Simon Kean: «On est loin de Rocky» [VIDÉO]

Simon a des rencontres fréquentes avec les spécialistes de Neuractiv. – Photo: Olivier Croteau

Si Éric Molina se fie aux derniers combats de Simon Kean dans sa préparation en vue de leur duel du 23 mars, une petite surprise l’attend dans le ring du Casino de Montréal.


Le Trifluvien de 34 ans s’est déniché une cure de jeunesse en travaillant avec les professionnels de Neuractiv à Trois-Rivières.

Cette équipe médicale multidisciplinaire est l’une des deux cliniques au Québec qui mise sur un Gyrostim, une machine qui aiguise les réflexes moteurs et cognitifs. Elle est utilisée un peu partout dans le monde dans le traitement des commotions cérébrales, popularisée parce qu’elle a guéri un certain Sidney Crosby après une délicate blessure au cou au début des années 2010.

Cet appareil est utilisé partout dans le monde pour traiter les commotions cérébrales. – Photo: Olivier Croteau

C’est le docteur Maxime Lamirande qui a recommandé au Grizzly de faire appel aux services de Neuractiv, afin qu’il puisse reprogrammer son système vestibulaire.

«C’est comme si les coups arrivaient au ralenti»

Évidemment, puisqu’il boxe depuis son adolescence, Kean a absorbé sa part de coups à la tête, ce qui a endommagé ses différents canaux dans l’oreille interne.

Les soins chez Neuractiv sont conçus pour permettre à ces canaux de jouer à nouveau pleinement leur rôle.

Dès qu’il a commencé à travailler avec Justin Roy et son équipe il y a quelques mois, Kean a senti un changement important dans sa perception sur le ring. «C’est comme si les coups arrivaient au ralenti. Je les vois davantage venir, mon temps de réaction est meilleur. Je ne suis pas le seul à m’en être rendu compte, les autres boxeurs et mon entraîneur étaient impressionnés eux aussi. Résultat, d’autres boxeurs d’Eye of the Tiger ont commencé à venir ici eux aussi», confie Kean.

Simon Kean se plie à différents exercices chez Neuractiv. (Olivier Croteau)

«C’est vrai que lorsque tu compares ses séances de sparring, la différence saute aux yeux», explique Roy, un chiropraticien. «Quand tu es sur un ring, tu as intérêt à savoir à chaque milli-seconde où tu te situes dans l’espace, ton centre de gravité est placé comment, qu’est-ce qui se passe exactement si tu tournes vers la droite. Si ton système est déséquilibré, ton corps va mettre en place une méthode de compensation. Ce qui est loin d’être optimal en performance. C’est ce qu’on travaille avec Simon, à rétablir cet équilibre.»

Lui aussi chiropraticien chez Neuractiv, Nicolas Désilets explique un peu plus en détails cet équilibre recherché. «Tu as beau être très en forme, si tu rates des signaux, ça t’enlève des outils pour performer. Quand ça arrive, faut déterminer si c’est le système interne des yeux, des oreilles, ou encore la proprioception qui doit être ajusté. Quand tu as cette information, on peut ensuite ajuster nos exercices pour permettre à un athlète comme Simon de retrouver tous ses repères.»

C’est un travail de longue haleine. Au départ, il y a plusieurs séances de travail qui sont rapprochées pour créer un déclic. Puis on commence à espacer les séances. Ces jours-ci, Kean travaille avec Neuractiv une fois par semaine. «Au début, quand je sortais d’ici, je ressentais immédiatement les bienfaits. J’étais plus agile à l’entraînement, en meilleure forme tout au long de la semaine. Je ne ressens plus exactement la même chose, car c’est comme si les changements étaient maintenant permanents», note Kean. «Dans le fond, comme athlète, tu dois tout faire en ton possible pour maximiser tous les outils à ta disposition. Ce travail m’a amené à peaufiner certains aspects que je ne peux pas améliorer autrement. On est loin de Rocky avec ses quartiers de bœuf!»

Simon Kean fait des traitements pour son système nerveux chez Neuractiv, en compagnie des professionnels Justin Roy, Olivier Gravel, Pierre-Philippe Normand, Marie-Noëlle Giroux et Nicolas Désilets.– Photo: Olivier Croteau

«Je n’ai plus de temps à perdre»

Kean a bien hâte de montrer au public cette version améliorée de lui-même. Il croyait pouvoir le faire pour la première fois face à Newfel Ouatah en septembre dernier, mais ce dernier a préféré placer un genou au sol plutôt que de le combattre. Puis est arrivé une blessure au dos au mauvais moment, ce qui l’a empêché de se battre à Shawinigan en décembre.

À 34 ans, le Trifluvien commence à montrer des signes d’impatience. Heureusement, il a une entente en poche avec Top Rank, qui va lui permettre de percer le marché américain. À condition, évidemment, de bien faire le 23 mars. «Je n’ai plus de temps à perdre. C’est à moi de montrer ce que je peux faire», lance Kean.

Ce Molina (29-8) représente un bon test, dans la mesure où il s’est déjà mesuré aux meilleurs poids lourds sur la planète. Il a perdu contre les Chris Arreola, Anthony Joshua et Deontay Wilder mais pour se rendre jusqu’à eux, il a dû assommer pas mal de boxeurs de second ordre. L’Américain est en fin de parcours, il a perdu quatre de ses huit derniers duels, mais il demeure un gars dangereux... qui deviendrait le plus beau trophée de chasse du Grizzly chez les pros.

«Ce combat-là est prévu depuis des mois, je m’attends à la meilleure version de Molina. Tant mieux, il va me permettre de montrer ce que je peux faire», tranche Kean. «Il a de la puissance. Et il devient dangereux quand il se fait frapper car il multiplie alors les bombes. Il cache sa main droite, il a surpris pas mal de gars avec elle. Je sais à quoi m’en tenir, je sais ce que je dois faire pour lui enlever ses outils», lance-t-il. «Je me suis préparé pour 10 rondes. Je veux le toucher le plus possible, sans me faire toucher. Si j’ai la chance de l’arrêter avant, je vais la saisir, mais je ne vais pas courir avec ça. J’ai appris de mes erreurs du passé. Je ne tiens plus rien pour acquis. Je veux montrer que je suis le meilleur boxeur sur le ring à chaque round. Si je veux passer à la prochaine étape, c’est ce que je dois faire contre un boxeur comme Molina. J’ai faim, ça fait longtemps que je ne me suis pas battu», souligne Kean, dont la physionomie semble plus élancée. «Je suis pourtant au même poids. Si j’ai l’air plus mince, c’est parce que je m’entraîne comme un forcené. J’ai eu un très bon camp, ça s’est super bien passé en sparring. Je suis prêt pour l’examen.»