Chronique|

Le moment de vérité climatique

C’est le moment de vérité, disent les chercheurs. Ce dernier rapport du GIEC – le groupe d’experts scientifiques sur les changements climatiques – est plus alarmant que jamais.

C’est le moment de vérité, disent les chercheurs.


Ce dernier rapport du GIEC – le groupe d’experts scientifiques sur les changements climatiques – est plus alarmant que jamais.

Ainsi, nous sommes à la veille de dépasser le seuil où les bouleversements climatiques deviennent si importants que l’humanité sera désormais incapable de s’y adapter.



La dynamique terrestre elle-même, préviennent les experts, est sur le point de se modifier de manière irréversible.

Les prochaines générations n’y pourront rien. Il sera trop tard.

Les vagues de chaleur, les famines, les maladies infectieuses feront des millions de victimes.

Le moment de vérité approche. Et pourtant, c’est comme si ça ne nous faisait pas un pli.



On se réjouit entre nous du temps doux de la dernière semaine.

De ce printemps qui s’annonce hâtif et qui fera fondre nos gros bancs de neige.

Ça m’a fait penser à un article très intéressant que j’ai lu un jour dans le Washington Post.

C’était à propos d’un livre. L’auteure avait étudié le comportement humain devant une menace.

En cas de danger imminent, a observé l’auteure, l’Homme se tourne vers son voisin pour observer sa réaction. Et il se rassure de voir que son voisin n’en fait pas plus que lui pour éviter la catastrophe.

Autrement dit, l’inaction de l’un rassure l’autre dans son inaction.



Ce qui n’empêche pas, à la fin, l’avion de s’écraser ou le tsunami d’emporter nos deux moineaux.

Ainsi en est-il de l’humanité devant la crise climatique.

Le monde dispose de toutes les connaissances et de tous les outils pour prévenir le sort funeste qui l’attend, nous disent les experts.

Mais chacun préfère regarder son voisin pour éviter d’en faire plus que lui.

Exemple parmi d’autres: la conférence sur le climat de l’ONU, en novembre dernier, s’est terminée sans résolution pour réduire progressivement le pétrole, le gaz et le charbon…

Pire, l’an dernier, la Chine a approuvé la plus grande expansion de polluantes centrales au charbon depuis 2015!

Même à plus petite échelle, il y a parfois de quoi s’affliger.

Dans la région d’Ottawa-Gatineau, on continue comme si de rien n’était à brancher des milliers de nouvelles maisons au gaz naturel plutôt qu’à l’électricité. Et ça n’émeut personne — sauf quand une conduite au gaz fait exploser un quartier!



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À quand un plan de décarbonation du bâtiment? Jusqu’à maintenant, personne n’accepte le leadership d’une concertation, me fait-on remarquer. Aucun palier de gouvernement (à l’exception notable de Montréal), ni les distributeurs de gaz, ni Hydro-Québec, ni les constructeurs…

En campagne électorale, la mairesse de Gatineau, France Bélisle, criait au «désastre environnemental» en parlant des émanations de méthane de l’ancien dépotoir Cook. Un an et demi après son entrée à la mairie, on apprend que non seulement son administration n’a pas encore corrigé le tir, mais qu’aucun échéancier n’est en place pour y parvenir. Une chance que c’était juste un «désastre» environnemental!

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Une récente étude de l’Observatoire du développement de l’Outaouais constate que le télétravail, devenu la norme durant la pandémie, accentue le phénomène d’étalement urbain dans la région. Des milliers de gens quittent Gatineau pour s’installer à la campagne, dans les MRC voisines… Pas nécessairement une bonne nouvelle pour l’environnement. Qui s’en émeut?

Bien des gens ont l’impression que l’humanité n’arrivera jamais à endiguer la catastrophe climatique. Les intérêts divergents des nations les empêchent de se liguer contre la menace commune.

C’est vrai aussi à petite échelle, quand notre confort personnel, notre mentalité individualiste et matérialiste, prend le dessus sur toutes les autres considérations. On se fait croire que rien ne presse. Alors que la science est catégorique: c’est le moment de vérité.