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Peut-on sortir gagnant d’un combat contre les géants du web? On peut au moins tenter notre chance.

Je sais très bien que des géants comme Netflix et Spotify ont le gros bout du bâton. Et lorsqu’un petit joueur comme le Québec veut légiférer pour forcer les géants comme Netflix à donner plus de visibilité au contenu québécois, plusieurs personnes se disent que c’est perdu d’avance, que ça ne sert à rien de se battre contre un joueur aussi imposant, que nous ne gagnerons pas une telle bataille.

Je ne suis pas d’accord.

Le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, soutient avoir des leviers pour améliorer ce qu’il appelle «la découvrabilité» québécoise. J’aime cette expression et j’aime cette audace.

Avant d’en arriver à mon argumentaire, allons regarder les investissements de Netflix au Canada et au Québec dans les dernières années. En 2017, Netflix s’était engagée à dépenser 500 millions de dollars en cinq ans, dans des films et séries au Canada. Ça aura pris deux ans à Netflix pour réaliser les objectifs.

Le problème, dans cette histoire, c’est que l’entente entre Ottawa et Netflix permettait à Netflix de comptabiliser tous ses investissements dans des productions au pays, peu importe la proportion du contenu qui était réellement canadienne.

Ce qui veut dire qu’un film – ou une série – conçu à l’étranger mais tourné au Canada, serait comptabilisé. Mettons qu’on a le contenu canadien un peu lousse. Et de ce nombre, Netflix n’a jamais voulu préciser le pourcentage de ce contenu fait au Québec.

C’est pour cette raison qu’au nom de notre culture, nous devons nous battre. Qui va se tenir debout si nous ne le faisons pas nous-mêmes?

Soyons clair sur un point. Ce n’est pas parce qu’il y aura plus de contenu québécois sur Netflix que tout le monde va se mettre à écouter ce qui se fait chez nous. Mais quand tu décides de promouvoir ce qui se fait de bon chez toi, tu donnes le goût à d’autres nations de venir découvrir ton contenu.

Mathieu Lacombe me disait cette semaine en entrevue sur les ondes du 106,9: «C’est comme lorsqu’on entre dans une librairie. En entrant, qu’est-ce que vous voyez en premier lieu? Des livres d’auteurs québécois. Bien sûr qu’il y a des auteurs de partout un peu plus loin. On n’offre pas que du québécois, mais place en avant les auteurs de chez nous. Pourquoi ce ne serait pas la même chose sur Netflix?»

Il touche un point. On a tendance à penser que la population n’écoutera pas ce qui est fait ici en premier lieu.

On fait fausse route. Et ce qui nous intéresse nous, peut intéresser aussi des citoyens de partout à travers le monde. On a qu’à regarder un succès comme La Casa de Papel, une série espagnole qui a remporté un succès phénoménal. Un des plus gros succès de Netflix.

C’est justement ça le point. Le succès de Netflix passe par le fait de trouver des séries, films ou documentaires qui sortent de l’ordinaire. Peu importe la langue d’origine. On se fout maintenant de savoir dans quelle langue les séries ou les films ont été réalisés. On a l’opportunité de l’écouter dans la langue de notre choix. Et souvent, on va choisir la version originale, avec les sous-titres français ou anglais. N’est-ce pas extraordinaire?

De savoir que des productions comme La vie, la Vie ou M’entends-tu pourraient obtenir le même succès m’emballe au plus haut point.

Par contre, on va se le dire, pour les plateformes locales, Netflix est vu comme une menace. Je me souviens des propos de France Lauzière, vice-présidente au Groupe TVA, en 2017, qui disait que le portefeuille des téléspectateurs n’était pas un puits sans fonds. Elle n’a pas tort.

Je comprends l’inquiétude des gens d’ici. Si la majorité de nos productions télévisuelles se retrouvent sur une plateforme comme Netflix, il est clair que les consommateurs feront des choix. Déjà que la facture des plateformes numériques est onéreuse, il se peut qu’on décide d’abandonner certaines d’entre elles.

Et c’est peut-être le Québec qui sera le grand perdant. Est-ce que l’une des solutions serait de créer un Québecflix? La réflexion a déjà été entamée.

Et ce n’est pas fou. Au lieu de se faire compétition, pourquoi ne pas utiliser la force du nombre? Réunir Tou.tv, Club Illico, Noovo.ca serait pour moi un compromis intéressant. On n’aurait pas besoin d’attendre que les autres nous fassent une place.

Prenons-la, NOTRE place. Ça s’appelle se tenir debout. Arrêtons d’avoir peur du géant.

Avançons des arguments béton. Prouvons que la qualité de nos productions mérite d’être mise à l’avant-scène. Donnons-nous au moins une chance d’essayer.

Des fois que ça fonctionnerait. On pourrait retrouver un peu de fierté, non?

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