Change le monde, une œuvre à la fois est un projet mené depuis 2011 par le Réseau In-Terre-Actif du CS3R, le secteur jeunesse de l’organisme trifluvien. Il s’agit d’un exercice d’éducation populaire et de participation citoyenne à travers l’art engagé ayant récolté de nombreuses distinctions au fil des années.
«C’est un projet qui est quand même bien implanté dans la région», explique Richard Grenier, directeur adjoint du CS3R. «Il s’agit de douze ans d’élaboration, de création, de recherche avec les différents milieux scolaires et communautaires. Annuellement, on expose une sélection des meilleures œuvres réalisées, mais certains créateurs décident de ne pas garder leurs œuvres à la fin du projet.»
Ces œuvres sont ainsi récupérées par le CS3R qui les entrepose dans sa réserve située au sous-sol du bâtiment abritant l’organisme. «Là, on avait l’occasion de présenter une rétrospective des meilleures œuvres réalisées au courant des douze dernières années, du moins celles dont on a les droits et qu’on avait placées dans notre réserve», poursuit M. Grenier.
Entre critique et espoir
Grâce au soutien financier du gouvernement du Québec, notamment par l’entremise du programme Québec ami des aînés, un volet de création artistique intergénérationnelle s’est ajouté au projet au cours des dernières années. Impliquant des personnes aînées, des parents et des jeunes, l’objectif est de favoriser le dialogue entre les générations par le biais de l’art.
«Ce qu’on veut démontrer avec l’exposition, c’est aussi le contexte intergénérationnel, qui est très porteur pour l’avenir de nos communautés», signale le directeur adjoint du CS3R. Des œuvres de ce volet sont également présentées au Centre des Arts de Shawinigan.
À l’instar du CS3R, les œuvres se veulent engagées. Elles sont en effet produites en fonction de questions lancées lors des ateliers de création animés par le Comité: «Pensez-vous que l’art peut changer les choses? Qu’est-ce que vous aimeriez qui change? Qu’est-ce qui vous dérange? Avez-vous des solutions pour améliorer notre planète?»
«La tournure qu’on veut donner, c’est une perspective de pédagogie de l’espoir», soutient M. Grenier. «Parfois, l’œuvre qui va être réalisée par un créateur va dénoncer une problématique: le capitalisme, la pollution, etc. Mais, on souhaite, si ce n’est pas présent dans l’œuvre que ce soit au moins dans la fiche signalétique qui l’accompagne, qu’il y ait une dimension d’ouverture, de ce qui est possible, de ce qui peut changer.»
«L’objectif est toujours de donner l’espoir que quelque chose est possible. On ne veut pas juste dénoncer, mais aussi proposer. C’est très porteur dans un projet avec les jeunes. Dans un cadre intergénérationnel, c’est aussi de montrer qu’il y a une transmission, une ouverture et qu’il y a encore une recherche de solutions», ajoute Richard Grenier.
Une deuxième chaise des générations
Après une première version ayant fait grand bruit récemment au conseil municipal de Trois-Rivières, une seconde chaise des générations fait partie des surprises que réserve l’exposition. Celle-ci a été donnée au CS3R par le collectif Mères au front qui ambitionne toujours de placer la première dans la salle du conseil de l’hôtel de ville trifluvien, lors du retour du maire Jean Lamarche.
[ Une Chaise des générations aboutira à la salle du conseil mardi ]
[ Des manifestants contre la destruction des milieux humides à Trois-Rivières [VIDÉO] ]
Ces chaises se veulent un rappel constant que les décisions prises aujourd’hui auront un impact sur les générations futures. «L’exposition permet de jeter un regard sur ce qui préoccupe les gens de la région, particulièrement les jeunes, depuis douze ans. Ça permet aussi une certaine analyse de ce que notre jeunesse pense, de ce que notre jeunesse souhaite changer», affirme M. Grenier.
«Nous, on est vraiment là pour prêter le lieu. On n’a pas fait beaucoup de collaborations directes dans le projet», révèle de son côté Sandie Trudel de Culture Shawinigan. «On sépare notre participation communautaire et nos activités de diffusion d’art contemporain.»
«Dans nos salles d’exposition, en ce moment, il y a deux expositions d’artistes professionnels. On a aussi décidé d’utiliser notre foyer, qui sert d’espace commun, pour donner de la visibilité à différents organismes communautaires ou artistes qui font des œuvres collectives. C’est à cet endroit que prend place l’exposition du CS3R», ajoute Mme Trudel.