S’il vous plaît, parlons du communautaire

L’auteure de cette lettre rappelle l’importance des organismes communautaires et plaide pour une véritable reconnaissance de ceux-ci.

POINT DE VUE / L’auteure, Claudia Gomez, est conseillère communications et formation pour la Table de regroupement des organismes communautaires en santé et services sociaux de la région Centre-du-Québec–Mauricie.


Depuis quelques mois, je suis à l’emploi d’un regroupement des organismes communautaires. Cependant, auparavant, j’ai été gestionnaire d’un OSBL pendant 13 ans. Le milieu communautaire, je le connais, cela a fait partie de ma vie depuis bientôt 20 ans; mais rien ne m’avait pas préparée aux derniers mois. Je rencontre des gens de cœur, engagés et travaillants. Et bien que cela ait toujours été le cas, maintenant il y a aussi le désespoir des organisations qui se sentent à bout.

La crise des ressources humaines, bien qu’elle touche tous les secteurs d’emploi, est plus que préoccupante dans notre secteur, il y aura toujours un avant et après la pandémie quand il s’agit des ressources humaines, surtout dans le milieu communautaire.



Déjà, les personnes à l’emploi étaient des femmes et des hommes-orchestres, maintenant il ne reste pas beaucoup de musiciens ni d’instruments. La pénurie de main-d’œuvre touche notre secteur comme jamais. Je vois passer une multitude d’offres d’emploi; on multiplie les raisons pour lesquelles les gens devraient venir travailler chez nous, le bonheur de faire du bien, les équipes en or, la conciliation travail-famille, les congés. Cependant, ce que nous ne pouvons pas dire si fort, ce que chaque gestionnaire doit faire des miracles pour offrir un salaire compétitif, que les augmentations sont toujours assujetties aux subventions gouvernementales qui ne suivent pas le rythme des besoins et qu’avec une inflation marquée, un IPC en hausse de 6% et des indexations insuffisantes, nos employés perdent leur capacité d’achat d’année en année.

Ce serait bien de discuter des enjeux liés au communautaire, de la quantité de demandes associées à chacune des subventions, entre autres, la problématique des comptables pour faire nos vérifications chaque année. Cette problématique, elle aussi, est liée à l’après-pandémie. Le manque de ressources dans les cabinets comptables fait en sorte que les prix ont explosé depuis les dernières années. Savez-vous que les petits organismes communautaires sont obligés très souvent d’utiliser tout le montant de leur augmentation de subvention (s’ils en ont une, ce qui n’est pas toujours le cas) tout simplement pour payer les frais comptables? Où est la logique là-dedans?

Chaque organisme communautaire autonome doit agir, promouvoir, être présent dans son milieu, par et pour ses membres, être créatif, avoir du personnel disponible, tout en sachant qu’il a moins de ressources humaines, dans un climat de crise, ou les demandes augmentent chaque jour.

Saviez-vous que les organismes ne sont pas une branche du gouvernement? Que leur autonomie et leur gouvernance font preuve de démocratie depuis la nuit des temps? Qu’ils sont nés à la suite d’un besoin clair de la communauté? Qu’ils ne sont pas une continuation du réseau?



Pour les consultations prébudgétaires, nous avons fait l’exercice d’envoyer une mémoire, en explication de notre réalité, mais nous attendons depuis toujours une vraie écoute, la vraie reconnaissance de notre milieu et surtout le soutien adéquat à la mission de chaque organisme. La protection de ces milieux est fondamentale pour soutenir nos collectivités si affaiblies par la situation actuelle. Il est heure de réinvestir dans notre filet social.

Malgré les difficultés, il faut le dire et le répéter: les organismes communautaires effectuent un travail merveilleux. Que ce soit auprès des gens qui les sollicitent ou auprès de la population, ils répondent de façon franchement créative et complète aux besoins de la communauté. Il est temps de parler du communautaire.