Chronique|

Thibeault bientôt au coeur de la révolution?

Tammara Thibeault était l’invitée du promoteur Roger Lavergne.

CHRONIQUE / Autrefois perçue comme un simple élément de curiosité, la boxe féminine est en train de tourner le coin.


Mary Spencer faisait les frais de la demi-finale vendredi soir au Centre Gervais Auto.

Ce n’est pas une première, loin de là, une petite révolution est en marche.



En octobre, Claressa Shields et Savannah Marshall ont vendu 20 000 billets à Londres pour le duel avec quatre ceintures à l’enjeu. Shields est la grande vedette de son sport sur la planète, il y en a d’autres autour d’elle. Ces filles changent les perceptions en ce moment, un peu comme les sœurs Williams ont réussi cet exploit avec le tennis.

Spencer cognait à la porte de ce groupe sélect avant de subir une défaite surprise vendredi. Elle a un parcours fabuleux chez les amateurs, puis elle possède une puissance qui la distingue des autres. Pas pour rien que Shields l’a nommée cette semaine comme une adversaire potentielle sur les réseaux sociaux. Elle intrigue. Du punch, c’est vendeur. Malgré la défaite, si elle décide de continuer et qu’elle enchaîne quelques victoires, son nom va se remettre assez circuler.

La montée en force des femmes a besoin des boxeuses comme Spencer. La raison : cette montée est propulsée par les combats corsés.

Chez les hommes, c’est compliqué. Il y a les promoteurs, les réseaux de télévision, les gérants. Tout le monde veut un morceau de la tarte. Les risques sont plus redoutés que les bénéfices potentiels. Résultat, les fans restent souvent sur leur appétit car plusieurs combats qu’ils souhaitent ne se matérialisent jamais.



Les femmes n’ont pas ce luxe. Le volume de combattantes est moins élevé. Beaucoup plus rapidement, les meilleures doivent s’affronter.

Tant mieux. Ça devrait toujours être comme ça.

Le UFC est très populaire en grande partie parce que les champions ne s’évitent pas. Faudra que les promoteurs de boxe commencent à écouter les fans…

Mais revenons à la boxe féminine.

Vendredi, Spencer se battait en championnat du monde IBO sous les yeux d’une autre championne du monde, Tammara Thibeault.

La Shawiniganaise était l’invitée du promoteur Roger Lavergne. Invaincue en 2022 chez les amateurs, Thibeault s’est notamment imposée aux Mondiaux et aux Jeux panaméricains. Elle connaît aussi très bien Spencer, puisqu’elle l’a battue à Shawinigan en 2019!



«Ça s’était bien passé pour moi. J’avais… bien j’avais dominé ce combat-là», souriait la jeune femme en début de soirée. «Mais Mary a un style sur mesure pour les pros. Elle aurait pu passer chez les pros bien avant. Je suis contente pour elle.»

Mais elle n’est pas pressée de l’imiter. Dans sa mire d’abord et avant tout, il y a les Jeux olympiques de Paris en 2024. «J’ai encore des choses à faire chez les amateurs. C’est sûr que je me rends jusqu’à Paris. J’y vais une étape à la fois, mais oui, je me vois par la suite passer chez les pros.»

Thibeault sait que ça commence à bouillonner chez les femmes en boxe pro. Elle était aussi ringside le mois dernier à Manchester, où Marie-Ève Dicaire et Natasha Jonas ont livré un combat de championnat du monde avec trois ceintures à l’enjeu. C’est Jonas qui a eu le dessus. «J’avais un camp d’entraînement en Angleterre en même temps, alors l’occasion était belle d’aller encourager une fille d’ici dans un gros combat», expliquait Thibeault, qui lui a servi de partenaire d’entraînement. «J’ai aimé ça. C’est différent du sparring pro, le tempo est un peu plus lent, les coups sont plus calculés.»

«Je vois bien que notre sport est en train de grandir, espérons que ça va continuer comme ça jusqu’à mon arrivée! Plus ce sera développé, plus ce sera amusant!»

En passant, aucun promoteur n’a encore approché la longiligne boxeuse. «Tout le monde sait que je me prépare pour les Olympiques, j’imagine que les promoteurs respectent mon plan. J’espère que certains vont s’intéresser à moi après Paris!»

Elle n’a pas trop à s’inquiéter, surtout si elle fait honneur à son statut de favorite aux Jeux. Avec une médaille olympique au cou, après l’or au Mondiaux, ils vont faire la file pour l’enrôler...