Au plan sportif, c’est un événement attrayant.
Ça fait la promotion du hockey féminin.
Ça permet aux Lions de présenter une soirée spéciale dont ils pourront tirer des revenus. Ils ont essayé avec la boxe l’an dernier, ce fut mitigé comme opération. Cette fois-ci, avec les billets à 30$ qui sont mis en vente ce lundi matin, les profits seront vraisemblablement au rendez-vous. Ils ont besoin d’initiatives du genre, les Lions, avec un loyer annuel avoisinant le demi-million$. Leur moyenne d’assistance se situe autour de 2600 fans, ce qui les classe au 28e rang sur les 30 équipes de la ECHL. Pas besoin d’être un as en mathématiques pour comprendre que les Lions ne roulent pas sur l’or…
Tout ça fait donc du sens.
À part un détail.
Qui est loin d’être anodin.
Pour que ce match soit programmé au Colisée de Trois-Rivières, la Ville a accepté de verser 40 000$ à… Hockey Canada! La moitié de la somme provient du budget municipal, l’autre a été pigée dans l’enveloppe d’Innovation et Développement économique de Trois-Rivières (IDE).
En ces temps d’austérité budgétaire, un tel chèque pour une soirée unique entre deux clubs qui vont entrer et sortir de la Ville en un coup de vent est pour le moins étonnant. Je vous rappelle que pas mal tous les organismes sportifs dans la cité de Laviolette ont vu leur aide annuelle être solidement amputée ces dernières semaines, conséquence de la difficulté pour les élus municipaux de ficeler un budget acceptable avec cette inflation galopante. Pendant que les Aigles, les Estacades, le GP3R saignent du nez, on ouvre les cordons de la bourse pour un événement unique d’une soirée…
En plus, cette somme s’en va directement dans les coffres de Hockey Canada. Vous savez, cet organisme qui collectionne les bourdes depuis quelques mois. Par exemple, pour étouffer de potentiels scandales sexuels, Hockey Canada a puisé des millions$ dans des fonds alimentés par de l’argent public afin d’acheter le silence des présumées victimes!
La crise dure depuis mai. Deux présidents du C.A. et le PDG ont dû démissionner, après avoir vu le gouvernement critiquer très sévèrement l’organisme. Les fédérations provinciales ont désavoué le vaisseau amiral, des grosses entreprises ont retiré leurs commandites. Comment la Ville de Trois-Rivières a pu trouver que c’était une bonne idée de remettre 40 000$ à Hockey Canada dans ce contexte?
On vous dira qu’il y a un nouveau conseil d’administration en place, installé durant le temps de Fêtes. Que celui qui le préside, Hugh Fraser, a une réputation sans tache. Deux choses: de un, ces gens viennent d’arriver, on pourrait attendre un peu avant de voir si la culture de Hockey Canada changera pour vrai. De deux, la décision de la Ville de Trois-Rivières a été prise avant ces changements…
Je suis bien content pour les filles de notre région qui trippent sur le hockey, elles pourront voir de près leurs idoles le 20 février. Attirer des événements importants sportifs ou culturels sur notre territoire, c’est bien souvent une bonne idée.
Mais dans ce cas précis, le timing pour garnir les coffres de Hockey Canada me semble très, très discutable.