Chronique|

Des Tigres en embuscade

Carl Malette, Maxime Pellerin, Kevin Cloutier et les Tigres se plaisent à déjouer les calculs depuis le début de la saison.

CHRONIQUE / Les Tigres de Victoriaville n’ont pas attendu le début de la période des transactions pour avertir tout le monde de leurs aspirations.


Avant un important week-end face au Phoenix de Sherbrooke, le directeur-gérant Kevin Cloutier a fourni de nouvelles munitions de grande qualité en procédant à l’acquisition du vétéran de 20 ans William Veillette.

Il y a quelques mois à peine, personne n’aurait parié sur un scénario faisant des Tigres des acheteurs à la fin de 2022. Ils venaient de rater les séries, ils devaient écouler une saison de transition avant de revenir à maturité l’an prochain.



Carl Malette et ses joueurs avaient un plan différent.

Depuis le jour 1, ils rivalisent sans problème avec tout le plateau, incluant les clubs de tête.

Il y a quelques semaines, Cloutier a établi des cibles à atteindre pour procéder à du magasinage plus hâtif. Depuis, les Tigres ne savent plus comment perdre! Aucune équipe n’a réussi à les renverser en temps réglementaire à leurs 11 dernières sorties.

Attention, ça ne veut pas dire toutefois que Cloutier va se mettre à dépenser sans compter. Le capitaine des Cataractes s’insérait bien dans la chimie d’équipe, il est passé aux actes. On devine qu’il aimerait maintenant au moins greffer un défenseur d’expérience à sa jeune brigade. Mais Cloutier n’a pas l’intention de tout chambarder. «J’ai de la misère avec le concept d’y aller all in. Je ne me vois pas entrer six ou sept nouveaux joueurs dans ma chambre. Je n’ai pas fait ça il y a deux ans, et nous avons soulevé la coupe du Président. Les Cataractes n’ont pas tout chambardé non plus la saison dernière et ce sont eux qui ont eu le dessus à la fin. Mon travail, c’est de trouver une façon d’améliorer mon équipe tous les jours. Mais ça ne veut pas dire de multiplier les transactions...»



Cloutier a pris connaissance des propos de Patrick Roy sur l’état du marché. Selon le patron des Remparts, les prix sont actuellement démesurés. Cloutier n’a pas exactement la même perception. «Ça dépend à qui on parle. Moi, j’aime travailler avec des comparables. J’ai payé pour Veillette ce que j’avais reçu pour Frenette l’an passé. Avec un gars comme Martin (Mondou), ça se passe bien, tu as toujours l’heure juste dans les négociations. Avec d’autres par contre, c’est vrai que parfois c’est plus compliqué», sourit Cloutier. «C’est normal à ce temps-ci de l’année que les prix soient plus élevés. Ça va s’ajuster. Il y a plusieurs bons joueurs disponibles, et pas tant d’équipes acheteuses à ce que je peux voir. Le marché va changer au fur et à la mesure qu’on va se rapprocher de la date limite des transactions.»

Cloutier s’attend néanmoins à quelques surprises. Si les Tigres ont changé leur fusil d’épaule, d’autres peuvent eux aussi s’ajuster. «Olympiques, Phoenix, Remparts et Mooseheads visent les grands honneurs. De notre côté, on vient de poser un geste significatif. Ça fait cinq. Ça se peut qu’il y ait d’autres acheteurs, qui souhaitent passer une ou deux rondes en s’améliorant afin d’aller chercher du vécu de qualité...»

Chez les Tigres, la fenêtre semble ouverte pour les deux prochaines années. Est-ce que ça va changer l’approche de Cloutier? «Pas vraiment. Tout le monde aimerait obtenir des joueurs en mesure d’aider son équipe pour deux ans, mais ces gars-là sont très rarement disponibles à moins d’offre hostile. Des gars comme Jordan Tourigny et Angus Booth, par exemple, doivent être convoités, mais je doute que les Cataractes aient l’intention de les bouger. Il faut travailler avec ce qu’il y a sur le marché...»

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L’herbe n’est pas toujours plus verte chez le voisin

On a souvent entendu des histoires sur des jeunes adolescents qui ne voulaient endosser l’uniforme du Drakkar de Baie-Comeau ou d’autres petits marchés de la LHJMQ. Certains brandissaient la menace de s’expatrier aux États-Unis pour s’assurer de contourner quelques villes. 

C’est rafraîchissant de savoir que l’inverse est parfois vrai.

Après avoir amorcé la saison au pays de l’Oncle Sam, Félix Hamel a mis le cap sur Baie-Comeau il y a deux semaines. Après avoir fait le tour des installations de l’équipe et vérifié comment Jean-François Grégoire travaillait avec son groupe, il a abandonné son projet de dénicher une bourse NCAA afin de défendre les couleurs du Drakkar. Et il a été assez transparent sur les raisons qui l’ont poussé à jeter son plan à la poubelle.

Félix Hamel a finalement préféré la LHJMQ à la route américaine.

«Je ne veux rien dire de mal sur les Bruins de Boston Jr, j’ai été bien accueilli là-bas et on me traitait bien. Le problème, c’était l’encadrement hockey. Nous étions quatre gardiens au sein de l’équipe, et l’entraîneur des gardiens était rarement disponible pour travailler avec nous. Disons qu’à mon âge, je pense que j’ai besoin d’un meilleur encadrement», confiait l’athlète de 17 ans, ex-membre des Estacades midget AAA. «À Baie-Comeau, l’entraîneur des gardiens est sur la glace avec nous tous les jours. Je sens que je suis à la bonne place pour progresser. Je connaissais déjà quelques gars dans l’équipe, mon intégration s’est bien déroulée alors j’ai sauté à bord du navire.»

Hamel a fait ses débuts dans son patelin mercredi soir face aux Cataractes! Il a eu droit à tout un baptême, accueilli par 20 tirs et trois buts accordés en première période! «Ce n’est pas le départ que j’espérais, c’est clair. Je suis quand même fier de mon match, je ne me suis pas laissé abattre par cette première période, j’ai continué à me battre. C’est l’attitude que je dois avoir chaque fois que je prends le filet.»