Fonds bleu : les organismes de protection devront attendre 2024

Le lac Massawippi à la hauteur de North Hatley.

Alors que les problématiques touchant les cours d’eau de la province se multiplient, tout indique que les organismes de protection devront attendre 2024 avant de voir comment seront distribuées les sommes du Fonds bleu, un programme qui «garantira un financement prévisible et soutenu d’actions en cours de nouvelles initiatives pour protéger l’eau».


Le Fonds bleu a été maintes fois soulevé pendant la campagne électorale, notamment par le premier ministre François Legault et le député d’Orford Gilles Bélanger, au sujet des nombreuses problématiques ou menaces qui affligent les cours d’eau de la MRC de Memphrémagog.

Québec a annoncé, à la fin janvier, qu’il relançait les travaux du Forum d’action sur l’eau avec deux mandats : plancher sur l’élaboration d’un prochain Plan Eau et «réfléchir aux grandes lignes du futur Fonds bleu». Les résultats des travaux du forum sont attendus fin 2023.



Quel est l’échéancier pour le Fonds bleu? «Le gouvernement a mandaté les membres du Forum d’action sur l’eau de travailler sur une recommandation de la répartition possible du Fonds bleu. Nous attendrons le résumé des travaux pour la fin 2023», a répondu l’attachée de presse du ministre de l’Environnement Benoit Charrette, Mélina Jalbert.

L'invasion de la moule zébrée demeure encore sous contrôle au lac Massawippi grâce aux nombreux efforts déployés.

Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a pour sa part souligné que «le gouvernement a toujours l’intention de déposer un projet de loi visant la création d’un Fonds bleu au cours de la présente session parlementaire».

Il ne s’agit pas d’une surprise pour Bleu Massawippi et la Fédération québécoise de défense des lacs et des cours d’eau.

«On ne pensait pas que ça arriverait si vite non plus, commente la présidente de la Fédération, Constance Ramacieri. Ça va être compliqué. Si on nous dit début 2024, c’est généreux, si le forum rend ses recommandations à la fin 2023… Merveilleux le forum, merveilleux le Fonds bleu, mais qu’attendez-vous pour faire quelque chose tout de suite?» lance-t-elle à l’intention du gouvernement.



La directrice générale de Bleu Massawippi Sophie Payeur tient sensiblement le même discours.

Devant ce délai, elle n’hésite pas à parler de «déception», d’autant que l’organisme attend toujours des nouvelles pour des demandes de subventions faites au provincial et au fédéral. Ce financement lui permettrait notamment de poursuivre le retrait de la moule zébrée, en espérant contenir son invasion.

Mme Ramacieri note que parallèlement à la relance du Forum sur l’eau, un investissement de 40 M $ a été annoncé pour appuyer un projet de protection du lac Saint-Charles, une source d’eau potable desservant près de 300 000 citoyens dans la Capitale-Nationale. On ne sait toutefois pas de quelle enveloppe ou budget il provient, fait-elle valoir.

La Fédération, qui se veut la voix de centaines d’associations au Québec, n’a pas été invitée au forum, souligne-t-elle d’ailleurs.

L’organisation réclame une campagne de sensibilisation nationale afin de sensibiliser les Québécois à la protection des cours d’eau et à limiter la propagation des espèces exotiques envahissantes (EEE).

L’année dernière, Bleu Massawippi a mené quelque 265 plongées dans le lac Massawippi. Près de 20 000 moules zébrées ont été retirées du plan d’eau, l’objectif étant de limiter la propagation de cette EEE qui envahit notamment les prises d’eau potable et qui favorise la prolifération des cyanobactéries. L’invasion est encore sous contrôle pour le moment, contrairement au lac Memphrémagog.



L’organisme veut donc reprendre sensiblement le même plan de match cette année. «Là, on a une fenêtre d’opportunité, mais on ne fait rien», note Sophie Payeur, en faisant allusion à l’inaction des gouvernements dans ce dossier.

Des sommes espérées

Tout en se réjouissant de penser qu’il y aura du financement, la présidente bénévole de MCI, Johanne Lavoie, souligne que plusieurs questions demeurent sans réponse. Chose certaine, les besoins sont grands. Elle estime que les municipalités pourraient bénéficier de programmes d’aide; ce sont elles, par exemple, qui voient leurs factures grimper parce que la moule zébrée s’attaque à leur infrastructure d’eau potable.

Des mesures d’aide financière pourraient aussi aider les organismes comme MCI à mieux protéger leur territoire.

«Un de nos objectifs, c’est d’augmenter les terres protégées dans le bassin versant. Ça coûte cher, on parle de millions», énumère Mme Lavoie. Elle souligne que l’on retrouve 11 % des milieux naturels protégés dans le bassin versant du lac Memphrémagog, alors que l’objectif du gouvernement est de 30 %.

Les organismes sont toujours aussi en attente de la suite des choses pour le Plan Nature et l’investissement de 650 M $, annoncé cet automne pendant la COP 15.