Après avoir questionné le ministre à deux reprises, la semaine dernière, l’opposition officielle n’entend pas lâcher le morceau et continuera de relancer le gouvernement. C’est ce qu’assure le porte-parole du Parti libéral du Québec (PLQ) en matière de Santé, André Fortin, qui s’inquiète grandement des démissions massives évoquées par le syndicat et qui enjoint le ministre Christian Dubé de trouver d’autres solutions pour éviter des bris de services.
«Cinq cents infirmières qui démissionnent en Mauricie et au Centre-du-Québec, c’est d’innombrables services qu’on ne peut plus offrir aux citoyens. C’est un impact immédiat sur la disponibilité et la qualité des services que l’on offre. C’est pour ça que le ministre ne peut plus rester les bras croisés», lancé le député de Pontiac, André Fortin.
Celui-ci s’inquiète d’ailleurs des réponses obtenues de la part du ministre Christian Dubé qui estime qu’il s’agit d’une façon de faire prévue dans les conventions collectives, ce que réfute le Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec (FIQ-SPSMCQ).
«Ce n’est pas parce qu’il a le droit de diminuer les conditions de travail des infirmières qu’il doit le faire. Au contraire, le ministre dit clairement et souvent qu’il veut être un employeur de choix. Dans ce contexte-là, il ne peut pas faire exactement le contraire et traiter les infirmières de cette façon-là», plaide André Fortin.
Le porte-parole du PLQ en matière de santé s’inquiète lui aussi du message que l’approbation du gouvernement à une telle mesure peut avoir sur les autres établissements au Québec. «C’est comme si le ministre encourageait les autres CISSS et CIUSSS à faire la même chose. Il regarde ce qui se passe en Mauricie en disant qu’il n’y a pas de problème-là, que c’est tout à fait normal», déplore-t-il.
«Non seulement il met des conditions de travail déplorables en Mauricie, mais il envoie le signal aux autres PDG d’établissements que c’est une façon de faire totalement acceptable et même approuvée par le ministre de la Santé. J’espère qu’ils ont plus de jugement que le ministre de la Santé», lance André Fortin.
«Si partout ailleurs, on est capable de fonctionner sans décourager les infirmières comme ça, voulez-vous bien me dire pourquoi le ministre trouve que c’est une bonne solution? C’est complètement à l’inverse du respect que l’on doit aux infirmières et au milieu de travail attrayant qu’on se doit de leur proposer, insiste André Fortin. Il n’y a pas de raison de soumettre les infirmières face à une décision aussi difficile que de rester dans des conditions innommables ou de devoir démissionner.»
Du harcèlement psychologique, déplore une infirmière
Une infirmière qui travaille dans le domaine depuis 16 ans a d’ailleurs lancé un cri du cœur sur les réseaux sociaux au cours des dernières heures. Sophie Desrochers, une infirmière spécialisée qui est rendue en clinique externe après avoir durement gagné ses conditions de travail, est apparue émotive dans une vidéo dans laquelle elle dénonce la façon de faire de son employeur.
«Depuis cette annonce du 6 février, je vois mes collègues et moi-même douter de notre profession, douter de notre avenir, faire de l’insomnie, faire des cauchemars, faire de l’anxiété, pleurer au travail. C’est de cette façon que notre employeur, qui est le ministre de la Santé, nous traite. C’est purement et simplement du harcèlement psychologique», plaide-t-elle.
«J’ai choisi mon métier avec cœur. Je pensais faire mon métier jusqu’à ma retraite. Aujourd’hui, je doute de tout. Ce qu’on me propose, c’est de revenir en arrière. De ne plus reconnaître mon poste que j’ai acquis avec tant d’effort et de n’être qu’un numéro pour aller combler un trou ailleurs, déplore-t-elle. Mon métier c’est de prendre soin des gens, mais avec compétence. J’ai le cœur complètement brisé.»