Il y a un combat de championnat du monde IBO.
Il y a un des poids lourds les plus craints sur la planète.
La sous-carte semble bien équilibrée.
Pas moins de sept pays sont représentés dans les sept combats à l’affiche.
C’est du gros stock.
Comme tout bon promoteur de boxe, Camille Estephan aime bien gonfler un peu les histoires mais cette fois-ci, on ne peut que lui donner raison: c’est une soirée de boxe des ligues majeures qui nous attend à la fin de la semaine.
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Dont le point de mire est Mary Spencer.
Rarement un boxeur avec sept combats à sa fiche aura autant fait parler que Spencer.
C’est la nouvelle coqueluche de la boxe québécoise.
Contrairement à la majorité des filles qui misent d’abord et avant tout sur leur technique, Spencer est propulsée par une puissance dévastatrice. Elle a connu une superbe carrière amateur, techniquement elle est solide elle aussi. Mais cette puissance la démarque du lot, et en fait déjà une incontournable sur la scène mondiale.
Tenez, Clarissa Shields, probablement la plus grande vedette de la boxe féminine en ce moment, a indiqué sur les réseaux sociaux pas plus tard que lundi soir qu’elle souhaitait affronter la crème des 154 livres. Elle a nommé trois championnes, dont Spencer!
La IBO a elle aussi saisi l’impact que pouvait avoir l’Ontarienne sur l’échiquier mondial, elle a donc rendu sa ceinture disponible pour son prochain duel à Shawinigan. En Femke Hermans (13-4), Spencer aura devant elle sa rivale la plus crédible depuis qu’elle est passée chez les pros. C’est la rampe de lancement parfaite pour une fille qui n’a pas de temps à perdre, qui vise les plus hauts sommets rapidement.
Et puis, le hasard fait bien les choses. C’est à Shawinigan, dans la ville natale de son amoureuse, que Spencer aura la chance de cueillir un premier titre mondial. «Un scénario de film», sourit la jeune femme, dont c’était l’anniversaire en début de semaine.
Ce sera son deuxième duel dans la ville de l’électricité. Le premier est passé un peu incognito. Avant de graduer chez les pros, l’un de ses derniers combats amateur fut livré au centre Gervais Auto face à Tammara Thibeault en 2019. Surprise, c’est la jeune Shawiniganaise qui avait eu le dessus! «Tout le monde sait que je revenais d’une pause de trois ans. Ce que les gens ne savent pas, c’est que durant ces trois ans, je n’ai pas juste arrêté la boxe, j’ai tout arrêté! Ça prend du temps pour repartir la machine, physiquement et mentalement. Je suis une boxeuse bien différente aujourd’hui.»
On la croit sur parole.
Faut dire que chez les pros, sa puissance est mieux servie. Les gants sont plus légers, il n’y a pas de casque. Spencer est maligne, elle tend des pièges, elle accepte de prendre des coups au besoin puis bang, elle punit sa rivale.
Elle a un peu de Mike Tyson dans le nez.
Les fans qui vont la découvrir vendredi risquent fort de l’adopter. Imaginez si en plus, elle faisait l’effort de lancer quelques mots en français au micro…
Makhmudov en finale
Même si Spencer risque de voler le spectacle, c’est Arslanbek Makhmudov qui fera les frais de la finale.
Le gros Russe récemment mis sous contrat par Top Rank va affronter un vieux routier. Michael Wallisch n’était pas le plan A, ni le plan B, mais c’est le meilleur boxeur qui était prêt à se mesurer à lui en décembre.
«Dans le milieu, Arslanbek Makhmudov est perçu comme un top 3 au monde. Malheureusement, en ce moment, il n’amène pas les revenus qui vont avec ce statut et donc il est jugé comme un trop grand risque», notait Estephan.
Il sait de quoi il parle, il a collectionné une vingtaine de refus.
Tenez, deux boxeurs élites, Efe Ajagba et Oscar Rivas, font partie du lot qui ont décliné l’invitation et préféré se battre entre eux dans un petit casino à Verona en janvier. «On a essayé Anthony Joshua, on a essayé d’autres très bons boxeurs. Ajagba a accepté moins d’argent pour se battre avec Rivas. Je vous laisse tirer vos propres conclusions», laisse tomber Estephan, qui se méfie de Wallisch. «Il n’y a jamais rien d’écrit d’avance en boxe. Les gros combats s’en viennent pour Arslanbek mais ça ne donne rien d’en parler avant le combat face à Wallisch. On s’est fait prendre une fois avec Simon (Kean) face à Dillon Carman, ça n’arrivera plus. Ce Wallisch a de l’expérience, il nous réserve des surprises j’en suis certain.»
L’entraîneur Marc Ramsay plaide la même cause. «Wallisch est peut-être plus dangereux qu’Ajagba. Ce dernier a toute une droite mais si tu arrives à l’éviter, tu as fait une grosse partie du travail. Wallisch a plus d’outils et c’est un boxeur offensif. Il va s’essayer. Je ne peux pas dire combien de temps le combat va durer, mais ça va être explosif.»
Voilà pour les deux principaux combats de la soirée. Il y a aussi Steven Butler et Thomas Chabot sur la carte.
Les promoteurs espéraient remplir le centre Gervais Auto de 5000 fans. Aux dernières nouvelles, 3000 billets avaient été écoulés, ce qui constitue une petite déception. «Il reste encore du temps. Le retrait de Simon (Kean), qui s’est blessé, a freiné les ventes. C’est un combattant local, on peut comprendre. Mais Mary a maintenant des racines ici, et Arslanbek dit qu’il considère Shawinigan comme sa deuxième résidence maintenant. Ce sont deux athlètes exceptionnels, qui seront impliqués dans des combats offensifs. On espère que les fans seront au rendez-vous», a glissé Estephan, qui ne ferme pas la porte à revenir à Shawinigan avec eux dans le futur, quand les enjeux seront encore plus gros. «Depuis un bout de temps, nos plus gros galas on les fait ici. On sent la passion des fans, on adore notre complicité avec les Cataractes. Plus les boxeurs montent les échelons, plus les revenus se retrouvent dans la diffusion, alors il n’y a pas vraiment de limites à ce qu’on peut amener à Shawinigan si la région continue d’être derrière nous», conclut Estephan.