Depuis novembre 2022, le conseil municipal de Trois-Rivières a traité plusieurs dossiers chauds. Celui qui retient l’attention depuis plusieurs mois est l’agrandissement potentiel du parc industriel Carrefour 40-55 qui se réaliserait en partie sur des milieux humides dont l’importance est indéniable. Une rencontre d’information sur ce sujet s’est tenue le 31 mars 2022, avec pour objectif de fournir des renseignements sur le projet à la population trifluvienne.
À l’issue de cette activité, il était évident que les personnes présentes souhaitaient que la Ville tienne d’autres rencontres de ce type afin que les citoyens et citoyennes puissent approfondir le contexte du projet, détailler les bonnes pratiques environnementales et, surtout, faire entendre leurs préoccupations dans ce dossier.
Depuis, à maintes reprises, aussi bien les personnes qui appuient le projet d’agrandissement que celles qui s’y opposent ont mentionné qu’une démarche impliquant à la fois les conseillères et conseillers municipaux, les représentants du secteur économique et l’ensemble des citoyens était nécessaire pour générer la décision la plus rassembleuse.
Malheureusement, cette initiative ne s’est pas concrétisée jusqu’ici. De plus, le manque d’information et de perspectives plus larges sur les avenues alternatives de développement à Trois-Rivières a polarisé le débat, qui en est même passé aux insultes de part et d’autre. Comme dans le cas d’autres dossiers municipaux, il en a résulté la création de «barrières» entre les différentes écoles de pensée plutôt que l’établissement de «ponts» menant à un dialogue franc, ouvert et essentiel à propos du contexte de ce projet et de ses répercussions sur la collectivité trifluvienne.
Bien entendu, Trois-Rivières n’est pas la première ville à atteindre les limites de ses terrains disponibles et à devoir par conséquent stopper son étalement. Innovation et Développement économique Trois-Rivières (IDETR), principal organisme responsable du projet, détient l’expertise pour planifier «de l’intérieur» la croissance économique de la ville en optimisant l’utilisation des espaces déjà desservis par les services municipaux. Toutefois, on ne présente pour l’instant aucune autre option que l’agrandissement du parc industriel 40-55 pour poursuivre l’expansion économique de la ville, un constat qui laisse plusieurs citoyens et citoyennes perplexes, et avec raison.
Puisque les terrains visés (les milieux humides en question) appartiennent à la Ville (donc à la population trifluvienne actuelle et future) et non à des investisseurs privés, il s’avère incontournable que notre municipalité mette en branle dès maintenant des démarches publiques de participation citoyenne sur le sujet. Mobiliser les acteurs et les citoyens autour d’orientations claires en matière de développement industriel et relancer un dialogue sincère faciliterait une meilleure compréhension et probablement une meilleure acceptabilité sociale. L’avenir économique de Trois-Rivières doit certes offrir des conditions avantageuses pour l’attraction d’entreprises qui auront des effets positifs sur notre collectivité, mais également pour la planification urbaine qui tient compte de la préservation de nos écosystèmes, de nos infrastructures naturelles et de nos milieux de vie.
À titre d’élu municipal, ce qui m’importe n’est pas de savoir qui a raison ou tort, mais bien de contribuer à la meilleure décision possible pour Trois-Rivières.
Dany Carpentier
Conseiller municipal District de La-Vérendrye
Trois-Rivières