Chronique|

Kody Dupuis veut tracer son propre chemin

Kody et Pascal Dupuis sont réunis chez les Cataractes.

CHRONIQUE / En décrochant un casier permanent dans le vestiaire des Cataractes il y a une semaine, Kody Dupuis a offert une sensation de déjà vu aux fans de la plus vieille organisation de la LHJMQ.


L’adolescent de 16 ans n’est pas une recrue comme les autres.

C’est le fils de Pascal Dupuis, dont le maillot numéro 16 flotte dans les hauteurs du centre Gervais Auto.



L’ex-compagnon de trio de Sidney Crosby, avec qui il a gagné deux coupes Stanley chez les Penguins, a d’ailleurs accepté à la fin de sa carrière de revenir dans le giron de l’équipe junior qui l’a formée. Il fait partie à la fois des actionnaires des Cataractes, et de l’état-major hockey à titre de lieutenant de son ami Martin Mondou.

Pas plus tard que le printemps dernier, il a volontiers secondé Daniel Renaud derrière le banc et il a joué un rôle important dans la conquête de la coupe du Président.

Mais c’est d’abord et avant tout le papa de Kody, qui espère mener une carrière de hockeyeur professionnel lui aussi. Alors quand Mondou a appris au jeune homme que son audition dans le temps des Fêtes avait été assez concluante pour lui permettre de s’établir à temps plein à Shawinigan, le paternel a vécu de grandes émotions. «Kody l’a su avant moi! Quand Martin [Mondou] m’a annoncé sa décision, j’avais les yeux dans l’eau! Il y a quelques semaines à peine, je ne pensais même pas qu’il allait jouer un match junior cette saison. Sa saison allait bien dans le midget AAA. Puis il y a eu le rappel, qu’il a aussi appris avant moi, quelques matchs et le voilà dans le junior à temps plein. Je suis content pour lui, il récolte ce qu’il a semé.»

Kody Dupuis a inscrit son premier but dans la LHJMQ mercredi face aux Foreurs.

Pascal Dupuis avait lui aussi suivi les traces de son père, qui avait joué dans l’Association mondiale, mais personne n’en avait fait un plat à ses débuts dans le junior. Kody sera un peu plus exposé à de la pression, la papa en est conscient.



«Les comparaisons sont inévitables. On comprend ça. Kody veut faire un joueur de hockey, alors il a appris très jeune à ne pas s’en faire avec le bruit extérieur, à se concentrer sur les bonnes choses. J’avais quand même vérifié avec lui s’il était à l’aise d’être repêché par les Cataractes, il m’avait dit oui sans hésitation», sourit le jeune retraité, en ajoutant que son fils était en avance sur lui. «Au même âge, j’étais un défenseur qui venait d’être muté à l’attaque dans le midget AAA. Lui, il est rendu dans le junior. On verra pour la suite! Nous sommes deux joueurs différents. Mais on se ressemble quant à notre courbe de croissance. J’avais pas mal le même gabarit que lui, j’étais à 5’7’’ dans le midget AAA. Petit à petit, j’ai grandi et j’ai gagné en maturité physique. Cody était à 5’4’’ il y a un an à peine et il jouait contre des joueurs de 17 ans aux États-Unis. Quand tu es plus petit que les autres, tu développes d’autres outils comme le positionnement ou un bâton actif pour gagner en efficacité. Puis quand tu grandis, ces qualités-là continuent à bien te servir...»

Les Dupuis ont vécu un moment spécial le 31 décembre, quand Pascal a remplacé Renaud derrière le banc, lui qui était atteint de la COVID. «J’ai dirigé Kody jusqu’à ses 14 ans, alors ce n’était pas une première pour nous. Mais c’est sûr que dans la LHJMQ, c’est plus gros comme moment», confiait celui qui a marqué 50 buts à sa dernière campagne junior, en 1999-2000.

Quand Renaud a pu reprendre son poste, Pascal a retrouvé avec plaisir sa place aux côtés de Mondou dans les gradins. Il sait que son garçon est entre bonnes mains, et qu’il saura trouver sa place dans le vestiaire. «Le sérieux qu’il démontre et son éthique de travail vont lui permettre d’intégrer le groupe de joueurs sans trop de problème», prédit-il.

De son côté, Kody ne semble pas du tout intimidé par la situation. Faut dire qu’au printemps dernier, il a côtoyé les joueurs de Renaud dans leur quête vers la coupe du Président. «C’est sûr que ça m’a aidé d’avoir passé du temps avec eux. C’était un stress de moins pour moi point de vue intégration. Quand on m’a rappelé pour la période des Fêtes, mon but était de ne pas repartir. J’avais une bonne saison dans le midget AAA, avec un bon groupe de joueurs mais je préférais jouer ici. C’est sûr que c’est spécial de jouer au même endroit que mon père mais en même temps, j’ai ma propre identité. Et c’est à moi de tracer mon propre chemin.»

Il est bien parti. Du moins, selon son nouveau pilote, qui l’a vu marquer son premier but mercredi face aux Foreurs. «C’est un jeune qui est excessivement responsable sur 200 pieds. Ce qu’il a amélioré ces derniers mois, c’est sa patience avec la rondelle. On va l’aider à continuer dans cette voie», soulignait Renaud, pas gêné de diriger le fils… de l’un de ses patrons! «Je ne dois pas le diriger avec ça en tête sinon, c’est là que ça deviendrait problématique. Je le traite comme les autres joueurs, son temps de glace il doit le mériter. J’ai vu Philippe [Boucher] diriger son propre fils pendant trois ans, alors j’ai été bien préparé pour une situation comme celle-là. Il n’y a aucune zone grise.»