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Je viens de passer 24 heures à Montréal. À quelques coins de rue de la Place Émilie-Gamelin. Dans un quartier qui souffre et qui «héberge», aussi, les plus poqués de la société. Un quartier, aussi, où trouvent refuge des hommes et des femmes qui ne savent plus où aller après être passés par le chemin Roxham et qui tuent le temps aux abords du métro Berri-UQAM.

Premier constat: ce lieu est devenu, par la force des choses, avec la très forte présence d’itinérants et de demandeurs d’asile, un lieu de désolation.

Nous sommes sur la rue Sainte-Catherine. À l’ouest se trouvent la Place des Arts, le Complexe Desjardins, le siège social d’Hydro-Québec. À l’est de la rue Saint-Laurent: des commerces qui se meurent, des hommes et des femmes vulnérables abandonnés à leur propre sort. Des hommes et des femmes aux prises avec leurs démons: problème de toxicomanie, de santé mentale, de violence.

Ce quartier-là n’est plus un quartier accueillant pour les touristes. Il est de moins en moins sécuritaire pour les familles, les femmes seules qui prennent le métro pour aller au travail pour aller voir un spectacle à la salle Maisonneuve.

***

Comment a-t-on pu en arriver là? Comment se fait-il qu’on y retrouve des milliers d’itinérants et d’immigrants en quête de statut?

Ce n’est certainement pas la faute de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui dispose de bien peu de moyens – et de ressources – pour améliorer les choses et le climat social, disons-le, de plus en plus toxique.

À qui la faute, alors?

Il faut se tourner du côté des gouvernements, à Québec et à Ottawa.

C’est le gouvernement fédéral qui a la responsabilité de régulariser le statut des demandeurs d’asile. C’est encore le fédéral qui pourrait agir beaucoup plus rapidement pour accorder des permis de travail à ces braves hommes, à ces braves femmes, ces sans-papiers qui sont obligés de travailler au noir pour payer l’essentiel. Ces braves hommes et ces braves femmes qui se font exploiter effrontément, malicieusement, et qui se retrouvent souvent dans la rue, ou sur le trottoir, à demander la charité, ou une poignée de change…

Et Québec dans tout ce gâchis? C’est le gouvernement provincial qui peut intervenir sur le plan social, allouer des budgets et fournir des ressources [humaines]. Ça prendrait davantage d’infirmières, d’agents psychosociaux, de travailleurs communautaires, pour être à l’écoute des plus mal pris de la société. Ça prendrait une volonté, tout court.

Force est de constater, cependant, que ni Ottawa ni Québec remplit correctement son mandat.

***

Et voilà pourquoi la misère sociale et l’itinérance se côtoient sur la «Catherine», à l’est de la rue Saint-Laurent…

Une statistique qui a de quoi inquiéter et s’interroger: il y aurait actuellement à Montréal tout près de 10 000 demandeurs d’asile. Ils ne se trouvent pas tous dans le secteur du parc Émilie-Gamelin, certes, mais c’est là qu’on retrouve la plus forte concentration de personnes qui vivent dans l’angoisse, et aussi l’espoir, qu’on va leur permettre de se refaire une vie.

On rapporte également que depuis 2020-2021, près de 75 000 demandeurs d’asile sont passés par Montréal après avoir traversé la frontière. Montréal est devenu LE point de chute.

Ça commence à faire pas mal de monde en attente. Ça crée une pression dans la communauté, qui a du mal à gérer cet afflux humanitaire. Et ça ouvre la porte aux vendeurs de dope qui voient là de nouvelles proies…

C’est la mairesse Valérie Plante qui disait récemment au micro de Patrick Lagacé, à 98,5. Je résume grossièrement ses propos: «Pour la drogue, il y a des dealers déguisés en itinérants pour solliciter les demandeurs d’asile!»

***

Je viens de passer 24 heures à Montréal. J’y ai croisé des sans-abri, au petit matin, qui tendaient leur verre en styromousse aux passants, espérant qu’ils y déposent des pièces de 25 cents, et, au mieux, des dollars en papier.

Mais j’ai également croisé du monde de bonne humeur. Des familles en congé venues patiner à l’Esplanade tranquille, où se trouve une patinoire réfrigérée, dans le Quartier des spectacles, à l’ouest de la rue Clark.

Toujours sur la «Catherine», il y avait une grue qui bloquait l’artère commerciale. Elle était plantée là pour soulever les matériaux destinés aux travaux d’agrandissement du Théâtre du Nouveau Monde.

Plus loin, une tour à condos locatifs prenait forme. Il y avait là des travailleurs de la construction qui s’activaient.

On aime ou on n’aime pas Montréal. On aime cette ville pour sa diversité culturelle, ses bars branchés et ses restos. On l’aime un peu moins quand on tombe dans ses nids-de-poule; quand on se fait imposer d’interminables et désespérants détours en raison des nombreux travaux de réfection ou de construction; quand on apprend en lisant les journaux, en «écoutant» les nouvelles, que les gangs de rue se tirent dessus en pleine rue…

Chose certaine, cette ville ne laisse personne indifférent. J’en fais partie. C’est un fait que cette ville semble souffrir un peu plus ces temps-ci.

Il y a deux mois à peine, on apprenait que le magasin emblématique Archambault, de la rue Berri, allait fermer ses portes en juin.

Raison invoquée par le Groupe Archambault pour justifier cette fermeture définitive: l’entreprise «ne pouvait plus ignorer la détérioration croissante des perspectives commerciales dans le secteur de la Place Émilie-Gamelin».

Il faudra voir si – et espérer que – l’enseigne presque centenaire Archambault survivra à la fermeture…

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