La sortie du Dr Martin coïncide avec le passage dans la région du président de la Fédération des omnipraticiens du Québec, Marc-André Amyot, venu rencontrer mardi les chefs des groupes de médecine familiale (GMF). Prévus depuis un moment, les échanges n’en ont pas moins tourné autour de la crise qui secoue présentement le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, engagé dans l’implantation de mesures visant à pallier les problématiques de main-d’œuvre dans le secteur infirmier.
En écho à son homologue de la région, M. Amyot estime que l’établissement fait fausse route et se dirige vers un mur. Les inquiétudes étaient vives, semble-t-il, lundi soir, tandis que les chefs des GMF de la Mauricie et du Centre-du-Québec ont verbalisé leurs préoccupations. C’est le maintien de leur capacité de livrer un service à la population qui pèse dans la balance si on leur enlève du temps horaire infirmier, soutient-on.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/6SFSHBEISREZTMWHJPANIC4UUI.jpg)
«On a souvent tendance à délaisser la première ligne, alors que la première ligne, c’est ce qui a de plus important dans une société, expose le Dr Amyot. Les juridictions qui ont investi davantage en première ligne et en prévention ont des meilleurs déterminants de la santé.» Ce sont des questions aussi fondamentales que l’espérance de vie qui sont en jeu, fait-il valoir.
Désobéissance en vue
Tranchant, le Dr Pierre Martin parle de son côté d’une rupture de contrat de la part du CIUSSS MCQ.
«On a pris pas mal d’engagements envers la population, on a pris beaucoup de patients en charge, rappelle le président de l’Association des médecins omnipraticiens de la Mauricie. Ça, c’était conditionnel à avoir des ressources infirmières pour nous supporter. Là, ce qu’on nous dit, c’est que les ressources qu’on était censé avoir, on va venir ponctionner dans ces ressources-là pour les envoyer ailleurs dans les unités de soins.»
En plus d’être inquiet des conséquences des mesures imposées par l’établissement, le Dr Martin se dit mécontent de la façon dont celles-ci sont mises de l’avant. «On n’a jamais été interpellé en amont des décisions finales, on est mis devant un fait accompli», déplore-t-il.
«Venir déshabiller la première ligne, sans savoir si en plus ça va vraiment régler le problème à l’autre bout, ben ça, moi, je ne suis pas prêt à ça et je ne concèderai pas ça, prévient Pierre Martin.
«Je ne concèderai pas un pouce sur l’autorité fonctionnelle que j’ai envers les infirmières qui doivent être présentes pour donner les soins de première ligne», insiste-t-il. En clair, on compte faire fi des directives qui viendraient ponctionner les ressources jugées indispensables au maintien des services dans leur intégralité.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/BTNVFAZELZEPXIXQMXI5VHEGXU.jpg)
Pas question non plus de louvoyer à travers quelques réaménagements d’horaire pour contourner les impératifs de livraison de soins, dont la majorité est offerte de jour, en semaine, note encore l’omnipraticien. «Procéder à du maquillage pour sauver la face de quelque gestionnaire que ce soit à l’hôpital, j’embarquerai pas là-dedans», lance-t-il sans détour.
Ce sont des dizaines d’infirmières qui œuvrent dans les GMF du territoire, indique-t-on. L’autorité fonctionnelle qui y prévaut pourrait constituer un nouvel obstacle dans la volonté du CIUSSS de revoir l’organisation du travail de ses effectifs infirmiers.