Cela dit, le pari n’est pas venu sans défi. Défis, devrait-on écrire. «Le premier de ceux-ci, convient le directeur musical, c’est que Trois Quatre, c’est un groupe qui se suffit à lui-même en spectacle. Ils n’ont besoin d’aucun instrument pour les soutenir. Il me fallait éviter que l’orchestre et les chanteurs se dédoublent et que ça fasse une trame trop chargée.»
Heureusement, un musicien d’aussi haut niveau que Michel Kozlovsky a talent et outils pour trouver les solutions. «Comme les chanteurs sont davantage dans le registre moyen-grave, on a fait en sorte de leur laisser cet espace en occupant le reste du spectre musical.»
«Il fallait s’assurer que le mariage soit bon mais comme les chanteurs ont parfois fait des ajustements à partir des partitions de base, on devait s’ajuster. Sans compter qu’il fallait doser les interventions de l’orchestre puisque les interprètes vocaux reviennent parfois à l’a capella.»
Il aurait pu ajouter la difficulté d’aller puiser dans toutes sortes de répertoires différents puisque le terrain de jeu de Trois Quatre est vaste: la chanson française, le rock québécois ou celui de groupes comme Queen, Manhattan Transfer, etc. «En ce qui me concerne, dit Michel Kozlovsky, cette variété est un avantage: ça ouvre toutes sortes de possibilités. Il m’a tout simplement fallu trouver des fils conducteurs pour différents blocs musicaux. On va présenter trois chansons d’Harmonium qui ont un lien naturel de la même façon que les chansons françaises ont un lien entre elles.»
«J’ai eu l’idée d’intégrer de la musique d’Ennio Morricone tirée de films comme Le bon, la brute et le truand ou Il était une fois dans l’Ouest offrant un autre fil conducteur.»
Quand un groupe vocal a la chance de compter sur la présence de Breen Leboeuf, il serait bête de ne pas puiser dans son répertoire à lui. Quitte à lui redonner un coup de jeune. «On donne un caractère différent à quelques pièces, annonce le chef d’orchestre. On donne un côté plus jazz à De ville en aventure alors que pour Promenade sur Mars, ça va être un petit côté bossa nova.»
Les solistes d’abord
Il reste que ce concert mettra d’abord et avant tout en valeur tout le talent des huit chanteurs de Trois Quatre: Christian Bouchard, Breen Lebœuf, Robert Aubin, Olivier Filion, Frédéric Dowd, Patrice Thompson, Paul-André Bellefeuille et Sylvain Gagnon. «Je n’aime pas demander aux solistes de faire ce qu’ils ne font pas d’habitude. C’est à l’orchestre de s’ajuster à eux. Il y a des choses que les chanteurs ne peuvent pas faire: un pizzicato sur un violon, des coups de cymbales, etc. L’important, c’est que ça ne vienne pas en conflit avec les voix et que ça n’alourdisse pas inutilement le propos musical.»
Le mariage de huit solistes et d’un orchestre de plus de trente musiciens dans un vaste répertoire populaire offre plein de promesses. Le public semble l’avoir compris: la représentation du samedi affiche presque complet et que celle du dimanche à est à près de 65% de la capacité de la salle avec quatre jours de vente à venir. «Je ne peux pas me plaindre de pareille réponse, convient Michel Kozlovsky. Nous nous en sortons bien dans un contexte où ce n’est pas facile pour tous dans le milieu des arts de la scène.»
Son secret? «Je dirais que 70% de mon travail, c’est l’écriture musicale et la recherche pour offrir un contenu intéressant qui va plaire aux gens. J’essaie toujours d’inclure des pièces pour mettre l’orchestre en valeur le plus souvent avec des œuvres qui sont des découvertes pour le public. J’expérimente toutes sortes de recettes mais toujours sans compromis et surtout, je veux que la musique soit pertinente, qu’elle ait un sens.»
Les deux représentations sont prévues à 19h30 samedi et à 14h dimanche à la salle Anaïs-Allard-Rousseau de la Maison de la culture. Les billets, au coût de 30$ pour les adultes et de 15$ pour les 17 ans et moins, sont disponibles à la billetterie de la salle Thompson (819-380-9797 ou 1-866-416-9797) ou sur le site de Culture Trois-Rivières.