Les images des nombreuses maisons et voitures incendiées par la horde des colons ont fait le tour du monde et suscité l’indignation générale au plan international, au sein même de la société israélienne et chez la diaspora juive. Une analyse de l’événement, publiée par l’influent quotidien Haaretz, indiquait par ailleurs que les scènes de saccage n’avaient surpris personne en Cisjordanie puisque, écrit-on, «la violence et l’impunité des colons font partie de la vie quotidienne depuis de nombreuses années».
Alors que le pays traverse une tourmente politique et sociale sans précédent depuis la formation, en janvier dernier, d’un gouvernement qualifié d’extrême droite, ce choc ajoute au désarroi actuel vécu en Israël. En effet, depuis janvier, des dizaines de milliers de personnes envahissent à chaque semaine les rues de Tel Aviv pour dénoncer un gouvernement qu’on accuse de menacer les fondements même de l’État hébreu.
Enjeu central de toute cette mobilisation, un projet de loi qui, à toutes fins pratiques, ferait de la Cour suprême une instance consultative. Au motif que la Cour et les autres tribunaux, jugés trop à gauche, ont une trop grande influence sur le cours des choses en Israël, la réforme proposée permettrait au parlement d’invalider les décisions de la Cour sur simple vote majoritaire.
Mais cette réforme n’est pas le seul élément qui inquiète en Israël et chez les pays amis d’Israël. Des membres influents de l’actuelle coalition réclament l’annexion totale des territoires palestiniens occupés, l’abolition de droits pour les israéliens d’origine arabe qui composent 20 % de la population totale du pays, et une révision des droits reconnus à certaines minorités, notamment les personnes homosexuelles.
Ces volontés ou souhaits ont d’ailleurs été à l’origine de la démission toute récente de l’ambassadrice d’Israël en France, Yael German, qui, dans sa lettre incisive de démission adressée au premier ministre Benyamin Nétanyahou, a justifié son départ du fait que l’actuel gouvernement «met en danger le caractère et les valeurs de l’État d’Israël».
On comprend alors que, dans ce contexte survolté, l’action dévastatrice menée par les colons dans la ville d’Hawara suscite, chez de nombreux citoyens, le sentiment d’assister au délitement de la société israélienne et à la détérioration de son image au plan international.
Dans un éditorial caustique publié à propos de cet événement particulier mais aussi du contexte dans lequel celui-ci s’est produit, le quotidien Haaretz affirme: «Tout cela se produit sous un gouvernement qui, au lieu de veiller à la sécurité de ses citoyens et des citoyens sous son contrôle, démantèle la démocratie, met le feu à la région et sape les fondements de l’État».