Claquer la porte trop vite pourrait être périlleux, selon la coordonnatrice générale de COMSEP, Sylvie Tardif. Avec un taux d’inoccupation autour de 0,9% à Trois-Rivières et de 2,3% à Shawinigan, les logements disponibles sont rares.
«Déjà à partir du retour des Fêtes, on a commencé à sensibiliser nos membres et les gens qui viennent dans nos activités. À leur dire que si ils vivent assez bien dans leur logement, s’ils ne vivent pas de violence ou d’insalubrité et que le loyer n’est pas exorbitant, on leur conseille de ne pas déménager.»
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L’année dernière, à peine 10% des locataires avaient opté pour un déménagement, selon le porte-parole de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), Marc-André Plante, qui s’attend à ce qu’on soit encore dans ces eaux-là cette année, si ce n’est pas encore plus bas.
On privilégie aussi le maintien dans les logements si la situation le permet, à l’Office municipal d’habitation (OMH) de Trois-Rivières, qui est responsable du Service d’aide à la recherche de logements.
«Avant, on avait une augmentation, et on se disait qu’on allait peut-être trouver quelque chose de moins cher, mais là, le marché se raréfie. Effectivement, des fois on essaie de trouver des solutions. Et à ce moment-là, on peut référer à d’autres organismes ou ressources qui travaillent en droits du locataire et qui vont pouvoir davantage les aider», précise notamment la conseillère en communications de l’Office municipal d’habitation, Marie-Ève Croteau.
Statu quo
Autrement, avec les hausses des taux d’intérêt et des coûts des maisons, les premiers acheteurs de propriétés pourraient être moins nombreux à quitter leur logement cette année.
«J’ai l’impression qu’il va y avoir beaucoup de baux qui vont se renouveler, des gens qui étaient ambivalents sur la question d’acheter ou de relouer. Juste la question des taux d’intérêt, ça diminue de beaucoup le pouvoir d’achat. Les gens vont probablement espérer que ça redescende un petit peu pour être capable d’acheter mieux avec le même budget l’année prochaine», souligne Hassan Chellah, qui est le vice-président de la Chambre immobilière de l’Estrie, de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
Augmentations
Les hausses de loyer seront inévitables selon le porte-parole de la CORPIQ, Marc-André Plante.
Il estime que dans le secteur de Trois-Rivières, on peut s’attendre à des hausses autour de 3,5 à 4%, si l’électricité n’est pas incluse.
«Que ton loyer augmente de 3% ou 4%, c’est vrai que ce n’est pas le fun. Mais, en même temps, le propriétaire a une grande partie de sa hausse qui est due à ce que d’autres lui refilent. Les taxes municipales, les primes d’assurances... Ce n’est pas la décision du propriétaire, mais c’est lui qui a le fardeau de le refiler au locataire.»
Contrairement à ce que plusieurs personnes pensent, il n’y a pas de limite légale d’augmentation, rappelle une vulgarisatrice juridique d’Éducaloi, Sylvianne Fréchette.
Ceci étant dit, si un locataire refuse l’augmentation et choisit de rester, ce sera au Tribunal administratif du logement (TAL) de fixer le loyer si le propriétaire en fait la démarche.
De 2014 à 2022, le TAL a accordé une moyenne de 3,1% de hausse dans les dossiers entendus.
Le porte-parole de la CORPIQ Marc-André plante rappelle que les juges ont tendance à être sévères avec les propriétaires qui n’ont pas essayé de discuter avec le locataire.
Le Tribunal administratif du logement a refusé notre demande d’entrevue, mais a confirmé avoir ajouté à son équipe trois juges administratifs et une greffière spéciale dans les dernières semaines.
Le TAL a par ailleurs mis en ligne un outil de calcul qui tient compte de multiples facteurs et qui permet de déterminer si une hausse est raisonnable ou pas.
On se prépare
L’équipe de trois personnes d’Info-Logis à Trois-Rivières s’attend à être débordée dans les prochaines semaines et est en démarches pour du financement additionnel, ce qui permettrait d’engager des gens.
«Il y a beaucoup de détresse. On a de plus en plus de gens qui n’arrivent pas. Ça leur fait peur. C’est sûr que nos services sont en information et défense de droits, mais on se rend compte que nos services s’en vont aussi vers de l’écoute et de la relation d’aide», souligne la coordonnatrice Claude Jalette.
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Autrement, le Service d’aide à la recherche de logements de l’OMH de Trois-Rivières, mis sur pied rapidement en mai 2022, est toujours en place.
La Ville de Trois-Rivières n’a pas pris d’entente avec la Croix-Rouge comme l’année dernière, pour l’instant. On veut voir avant comment se profileront les prochaines semaines et s’ajuster en conséquence, selon le porte-parole de la Ville, Mikaël Morrissette.
«Ça peut certainement se régler plus tard», confirme pour sa part la porte-parole de la Croix-Rouge, Carole Dussault.
À Shawinigan, le Comité Urgence Logements et l’organisme Logis-Aide sont aussi aux aguets, selon la responsable à la vitalité et l’innovation sociale de la Ville, Lynn O’Cain.
Encore une fois, on indique qu’il est sage d’ouvrir le dialogue et chercher un terrain d’entente plutôt que de déménager.