Des infirmières françaises en renfort pour pallier la pénurie de main-d'oeuvre

Linda Hery est l’une des six infirmières françaises qui sont arrivées dans la région au cours des derniers mois.

Linda Héry fait partie des six infirmières françaises qui sont arrivées dans la région au cours de l’automne. De l’aide qui a été accueillie à bras ouverts par le personnel dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre, alors que le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) compte accélérer ses efforts de recrutement à l’international au cours des prochaines années.


Partie des Antilles françaises, elle a choisi de s’installer à Shawinigan pour pratiquer au 4e étage de l’Hôpital du Centre-de-la-Mauricie après être venue en voyage avec sa famille à deux reprises. Charmée par l’accueil qui lui a été réservé, elle songe déjà à s’installer à long terme dans la région afin d’obtenir sa résidence permanente à l’issue de son permis de travail fermé d’une durée de trois ans.

«On a choisi Shawinigan parce qu’on n’aime pas les grandes villes et qu’on aime bien la nature. Shawinigan est un bon compromis. N’étant pas trop loin de Montréal et de Québec, pour voyager, pour les aéroports, pour nous, c’était une belle opportunité», ajoute Linda Héry.

Elle admet d’ailleurs que les moyens qui sont mis à la disposition des infirmières sont supérieurs à ce qui se fait en France, notamment en ce qui concerne le matériel avec lequel elles travaillent. Pour le reste, si ce n’est de quelques termes médicaux qui ne sont pas les mêmes, la pratique est très similaire, ce qui facilite l’intégration des infirmières françaises. «Je n’ai pas eu de difficulté à m’adapter. J’ai eu la chance de tomber sur une équipe accueillante», souligne-t-elle.

Jusqu’ici, l’infirmière se tire d’ailleurs très bien d’affaire, selon sa gestionnaire Nathalie Lemay. «C’est ma première expérience comme cheffe de recevoir une diplômée hors Québec et je suis honorée d’avoir pu recevoir Linda. C’est une perle. C’est comme si elle avait toujours fait partie de notre équipe. On a amené un cadeau au sein de l’équipe du 4e étage», note-t-elle.

Des efforts pour accroître le recrutement à l’international

Depuis les trois dernières années, c’est une quarantaine d’infirmières qui ont été recrutées en France. Si les efforts portent fruit comme prévu, une trentaine d’infirmières françaises devraient s’ajouter en 2023 en Mauricie et au Centre-du-Québec, dont près de la moitié est déjà confirmée. Un nombre que le CIUSSS MCQ souhaiterait maintenir, voire augmenter dans les prochaines années.

«Pour l’instant, c’est ce que l’on est capable d’avoir, parce que ça coûte des sous et que ça prend quand même une bonne année quand on les prend en charge avant que la personne arrive physiquement chez nous. Il y a beaucoup de modalités administratives, beaucoup de documents, beaucoup d’étapes à faire avec le gouvernement», explique Isabelle Rioux, la cheffe de service – attraction et acquisition de talents du CIUSSS MCQ. Elle travaille de concert avec les experts de Recrutement Santé Québec (RSQ) pour présélectionner des candidats lors de missions à l’étranger en fonction de leur expérience et de leur détermination.

Ce n’est que depuis 2019 que le CIUSSS MCQ est plus actif sur le recrutement international. Le tout a été un peu ralenti par la pandémie, mais les démarches recommencent de plus belle afin de combler une partie des besoins en soins infirmiers, alors qu’il manquerait plusieurs centaines de personnes pour combler tous les postes disponibles.

Déjà, l’établissement s’est forgé une belle réputation auprès des candidats de la francophonie. «Vous savez, ça se parle. Il y a des forums et il y a plusieurs candidats qui ont décidé de venir chez nous parce qu’ils avaient entendu parler de l’accompagnement, de la prise en charge, et du soutien qu’on leur offre pour s’intégrer [dans la communauté et dans leur milieu de travail]», ajoute Isabelle Rioux.

Celle-ci estime que les conditions salariales et les conditions de pratique sont les principaux arguments pour convaincre les infirmières de la France à traverser de ce côté-ci de l’Atlantique.

«Il y a beaucoup de gens qui veulent venir parfaire leur pratique professionnelle [au Québec]. On est le seul endroit où il y a plusieurs paliers de soins infirmiers. Ici, nous avons l’infirmière praticienne, l’infirmière clinicienne, l’infirmière, l’infirmière auxiliaire. Ça permet d’être vraiment très spécifique dans la pratique. Il n’y a pas ça ailleurs. Les infirmières, entre autres en France, nous disent que c’est plus un travail de généraliste. Ils ont moins la chance d’être plus dans l’évaluation, dans les plans de soins infirmiers et tout ça.»

«Elles sentent qu’elles sont mieux utilisées dans l’ensemble de leurs compétences avec la formation qu’elles ont, continue Isabelle Rioux. La variété de secteurs où elles peuvent pratiquer est super intéressante aussi. Ici, on leur offre d’aller dans plusieurs secteurs de médecine, de chirurgie, en soins courants, à l’hébergement, en périnatalité.»

Certaines personnes qui ont décidé de s’établir en Mauricie–Centre-du-Québec y trouvent une ressemblance à des parties de la France. «Plusieurs m’ont dit qu’ils avaient l’impression que Trois-Rivières, Shawinigan et les alentours ressemblent aux régions en banlieue de Paris en termes d’équilibre urbain-rural, de rythme de vie et de nature. Il y en a aussi qui veulent carrément sortir de Paris et ne plus avoir le rythme fou de Paris. Ils veulent venir ici pour avoir une meilleure qualité de vie avec leur famille, témoigne Mme Rioux. On essaie de vendre la région comme étant la meilleure solution parce qu’on a tous les avantages des grands centres, sans les inconvénients.»

En plus des efforts avec le RSQ, le CIUSSS MCQ participe au nouveau projet «Étudiantes Infirmières Diplômées Hors Canada» du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.

Au printemps prochain, une vingtaine d’étudiantes provenant de la République du Congo et du Sénégal suivront une formation de neuf mois au Cégep de Drummondville pour actualiser leurs compétences. Durant leurs études, elles pourront également travailler comme préposée aux bénéficiaires dans des établissements du CIUSSS MCQ.

Une fois qu’elles auront terminé leur formation, elles seront comme les finissantes en soins infirmiers et pourront pratiquer à titre de candidates à l’exercice de la profession infirmière (CEPI) avant de pouvoir passer leur examen de l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec (OIIQ).