteur de 75%.
Entre-temps, un nouveau dégât d’eau a été constaté sur les lieux. Si les pompiers avaient d’abord été montrés du doigt après un exercice ayant eu cours dans le bâtiment temporairement désaffecté, la direction générale se rétracte et expose maintenant qu’il s’agirait d’une erreur interne.
Il apparait que le chauffage de l’édifice aurait été éteint par mégarde, occasionnant le bris d’une conduite d’eau, relate le directeur général Francis Baril. Il indique qu’une investigation est en cours pour tenter de comprendre ce qui a pu mener à l’erreur. Le gestionnaire soutient toutefois que les dégâts seraient mineurs et que l’inondation a été circonscrite à un secteur restreint du bâtiment.
«On sait qu’il y a de l’eau qui a coulé sur le plancher... Je pense qu’il y a quelques tuiles au plafond... Mais c’était rien de particulier», détaille le directeur général.
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Confronté à ce dernier développement, en pleine séance publique du conseil municipal, c’est M. Baril lui-même qui avait évoqué l’exercice incendie comme source du nouvel impair – «c’est l’information que j’avais avant de partir en vacances», maintient-il. Après certains éclaircissements, le directeur général dit avoir personnellement transmis une lettre d’excuse au service incendie.