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Vapotage, le fléau qui attend toute une génération

CHRONIQUE / Le sujet de la dépendance des adolescents à la cigarette électronique et de ses risques sur leur santé est présentement dans l’air et sur toutes les lèvres… sans vouloir faire de mauvais jeux de mots. Pourtant, le problème est bien connu, et ce, depuis plusieurs années.


Ça fait d’ailleurs un bon bout de temps que j’ai envie de consacrer une chronique sur le sujet. Nos garçons, un qui termine cette année l’école secondaire et l’autre, le cégep, nous en a déjà parlé à maintes reprises. L’utilisation de la vapoteuse est extrêmement populaire dès la première année du secondaire : un fléau.

Quand j’ai tapé mon titre instinctivement avec ce mot, je me suis relue et j’ai douté. J’allais peut-être un peu trop loin, c’était sûrement trop sensationnaliste, voire alarmiste. Puis, je suis allée vérifier sur Google pour découvrir si l’association entre les mots «vapotage» et «fléau» avait déjà été faite.



Quelle surprise de constater que non seulement les articles déjà écrits sur le vapotage pullulent dans les médias, mais qu’un titre similaire au mien a été publié en novembre… 2015! «Le vapotage: un fléau chez les jeunes» écrit par Julien Renaud et paru dans Le Quotidien, n’est sûrement pas le plus ancien reportage qu’on peut trouver sur le web. J’ai simplement arrêté de chercher.

Découragée par le fait qu’on dénonce cette sournoise industrie depuis tant d’années, je me suis sentie comme quand j’avais écouté le film «Spotlight». Ce fait vécu où l’on suit des journalistes d’enquête du quotidien américain «The Boston Globe» est bouleversant. Alors qu’ils croient être les premiers à révéler au grand public le stratagème utilisé par des prêtres pédophiles et couvert par l’Église catholique, l’équipe découvre que la nouvelle a déjà été publiée à plusieurs reprises des années auparavant.

Et les jeunes victimes se sont additionnées au lieu que le scandale y mette un terme.

On aurait pu croire que le battage médiatique sur les réels dangers du vapotage chez les adolescents réveille les instances qui ont le devoir d’agir. Mais non. Voilà qu’au moment où les choses auraient dû bouger dans le bon sens, on apprenait tout récemment que Santé Canada a statué: aucune modification à la loi qui régit actuellement la vente de produits de vapotage n’est nécessaire.



Alors que la cigarette électronique, peu importe que l’on sache qu’elle relâche plusieurs produits chimiques et des métaux lourds comme le toluène, le plomb ou le chrome dans sa boucane, que certains produits contiennent de la nicotine ou des psychotropes et que le marketing coloré et rempli de saveurs sucrées «fait un tabac» chez les jeunes, la cigarette électronique continuera d’atteindre une génération de cerveaux en développement sans que l’on cherche véritablement à arrêter le carnage.

Encore une fois, le mot choisi est fort. Mais en réalité, à ce point, aucune étude ne peut démontrer les risques sur la santé à long terme. C’est juste trop récent dans l’histoire de l’humanité. Pourtant, la connaissance des effets toxiques de certains ingrédients ne date pas d’hier.

La première fois que j’ai fait la rencontre de «Toluène», cet agent chimique qui se retrouve dans la vape, c’était aux côtés de son bon ami «Xylène», composant les peintures à solvant qui étaient présentes dans mon milieu de travail. Je m’en souviens clairement puisque «grâce» à ces produits nocifs et potentiellement cancérigènes, le médecin m’avait retiré préventivement, aussitôt mes tests de grossesse confirmés positifs.

«Xylène et Toluène», répandus dans l’air par les jets de peinture vaporisée, pouvaient créer des malformations congénitales sur le fœtus en construction.

Aujourd’hui, le toluène, combiné avec d’autres «amis» tout aussi chimiques, se retrouve directement dans les jeunes poumons des enfants. Et pas uniquement les poumons de ceux et celles qui inhalent, car on semble oublier la fumée secondaire qui voyage inévitablement.

Certains expliquent qu’absorber des produits de vapotage comporte moins de risques que la traditionnelle cigarette de tabac. Un argument qui semble omettre un point majeur: il est très difficile de cacher sa consommation de tabac contrairement à la vapoteuse. Celle-ci est pratiquement inodore et l’haleine ne trahit pas la dépendance. Les parents sont souvent les derniers informés.



Pas d’allumettes ni de briquet, on peut fumer partout sans être repéré. Pire, les jeunes l’utilisent directement en classe au moment où l’enseignant a le dos tourné.

Comme on voit souvent des vapoteurs expulser une énorme quantité de boucane, on pourrait penser que l’étudiant contrevenant ne peut cacher son méfait en plein cours. Détrompez-vous, les ados retiennent leur respiration… le temps nécessaire pour que la «puff» disparaisse entièrement dans les cavités absorbantes de leurs poumons.

Terrible.

Les jeunes utilisateurs de ses petites machines à fabriquer de la vapeur, qui n’est malheureusement pas de l’eau, sont exposés à un paquet de maladies pulmonaires et probablement tant d’autres pathologies.

Mais on préfère attendre les études qui elles aussi attendent après le temps. Et pendant qu’on attend d’accumuler assez de données, on laisse toute une génération en danger.

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Puisque je n’ai qu’effleuré le sujet qui ne concerne pas que les 18 ans et moins, voici quelques liens pour faire votre propre opinion :

- Quand la vie dérape au bout de la vapoteuse, Le Nouvelliste

- Des vapoteuses de wax qui rendent accro, Radio-Canada 



- Remplacer la cigarette par la vapoteuse comporte d’importants risques, Le Soleil 

- Les 7 principaux mythes sur le vapotage, Québec sans tabac 

- La loi fédérale est inefficace pour protéger les jeunes du vapotage, Ohdio 

Le vapotage: un fléau chez les jeunes, Le Quotidien 

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Artiste peintre, conférencière, auteure… et quadruple amputée, Marie-Sol St-Onge partage sa façon de voir les choses qui l’entourent. Un angle de vue différent, mais toujours teinté d’humour et de positivisme.