Ainsi est née cette PME de Nicolet dans le Centre-du-Québec, spécialisée dans la fabrication de robots, mélangeurs, convoyeurs et autres équipements automatisés servant à l’alimentation du bétail, qui carbure encore et toujours à l’innovation.
Forte de cette culture, Rovibec s’est ainsi affairée ces dernières années à concevoir un nouveau produit qui lui permettrait de percer un autre marché, soit le secteur industriel. «On a profité du début de la pandémie, pendant que nos activités étaient un peu plus au ralenti, pour trouver de nouvelles idées pour diversifier notre marché. Il y a de moins en moins de fermes au Québec et on avait aussi besoin, à cause de la saisonnalité de nos ventes, d’étaler notre production pendant toute l’année», explique Alexandra Rousseau, détentrice d’un baccalauréat en génie industriel et étudiante à la maîtrise, qui a joint l’entreprise en 2020.
Innovathon pour tous
L’entreprise a voulu étendre cette démarche en impliquant ses 70 employés et non seulement les 8 à 10 qui font partie de l’équipe dédiée aux activités de recherche et développement. Une quinzaine d’employés, tant de bureau que d’usine, ont répondu à l’invitation de se réunir en petites équipes pour faire un premier exercice de remue-méninges.
«Il n’y avait pas de directives ni de contraintes autres que de soumettre des idées en lien avec nos forces, nos processus de production déjà en place et les produits que nous fabriquons», précise la jeune entrepreneure de 25 ans qui occupe le poste de chargée de projet en amélioration continue et en développement de marché externe au sein de l’entreprise dirigée aujourd’hui par son père.
Puis, dans un deuxième temps, des employés se sont à nouveau réunis pour sélectionner et approfondir les meilleures idées. Résultat: l’entreprise a mis au point un petit véhicule autoguidé qui favorise le déplacement de manière autonome d’objets ou de marchandises dans une usine, et ce, inspiré de son robot Ranger qui sert à repousser la nourriture vers la mangeoire des animaux. Rovibec prévoit commercialiser en 2024 ce nouveau robot dont des prototypes sont actuellement en rodage dans quelques entreprises manufacturières de la région.
«On sait qu’il y a déjà des robots du genre sur le marché, mais on mise sur ce qui nous a toujours distingués, soit un produit fiable, efficace, peu dispendieux et facile d’utilisation.»
— Alexandra Rousseau
De plus l’entreprise cible plus particulièrement les PME qui manquent de main-d’oeuvre et qui peinent à faire le virage vers l’industrie 4.0.
Diversification géographique
Parallèlement à ce projet, Rovibec s’active aussi à diversifier ses marchés géographiques. L’entreprise, qui exporte ses produits en Europe et au Japon depuis le milieu des années 1980, lorgne maintenant le marché américain.
Pour ce faire, elle mise aussi sur le développement de produits, dérivés de ses robots et mélangeurs, qui répondent mieux aux besoins des agriculteurs américains. «Si on a d’abord fait une percée ailleurs qu’aux États-Unis, c’est en raison de la plus grande taille des fermes agricoles américaines qui, en plus, engageaient des employés à bas salaire pour faire le travail», explique Mme Rousseau.
Rovibec a donc développé des modèles de robots et de mélangeurs plus gros et plus rapides, adaptés à des méga fermes comprenant jusqu’à 10 000 vaches. L’entreprise est bien consciente qu’elle devra d’abord se faire un nom auprès des réseaux de concessionnaires. Outre le fait d’avoir participé à des foires et expositions en sol américain, «on attaque le marché en misant sur nos robots Ranger, dont nous sommes reconnus comme étant des leaders mondiaux», mentionne Alexandra Rousseau.
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3 questions à Alexandra Rousseau
1. Qu’est-ce qui vous motive, comme entrepreneure, comme dirigeante?
«D’avoir une équipe constituée de membres complémentaires et sur lesquels on peut toujours compter. On est chanceux, car on a à la fois des jeunes engagés et des gens d’expérience remplis de connaissances précieuses. C’est motivant d’être si bien entouré et ce n’est d’ailleurs pas les projets qui nous manquent!»
2. Quel souvenir souhaitez-vous laisser de votre parcours d’entrepreneure?
«Mon parcours ne fait que commencer, mais je sais déjà que je souhaite simplement faire de mon mieux. Mon objectif en étudiant en génie industriel était d’améliorer les choses. Je fais partie de la relève familiale et je cherche déjà à créer autour de moi une forte équipe de relève avec qui je souhaite amener l’entreprise encore plus loin. Pour l’instant, je souhaite être une bonne joueuse d’équipe qui est heureuse de travailler en gardant à cœur nos valeurs communes d’organisation que sont l’innovation, la vigueur, la rigueur et l’engagement.»
3. Si vous étiez en politique, quel enjeu économique retiendrait votre attention prioritairement - et comment le résoudre?
«Il y aurait l’accompagnement des petites et moyennes entreprises dans l’optimisation de leurs opérations. En accélérant l’élimination de la non-valeur ajoutée dans nos organisations, elles pourraient plus facilement et rapidement atteindre leur potentiel de développement. On est choyé par toute l’aide financière déjà offerte par différents organismes. Cependant, cette aide est surtout axée sur des audits et des recommandations. La partie la plus difficile, soit l’application terrain et le suivi, est laissée dans les mains des organisations qui ont déjà plusieurs défis à relever en terme de capacité et de ressources.»
En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce