Grand amateur de géographie, athlète accompli et expéditeur dans l’âme, le Trifluvien se dit fasciner par l’idée de réaliser cette grande traversée. Un rêve qu’il caresse depuis une quinzaine d’années.
«Je ne sais pas pourquoi, admet-il. Je suis un amateur de tout ce qui est cartes géographiques, atlas, Google Maps, Google Earth. Je passe énormément de temps là-dessus. Le Québec, c’est un territoire qui est immense. On ne se rend pas compte à quel point la province est grande.»
«Plus on s’en va au nord, plus la végétation et la faune changent. Les populations qui habitent le territoire sont aussi différentes plus on s’en va vers le nord, continue-t-il. C’est une façon pour moi de découvrir le territoire et de rencontrer les gens qui l’habitent.»
Simon-Pierre Goneau a fait de la compétition de haut niveau en ski alpin, en plus de faire plusieurs expéditions à ski dans le nord du Québec durant son adolescence. Vers la mi-trentaine, lui et sa conjointe avaient tout vendu pour partir en voilier pendant un an avec les enfants.
Quelques années plus tard, alors que frappe la crise de la quarantaine, il avait décidé de réaliser son vieux rêve de traverser le Québec. Un défi qu’il avait entrepris en fatbike, en 2020, mais qu’il a dû interrompre.
Il avait en effet dû s’arrêter après plus de 1700 kilomètres à vélo en solo, en plein hiver, alors qu’il était tout près de la baie d’Hudson et qu’il avait déjà réalisé un peu plus de la moitié du parcours.
Il avait rebroussé chemin en raison des mauvaises conditions de neige et des contraintes logistiques liées aux restrictions sanitaires, au moment où la pandémie était annoncée au Québec.
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Pour compléter ce défi personnel – qui serait une première historique – il s’est joint à l’Expédition Transboréale, commanditée notamment par la bière Boréale qui a financé différentes expéditions et aventures au cours des dernières années. Cette fois, il jure que rien ne pourra l’arrêter.
Il se joindra à Samuel Lalande-Markon, qui a réalisé des aventures à vélo, en canot et en ski dans plusieurs régions éloignées, dont des expéditions Transtaïga, du sud au nord, de Montréal à Kuujuaq, puis d’est en ouest, de Blanc-Sablon à Waskaganish.
Celui-ci réalisera la première étape en solo de 1475 kilomètres en vélo. Le 1er février, il partira de la borne frontalière 720, un monument en forme d’obélisque tout près de la rivière Châteauguay qui peut être qualifié du point le «plus au sud» du Québec, pour se rendre jusqu’à Chisasibi, un village cri situé à l’embouchure de la rivière La Grande, à l’est de la baie James.
Simon-Pierre Goneau sera évidemment sur place lors du départ de son partenaire, mais il ira le rejoindre à Chisasibi le 15 février prochain. Ils troqueront alors le vélo pour les skis de fond afin de parcourir en duo les 1250 kilomètres restants.
Leur objectif sera le mythique cap Wolstenhome, qui est le point le plus au nord du Québec. Cet endroit, qui est caractérisé par ses hautes falaises, abrite la troisième plus grande colonie de guillemots de Brünnich en Amérique du Nord, avec plus de 600 000 individus.
Pour y arriver, ils prévoient faire du ski-pulka pendant 60 jours en tirant un traîneau à raison de 20 à 25 kilomètres quotidiennement. Au cours de leur périple, ils passeront par la zone côtière de la baie d’Hudson, à la fois sur la banquise et dans les terres avoisinantes. Ils visiteront six communautés inuites dans lesquelles ils effectueront des ravitaillements.
C’est la première fois que le Trifluvien s’aventurera aussi au nord et il ne cache pas qu’il y a quelques défis qui lui font plus peur que d’autres, dont la crainte de tomber nez à nez avec un ours polaire. «On ne contrôle pas comment il peut réagir. C’est moins facile à gérer que la météo et les glaces», plaide-t-il.
«Les glaces c’est d’ailleurs une difficulté que nous pourrions avoir en cours de chemin tout dépendant si on a un printemps qui est hâtif. Ça peut aussi être juste des épisodes de grands vents qui peuvent avoir des effets sur les glaces, surtout sur la baie d’Hudson.»
Joint près d’une semaine avant le début de l’aventure, Simon-Pierre Goneau était surtout fébrile à l’idée de partir alors que la dernière année en a surtout été une de préparatifs. «On est quand même en mode préparation depuis un an pour la logistique, la recherche de commanditaires, l’itinéraire et tout ça. Il y a quasiment plus d’heures de travail, que d’heures de ski de fond dans tout le processus», raconte celui qui n’avait pas pu faire autant de ski qui l’aurait voulu depuis le début de la saison alors que la neige s’est fait attendre pendant plusieurs semaines.
Il assure toutefois que sa condition physique est à point et qu’il s’est surtout attardé à sa préparation mentale. «J’ai essayé de focaliser au cours de l’été sur mon endurance psychologique. Je me suis planifié trois sorties de 24 heures où j’ai combiné la course à pied et le vélo sur de longues distances, sans dormir, raconte-t-il. L’idée, c’est de se pousser au niveau de la fatigue, de l’inconfort et de la douleur pour voir comment je réagissais dans ces situations-là.»