Nous avons une idée claire de la réponse quand le Rapport sur les inégalités mondiales 2022 de l’organisme World Inegality Lab mentionne que: «l’inégalité est un choix politique et non une fatalité». Autrement dit, les inégalités ont été sciemment créées, voire aggravées de diverses manières. Cette étude, tout comme le pertinent et percutant document qu’Oxfam a publié en janvier 2023 (La loi du plus riche), brossent le portrait de la situation.
Dans un contexte international où la concurrence économique est règle d’or, les pays ont ajusté leur régime fiscal en fonction de cette nouvelle donnée. Il en résulte un assouplissement des règles dont les plus riches ont honteusement profité, ne serait-ce qu’en recourant systématiquement aux paradis fiscaux.
Les changements climatiques sont considérés comme étant un facteur particulièrement aggravant des inégalités. En effet, les pays les plus pauvres sont situés sous les tropiques et sont soumis à des périodes de chaleur extrême amplifiées par les changements climatiques. Même si les pays riches affrontent aussi des périodes de canicule, ce sont les pays pauvres qui supportent les coûts les plus élevés en lien avec la santé pour ne citer qu’un exemple. Selon les données de la revue Finance et Développement, en 2022, 10 % de la population mondiale possédaient 76 % de la richesse et étaient à l’origine de 48 % des émissions mondiales de carbone.
Sur un autre plan, plusieurs études d’organismes internationaux, à commencer par l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) font ressortir que les inégalités s’aggravent même en période de croissance économique. La raison en est simple: non seulement la croissance est inégale d’un continent à l’autre mais les bénéfices sont aussi très mal répartis. Selon les données du World Inequality Data (WID), la part des ultra-riches dans le revenu mondial se chiffrait à 19,4 % en 2021, tout en étant en progression continuelle depuis 1980. Or, périodes de récession et phases de croissance économique se sont succédé au cours des années subséquentes sans qu’en aucun cas la main basse des 1 % les mieux nantis sur la richesse mondiale n’a été perturbée. Dans le même ordre d’idée, des experts d’organisations comme la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International vont jusqu’à remettre en question le modèle de développement actuel.
La pandémie de COVID-19 a certes affecté le monde entier mais le constat est encore plus insidieux lorsqu’on examine la situation de plus près. En janvier 2022, Oxfam-Québec faisait remarquer que les grandes entreprises pharmaceutiques ont empoché des milliards de dollars en profits supplémentaires alors que 21 000 personnes mouraient quotidiennement de la COVID à l’échelle mondiale. De mars 2020 à janvier 2022, selon Oxfam, on comptait un nouveau milliardaire toutes les 26 heures tandis qu’à l’autre bout du spectre, 160 millions de personnes basculaient dans la pauvreté.
Des solutions existent, mais pour qu’elles soient efficaces, deux conditions sont essentielles, à savoir la volonté politique et les ressources à y consacrer. Parmi elles, il y a l’approche fiscale, soit des mesures comme la taxation accrue des ultra-riches, la fin des paradis fiscaux et le retour à un régime fiscal progressif. Une condition s’ajoute pour garantir le succès de telles initiatives, soit une coordination internationale.
La lutte contre les inégalités de tout genre passe aussi par un meilleur accès aux services de santé et à une éducation de qualité pour les populations pauvres et vulnérables. Rappelons que la pandémie de COVID-19 a eu des effets dévastateurs sur ces personnes, amenuisant la possibilité d’avoir accès à une qualité de vie décente.
Rappelons que les inégalités ne constituent en rien une fatalité. C’est l’affaire de tous.