Aventure thérapeutique à Lac-Édouard: «La plus belle expérience humaine que j’ai eue»

Les participants de l'aventure à la Seigneurie du Triton.

À première vue, David Roy et Nadine Maltais semblent rien avoir en commun. L’un habite à Bonaventure, l’autre à Montréal. Leurs occupations sont respectivement conseiller en promotion de la santé et intervenante. Toutefois, deux grandes épreuves les unissent: la première est d’avoir traversé un cancer, et la deuxième s’est déroulée à la Seigneurie du Triton la semaine dernière.


La municipalité de Lac-Édouard s’est transformée en un lieu de ressourcement pour 14 jeunes adultes du 9 au 17 mars dernier. Le soleil brillant, le couvert de neige encore présent, c’était l’ambiance parfaite pour ceux et celles qui venaient vivre l’aventure d’une vie, une expédition d’hiver dans les bois.

L’événement est tombé à point pour David Roy de Bonaventure, en Gaspésie. «J’avais jamais pris le temps de prendre le temps, de me poser par rapport à ce que j’ai vécu, et ça fait sept ans. Je suis sorti de l’hôpital en janvier 2016», témoigne celui qui avait 24 ans lors de son diagnostic.



David Roy, originaire de Bonaventure.

Alors étudiant à l’Université Laval au baccalauréat en enseignement au primaire, il a reçu l’annonce de son diagnostic comme une douche d’eau froide. Il avait le lymphome de Burkitt, s’attaquant plus particulièrement aux ganglions.

«J’avais de la difficulté à comprendre et à accepter que ce genre de maladie-là pouvait m’arriver à moi.»

—  David Roy

C’est sensiblement le même son de cloche chez Nadine Maltais, qui a appris qu’elle avait la leucémie à 13 ans. Toutefois, pour elle, c’était une certaine naïveté qui ressortait. Quand on lui annoncé, elle ne savait pas que c’était un type de cancer.

Un appel téléphonique avec sa meilleure amie lui a mis la réalité en face. «Je lui annonce que j’ai la leucémie, et elle ne sait pas non plus ce que c’est. Elle a aussi 13 ans. Elle le dit à haute voix ‘’C’est quoi la leucémie?’’ et sa mère l’entend. Elle lui apprend que la leucémie, c’est un cancer. Moi, je l’entends dire ça aussi. C’est comme ça que j’apprends que j’ai un cancer du sang», raconte la jeune femme de 25 ans.

Bonne alimentation, bonne santé physique, non-fumeur: David Roy avait toutes les conditions réunies pour se maintenir en forme, d’où le fait que l’acceptation a été plus difficile. «Tu te demandes pourquoi ça t’arrive à toi. Tu viens que tu doutes de ta santé, ça te rend anxieux.»



Mieux comprendre avec les autres

De se rendre à Lac-Édouard avec des gens qui ont vécu la même réalité lui a permis d’extérioriser ce qu’il vivait seul depuis trop longtemps. «Ça m’a fait permis de me rendre compte que je n’étais pas tout seul dans cette situation-là.»

L’endroit a aussi été une grande partie du succès de son aventure. Déconnecté de tout contact avec le monde extérieur dans le bois en plein hiver, l’homme âgé de 32 ans sort grandi de cette semaine haute en couleur. «C’est la plus belle expérience humaine que j’ai eue jusqu’à présent», avoue-t-il d’emblée.

Nadine Maltais partage sensiblement la même chose. «On m’avait avertie. On replonge dans des émotions difficiles. Je trouvais ça vraiment cool d’avoir l’opportunité d’être avec des gens qui comprennent ma réalité. […] On se connaissait sans même se connaître.»

Nadine Maltais, originaire de Montréal, a participé à l'expédition à Lac-Édouard.

«Rapidement quand on est débarqué sur le site du Triton, il y avait déjà comme une petite magie qui s’était installée, raconte David Roy. On est descendus du train, on nous a amenés en motoneige, on a traversé plusieurs lacs et rivières avant d’arriver à l’auberge du Triton.»

C’était d’ailleurs un aspect qui sortait Nadine de sa zone de confort, le camping d’hiver. Elle le faisait pour repousser ses limites. «Mes inquiétudes revenaient à, est-ce que je suis capable physiquement, je pars de loin. Après la maladie, c’est de reprendre confiance dans son corps, reprendre confiance en ses capacités, savoir ce qu’on est capable de faire.»

On peut dire que c’est mission accomplie pour la jeune femme. Elle ressort plus confiante qu’elle ne l’était avant de franchir les limites de la pourvoirie. «Ça m’a permis de vraiment fermer ce chapitre-là et de donner espoir.»



L’homme de 32 ans donne pour sa part une mention spéciale à l’équipe de la fondation Sur la pointe des pieds et à celle de la Seigneurie du Triton, qui ont contribué à la réussite de son expérience qu’il qualifie de «révélation».

«Révélation, parce que j’ai vraiment réalisé à quel point la nature avait ses bienfaits sur moi, sur mon humeur, sur mon énergie. Révélation parce que j’ai appris vraiment à mieux connaître mon corps. […] Révélation parce qu’on a eu la tribune pour révéler nos expériences par rapport au cancer. Je suis allé chercher des émotions qui étaient enfouies en moi.»

La fondation Sur la pointe des pieds organise ce type d’expéditions de manière récurrente depuis plusieurs années. Elle permet à des jeunes en rémission de cancer d’être «inspirés à surmonter ce qui paraît impossible».