Opitciwan retire le mandat de négocier au Conseil de la nation atikamekw

Jean-Claude Mequish est le chef d'Opitciwan.

Le torchon brûle entre le conseil des Atikamekw d’Opitciwan et le Conseil de la nation atikamekw. Reprochant à ce dernier plusieurs écarts, Opitciwan lui retire le mandat de négocier la revendication territoriale globale. Non seulement le conseil d’Opitciwan s’occupera lui-même de cette négociation et de la revendication de l’autonomie gouvernementale, mais en ce qui a trait à la gouvernance et au rôle du Conseil de la nation atikamekw, il entend entreprendre des démarches politiques afin de «réfléchir avec ses homologues à une nouvelle structure politique plus actuelle».


Le conseil d’Opitciwan appuie sa décision prise le 14 mars sur des manquements quant à la responsabilité du Conseil de la nation atikamekw de reddition de comptes à son égard. Le conseil d’Optciwan reproche aussi au Conseil de la nation atikamekw un manque de consultation à son endroit au sujet des orientations de négociations et un manque de rencontres du comité de stratégie et du comité de stratégie élargi.

Le communiqué émis par le conseil des Atikamekw d’Opitciwan ajoute que «l’acquiescement par le Conseil de la nation atikamekw (CNA) d’une résolution des chefs de territoire présents lors d’une rencontre convoquée par le CNA le 8 mars 2023 portant sur les mêmes objets que ses mandats confiés par les conseils de Manawan, de Wemotaci et d’Opitciwan pour négocier la revendication territoriale globale de leurs membres respectifs est un manquement grave et marque une rupture avec les instances politiques officielles». Selon le conseil d’Opitciwan, l’absence de démarches pour régler l’impasse politique qui perdure au sein de la nation atikamekw s’ajoute au tableau.



Le grand chef du Conseil de la nation atikamekw, Constant Awashish.

D’autre part, le conseil d’Opitciwan s’oppose aux propos de Constant Awashish, grand chef du CNA, dans une lettre acheminée au gouvernement et «déplore ses propos à l’égard du rôle et des responsabilités limitées des conseils atikamekw dans la défense et la gestion des droits et intérêts des Atikamekw sur leur territoire ancestral».

«Cette position est un manque total de respect envers les conseils atikamekw», peut-on lire dans le communiqué.

Le conseil des Atikamekw d’Opitciwan envisage la tenue de rencontres gouvernementales afin de discuter d’un nouveau cadre de discussion pour la reconnaissance des droits ancestraux. Le conseil veut aussi profiter d’une démarche de réflexion afin de clarifier formellement les rôles et responsabilités du Grand Chef du CNA et des conseils atikamekw.

Précisant que cette résolution n’a aucun lien avec le blocus de la route 25, le chef d’Opitciwan, Jean-Claude Mequish, a refusé de répondre mardi aux questions du Nouvelliste, affirmant être en pause jusqu’à mercredi.



Le Nouvelliste n’a pu entrer en contact avec Constant Awashish, mais le Conseil de la nation atikamekw a réagi en publiant à son tour un avis en réaction à la position du conseil d’Opitciwan.

Tout en précisant que le CNA a toujours évité d’étaler sur la place publique les différends qui pourraient survenir au sujet de la gouvernance, le CNA affirme que la rencontre d’urgence du 8 mars en était une «de consultation et de recherche d’orientations au sujet du territoire et des problématiques systémiques causées par les politiques du gouvernement du Québec». Selon le communiqué, les chefs de bande et les conseils ont un rôle déterminant à jouer dans la gouvernance, ce qui n’a jamais été remis en question. Mais les chefs de territoire ont aussi un rôle à jouer dans la gouvernance autochtone.

«La résolution prise par les chefs de territoire lors de la rencontre du 8 mars 2023 constitue un pacte entre ceux qui étaient présents et elle a une valeur morale importante. Notre rôle est de consulter et de travailler avec les orientations qui nous sont indiquées lors des différents forums publics tels que les assemblées et les rencontres avec les chefs de territoire», mentionne le communiqué du CNA qui ajoute que la réflexion sur la décolonisation est bien amorcée chez les Premières Nations et la nation atikamekw n’y fait pas exception.

«L’objectif est de se rapprocher de nos coutumes et de notre culture en se réappropriant un système de gouvernance traditionnel en impliquant le plus possible tous les membres lors des prises de décisions importantes qui touchent la nation. C’est ce qui a été entamé depuis les sommets sur la gouvernance, les sommets jeunesse et les différentes assemblées depuis quelques années.»

En raison de l’absence des chefs de territoire d’Opitciwan lors de la rencontre du 8 mars, le CNA sera dans cette localité le 27 mars afin de poursuivre son exercice de consultation auprès d’eux.

«Il est essentiel de consulter pour avoir des orientations claires qui guideront nos travaux et il est de la responsabilité de tous les élus atikamekw d’être à l’écoute de ses membres. Ce sont ces orientations qui guident nos institutions officielles», souligne le Conseil de la nation atikamekw.

Rappelons que Constat Awashish a facilement été réélu grand chef du CNA en septembre.