«Il y a un an, je n’aurais pas dit ça. Mais je pense qu’on est rendu là. Et je ne parle pas pour le prochain mandat», lance d’emblée en entrevue Jonathan Bradley, le conseiller municipal du district de Richelieu.
«Un parti fait en sorte qu’on a une ligne à suivre. On était plusieurs au début du mandat à croire à la collaboration et au travail d’équipe. Mais ça ne marche pas. […] Ça fait un an qu’on tourne en rond.»
Proche du maire de Trois-Rivières actuellement en congé, Jonathan Bradley estime toutefois qu’un éventuel parti politique doit se faire avec le premier magistrat. Bien qu’il y ait eu des discussions informelles en ce sens avec d’autres élus, elles n’aboutiront pas avant le retour de Jean Lamarche, assure le conseiller municipal.
«On est un groupe qui pense de la même façon et qui veut que la ville avance», précise-t-il.
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«C’est toujours les mêmes [élus] qui votent d’un côté comme de l’autre. C’est comme si on avait déjà des partis politiques. […] On voit depuis un an la ligne qui se trace.»
«Il faut se poser la question»
Les élus du conseil municipal de Trois-Rivières ayant des convergences d’opinions doivent envisager la création de partis politiques, croit le représentant du district des Carrefours, René Martin.
«Assurément, il faut se poser la question de la création d’un parti politique», affirme-t-il en évoquant tout de suite des bémols.
René Martin est toutefois moins pressé que son confrère du district de Richelieu. Il ne croit pas qu’il serait légitime de créer un parti politique alors qu’on est encore loin des élections de l’automne 2025.
«J’ai toutefois été élu en étant indépendant et j’étais contre un représentant d’un parti politique», souligne-t-il.
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«Je suis très bien comme candidat indépendant, je pense que ça peut fonctionner comme ça. […] Je veux rester indépendant jusqu’à la fin du mandat, c’est sûr.»
Des partis politiques ne viendraient pas régler tous les problèmes que connaît le conseil municipal, croit René Martin. Pour lui, le respect du Code d’éthique et de déontologie est primordial.
«Il faut en discuter. Mais avec les problématiques majeures qui sont sorties depuis un an, des partis politiques n’auraient pas réglé le problème», estime René Martin.
«Même si j’ai des divergences d’opinions avec le conseiller Pierre-Luc Fortin (Estacades), on ne s’est jamais crié après. Si tout le monde respectait le code d’éthique, il n’y aurait aucun problème à ce qu’on vote d’un côté ou de l’autre. Une fois que c’est fini, tu passes à un autre sujet de conversation.»
Interpellé dans le cadre de ce reportage, le maire suppléant Daniel Cournoyer a décliné la demande d’entrevue du Nouvelliste.
Mieux faire émerger les idées?
Les élus du conseil municipal ont perdu beaucoup de temps et d’énergie au cours de la dernière année «à se concentrer sur des sorties de crises», plutôt que sur l’élaboration de projets ou mesures pouvant améliorer la vie des Trifluviens, observe Dany Carpentier, conseiller municipal du district de La-Vérendrye.
«On est mûr pour des partis, mais pas pour le présent mandat», soutient-il.
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«Les gens n’ont pas voté pour un parti. On est dû pour que les élus aient des programmes complets aux élections. Les candidats n’avaient même pas de cadre financier lors des élections à la mairie. S’il y a des partis politiques, on va être dans les autres ligues et tout le monde va vouloir être le meilleur. Là, c’est plutôt minimal comme propositions des candidats.»
Les espaces de débats permis par les partis politiques pourraient s’avérer bénéfiques pour Trois-Rivières, estime la conseillère municipale du district de Saint-Louis-de-France, Geneviève Auclair.
«Trois-Rivières fait partie des grandes villes du Québec. Et elle est mûre pour différents véhicules pour faire avancer des idées», explique-t-elle.
«Les partis politiques permettent à la population de participer aux échanges et de faire avancer leurs idées.»
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Cela dit, les formations politiques ne sont pas «la panacée» et ne règlent pas tout «d’un coup de baguette magique», poursuit la conseillère.
Les partis politiques, «un leurre»?
Élu pour la première fois représentant du district des Estacades en 2013, Pierre-Luc Fortin ne croit aucunement que les partis politiques viendraient améliorer le fonctionnement du conseil municipal.
«C’est tentant d’avoir l’impression que c’est la panacée et que ça viendrait régler tous les problèmes, mais c’est un leurre», laisse-t-il tomber.
«Ça peut être séduisant et confortable un parti politique pour un élu. Mais être indépendant m’oblige à faire une réflexion plutôt que suivre une ligne de parti pour prendre une décision. […] Je suis obligé de maîtriser tous les dossiers, d’être à mon affaire et à l’aise avec toutes les décisions.»
Le conseiller municipal du district des Estacades soutient qu’il y a «d’autres moyens de passer à travers les situations difficiles qu’un coup de baguette magique». Pour lui, la transparence et un bon leadership de la part du maire qui permet «aux élus de prendre leur place» permettraient d’arriver à de meilleurs résultats.
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«Des partis politiques seraient plus confortables pour un maire. Mais comme maire, je trouverais stimulant d’avoir des points de vue différents qui permettraient de me remettre en question. Ce qu’on n’aime pas, c’est qu’on ne s’aligne pas sur la gang du maire», ajoute Pierre-Luc Fortin.
«Les débats doivent arriver un jour ou l’autre sur la place publique. Ce n’est pas de la chicane, c’est de la transparence. Il s’agit de débats et c’est sain en démocratie.»
Sans qu’aucun parti politique ne dicte les décisions des élus trifluviens, une certaine dynamique de bipartisme s’est établie au cours de la dernière année, constate pour sa part le conseiller municipal du district de Châteaudun, Luc Tremblay.
«Je n’y crois pas vraiment. Je considère que s’il y a un parti de 5-6 élus et le parti du maire de 6-7 élus, ça ne changera pas la dynamique actuelle», mentionne-t-il.
«Un parti va voter avec le maire et un autre sera plus environnementaliste, comme nous. Mais il va encore y avoir des déchirements sur les milieux humides. La chicane va pogner malgré tout si les orientations ne sont pas claires.»
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Luc Tremblay identifie «l’absence du leadership» pour expliquer le climat actuel.
«Si on avait une vision conseil avec des orientations, on pourrait s’entendre plus facilement. On a demandé ça depuis longtemps, mais ça n’aboutit pas», dénonce-t-il.
Une occasion pour l’Action civique de Trois-Rivières?
Périodiquement depuis les fusions municipales du début des années 2000, l’idée de fonder un parti politique municipal à Trois-Rivières refait surface. Et certains s’y sont même essayés, comme Force 3R qui n’a jamais fait élire aucun candidat aux élections de 2013.
L’an dernier, le parti Action civique de Trois-Rivières a présenté des candidats dans presque tous les districts, mais aucun candidat à la mairie.
À plus de deux ans du prochain scrutin, le parti politique est toutefois déjà en mode élections. L’ancienne conseillère municipale et candidate défaite à la mairie, Valérie Renaud-Martin, s’est même jointe au parti pour s’occuper des communications.
Son chef Jean-Claude Ayotte invite tous ceux qui estiment qu’un parti politique est la solution à s’intéresser à l’Action civique.
«Le problème que le maire a, au niveau de son leadership et de sa vision, c’est que quand les gens ont voté pour Jean Lamarche, ils ont voté pour le personnage, pas pour un programme. Ils ont voté pour lui parce qu’il avait une bouille sympathique, mais sans plus», affirme le chef de l’Action civique.
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«Avec un parti, les cartes sont claires dès le début. Le maire, le chef, peut recruter des candidatures de personnes qui veulent travailler autour des idées du programme.»
Un parti politique présent autour de la table du conseil municipal pourrait «améliorer la cohésion et le leadership du maire», ajoute Jean-Claude Ayotte.
«Un parti politique anime aussi la vie politique. C’est riche d’idées et ça ne sort pas juste de la tête d’une personne», précise-t-il.
«Il y a des idées à Trois-Rivières, mais ce n’est pas fédéré. Il y a des électrons libres et personne n’est organisé.»