Louis-Philippe Rivard se dégêne et signe La Revanche des timides

Louis-Philippe Rivard signe son premier livre seul, La Revanche des timides.

Vous n’entendrez jamais Louis-Philippe Rivard annoncer qu’il vient d’avoir une idée géniale ni se vanter d’être le meilleur dans un quelconque domaine; il aurait trop peur de vous décevoir par la suite. Sauf peut-être dans ce domaine bien précis: le championnat de la timidité, il le remporterait haut-la-main.


«Je peux battre bien du monde. Je n’étais pas semi-gêné. Je peux faire des compétitions avec n’importe qui», dit-il d’une voix qui n’élève jamais le ton, devant un allongé qu’il a commandé au Café Frida à Trois-Rivières.

S’il parle au passé, ce n’est pas qu’il est soudainement devenu un spécialiste de l’entregent, diplômé «audacieux avec mention» ou commandant en chef de l’armée des extravertis! Mais l’humoriste originaire de Trois-Rivières signe ces jours-ci La revanche des timides, un livre dans lequel il affirme qu’il sera toujours un type gêné, mais qu’il s’est débarrassé de ce qu’il appelle la timidité toxique: «Celle qui t’empêche d’atteindre tes rêves», précise-t-il.



Dans ce livre dont il signe lui-même la préface - trop gêné pour demander à quelqu’un d’autre! - le partenaire de scène et de vie de l’animatrice Josée Boudreault livre ses apprentissages de vie en tant que timide qui se soigne. Il en tire aussi quelques brins de sagesse dont il fait sa philosophie de vie.

«C’est un livre de philosophie un peu humoristique, un peu autobiographique, qui parle de la vie d’un timide et comment il a appris à se dégêner», résume l’auteur. Certains chapitres sont ponctués de conseils pour les timides qui voudraient s’en sortir. «Le plus difficile, ça a été de faire seulement 30 000 mots pour le vendre 20 piasses!»

Au fil de la lecture, on rencontre une citation ici et là attribuée à l’auteur d’un de ces nombreux livres qu’il lit en parallèle et sans arrêt. «Je ne suis pas psychologue», affirme-t-il. «Je ne veux pas faire accroire que c’est un livre écrit par un psychologue... C’est plein d’humour, mais c’est plus mon expérience à moi.»

Le livre de Louis-Philippe Rivard La Revanche des timides sera en librairie à compter du 23 mars prochain.

Les superpouvoirs des gens timides

En sous-titre sur la couverture de La revanche des timides, on peut lire: Les forces qui se cachent profondément chez tous les grands timides. Ces forces, Louis-Philippe Rivard les qualifie de «superpouvoirs» qui sont listés en tête de plusieurs chapitres, tous saupoudrés d’anecdotes. Ainsi, les timides possèdent, selon l’auteur, le superpouvoir d’être créatifs, réalistes, travaillants, à l’écoute des autres, aptes à bien vivre la solitude, attentionnés, etc.



«Je trouve qu’on a de grandes qualités, les timides. Il ne s’agit pas de devenir autre chose, mais c’est peut-être de se débarrasser de ce qui nous empêche d’avancer dans la vie, mais surtout d’utiliser les forces qu’on a, nous, les timides. Pour avancer, il faut se servir de ce qu’on a déjà», estime celui qui a su dépasser sa gêne maladive pour réaliser son rêve de travailler en humour.

Tout un défi. Surtout pour quelqu’un qui a traversé le secondaire, le cégep et l’école de l’humour sans même aller à un party d’étudiants... À bien y penser, oui, peut-être une fois à l’école de l’humour: «Ça a pris six mois avant que quelqu’un pense à m’inviter!», raconte celui qui longeait les murs pour ne pas se faire remarquer.

Le métier d’humoriste, Louis-Philippe Rivard l’exerce surtout comme scripteur pour d’autres humoristes qui font de la scène (Peter McLeod, Michel Barrette, Véronique Dicaire, Dominic Paquette), des comédies télévisées (la quatrième saison de L’Œil du cyclone sera à surveiller) ou des numéros de talk-shows et de galas. Pour y arriver, il y a eu l’école de l’humour, quelques rencontres clés et une bonne dose de chance. Mais, surtout, un travail acharné.

«Un des superpouvoirs dont je parle, c’est qu’on travaille fort. J’ai essayé d’être humoriste, mais je travaillais tellement mes affaires parce que j’étais gêné... Par contre en brainstorming, je ne disais pas un mot. Je travaillais bien plus que n’importe qui d’autre plus confiant», raconte Louis-Philippe Rivard. Avec cette dose de travail servant à contrer la peur de décevoir et d’être jugé, le timide gagne en confiance: «Quand on ose offrir de quoi aux autres, par exemple dans un meeting, crime qu’on va arriver préparés, nous autres!»

C’est pourquoi il en vient à la conclusion que si la personne timide peut se délester du côté trop perfectionniste qui la handicape tout en gardant cette énergie pour le travail acharné, elle peut très bien s’en servir pour atteindre ses objectifs.

Des conférences pour aider sa blonde

Dans la vie de tous les jours, Louis-Philippe Rivard partage son quotidien avec l’animatrice, autrice et conférencière Josée Boudreault. Une fille «pas gênée», dit son conjoint. «Elle n’est tellement pas gênée dans la vie, elle m’a un peu influencé et donné confiance à travers sa confiance à elle», confie-t-il.



Depuis qu’elle a subi un accident vasculaire cérébral en 2016, c’est lui qui travaille dans l’ombre pour lui permettre d’exprimer ses idées, elle qui ne peut plus lire ni écrire. Devenue aphasique, elle parle le français de manière un peu hésitante, comme une langue seconde.... ou comme si elle était saoule. Ensemble, ils atteindront à l’automne leur 500e conférence en salle, dans cette tournée basée sur la série de trois livres Sois ta meilleure amie, à raison de deux à trois conférences par semaine.

Pour ce qui est du plus récent volume de la série qui porte le sous-titre «Même quand la vie te surprend», Louis-Philippe l’a cosigné avec sa blonde. Tout comme il avait apposé sa signature sur Rebondir après l’épreuve et Même nous on se tombe sur les nerfs... parfois.

Avec La revanche des timides, c’est son nom seul et son portrait à lui qui ornent la couverture. Un grand pas pour le gars gêné qui aime bien travailler dans l’ombre des autres.

Mais Louis-Philippe Rivard ira-t-il jusqu’à faire des séances de dédicace? «Si on me le demande, je vais y aller!», dit-il en anticipant du même souffle qu’il sera intimidé de voir sa photo sur les rayons des librairies. Pourrait-il même donner sa propre «one man conférence»? Ça, c’est moins certain.

«J’ai pas tant le goût [d’être à l’avant-scène] quand Josée n’est pas là. Moi, j’aime ça avec elle», considère celui qui se plaît bien dans le rôle du gentil amoureux qui aide sa blonde à faire son show. «Quand j’ai une fonction, ça va bien! Tout le monde me trouve fin parce que je l’aide... Si elle était super bonne comme avant, le monde ne voudrait pas me voir à côté d’elle. Le monde s’en sacrerait de moi!», dit-il avec un brin d’ironie.

Toutefois, en songeant à son parcours scolaire vécu dans le plus grand effacement, il croit que son propos pourrait rejoindre des jeunes qui partagent sa condition: «Peut-être à très petite échelle, si on me demande par exemple d’aller dans des écoles, comme il y des jeunes timides à l’école des fois... Je pense que je le ferais, mais d’une façon qui me ferait plaisir», conclut-il.

Les faux pas d’un gars (trop) gêné:

Demander au chauffeur de taxi de le déposer à quelques pâtés de maison de chez lui, plutôt que de lui indiquer le trajet exact, juste un peu plus long (faudrait pas le rallonger pour rien!).



Attendre que les autres aient faim ou soif avant d’oser satisfaire ses propres besoins (comme sa mère qui prendra du bacon dans son Whopper... juste si les autres en prennent. Une blague écrite pour Peter McLeod qu’on soupçonne être tirée d’un fait vécu).

Refuser le raccompagnement du garage et jogger sous la pluie jusque chez lui, de peur de déranger quelqu’un.

S’inventer toutes sortes d’excuses pour fuir une situation sociale ou des maladies pour éviter une situation angoissante, comme une présentation scolaire.

Passer ses soirées de cégep à la bibliothèque pour éviter les contacts sociaux... et rater tous les partys!

Écouter avec attention quelqu’un qui parle pour ne rien dire trop longtemps, sans se plaindre ni couper court à la conversation.