Les professionnelles refusent tout aménagement dans leur convention collective et réitèrent leur demande d’être conviées à l’élaboration de solutions visant à résoudre les problématiques de main-d’œuvre, expose Patricia Mailhot, présidente du Syndicat des professionnelles en soins Mauricie et Centre-du-Québec.
Un plan de maintien des services essentiels a par ailleurs été acheminé au Tribunal administratif du travail, afin de convenir d’une marche à suivre en vue de la tenue d’une grève «légale» dans les différents milieux de soins, indique-t-on. La cour a trois mois pour statuer sur la proposition syndicale, explique Mme Mailhot.
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Si l’impasse perdure, les infirmières pourraient ainsi tenir des mouvements de grève dès juillet. On convient cependant de la valeur symbolique du geste. Au niveau des urgences, par exemple, les services essentiels se traduisent par un maintien en poste de 100% du personnel. Dans des unités moins névralgiques, le contingent jugé essentiel pourrait toutefois ramener les effectifs à 80% de leur nombre habituel.
La tenue d’une grève est rendue possible par la fin de la convention collective, laquelle vient à échéance le 31 mars prochain. Les infirmières de la région profiteraient donc d’une période de flottement au niveau national pour se doter d’un mandat de grève exclusivement local. Du jamais vu dans le réseau de la santé, note Patricia Mailhot.
N’ayant pas été interpellé par la partie syndicale au moment d’écrire ces lignes, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec réserve ses commentaires pour plus tard.
«Des solutions, on en a!», dit le syndicat
Forte d’un appui massif à la position défendue par le syndicat, Patricia Mailhot martèle qu’elle et les siennes ont des propositions à mettre de l’avant, pour peu que les autorités montrent de l’ouverture.
«Ce qu’on veut au final, c’est que l’employeur s’assoie à des tables avec les syndicats, les professionnelles en soins, les médecins, etc. Qu’on trouve des solutions autres qu’une fusion», plaide la syndicaliste.
Depuis que le CIUSSS a annoncé ses intentions de revoir les affectations du personnel, l’animosité est vive dans les rangs. Les infirmières craignent de se retrouver dans des secteurs où leur expertise est défaillante.
Appelée à donner quelques exemples de solutions qui pourraient émaner de la partie syndicale, Mme Mailhot se montre affable.
«À Montréal, les infirmières auxiliaires peuvent prendre des prescriptions téléphoniques d’un médecin. C’est permis par l’Ordre, mais ici, localement, on ne le permet pas encore», expose la présidente syndicale.
«Déployer le champ d’expertise des infirmières auxiliaires, avec la loi 90, qui vient leur permettre de faire des actes, ça viendrait soulager un peu les équipes de soins», insiste Mme Mailhot.
La syndicaliste soutient encore que des mesures «d’autoconfection d’horaire» ont cours dans 17 CISSS et CIUSSS du Québec, mais que celui de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec se refuse à ouvrir cette porte.
Patricia Mailhot pointe par ailleurs que de nombreux postes à temps partiel pourraient être transformés en postes à temps plein. «Mais là l’employeur nous a dit « on a peur d’avoir des surplus »… Imaginez! On est en pleine crise, puis ils ont peur d’avoir des surplus… Ou ils nous disent « on n’a pas le temps de s’occuper de ça, on est trop dans le jus ».»
L’Ordre des infirmières «rassuré» par le CIUSSS
Alors que les infirmières se prononçaient sur les mesures de l’employeur et sur la poursuite de la mobilisation, Luc Mathieu, président de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, rencontrait la direction de l’établissement.
Après avoir publiquement manifesté sa préoccupation face aux mesures proposées par le CIUSSS pour résoudre des problématiques de main-d’œuvre, le président de l’Ordre se serait dit rassuré à la sortie de la rencontre, selon ce que rapportait Radio-Canada en fin de journée.
M. Mathieu, qui a déclaré qu’il continuerait de se montrer vigilant sur la mise en place des mesures, aurait accueilli favorablement le plan d’accompagnement du CIUSSS pour les infirmières qui auront à œuvrer dans un secteur qui leur est moins familier.
Notons que pour l’instant, les mesures de fusion de centres d’activité ne touchent que Drummondville. Les autres secteurs du territoire ne seront affectés par cette mesure qu’à compter de l’automne. Dans les secteurs «24/7», les horaires ont cependant commencé à être resserrés, mais les changements ne s’appliquent qu’aux effectifs qui y œuvraient déjà. Le CIUSSS maintient avoir été forcé d’agir pour éviter des bris de services dans certaines de ses installations.