«Ç’a été une réaction très forte», avoue-t-il en entrevue avec Le Nouvelliste.
Il souligne que les propos de Carey Price ont provoqué un malaise, mais également beaucoup de questionnements.
«Est-ce que ça vient de son propre gré, ou bien est-ce qu’il a été influencé par quelqu’un ou par un groupe pour faire cette déclaration à ce moment-ci? On peut se poser la question, mais je n’ai pas de réponse. On se demande pourquoi.»
Même s’il convient que l’athlète a le droit à son opinion sur le projet de loi C-21, il soutient que la notoriété de Carey Price, le fait qu’il soit une figure publique respectée, un modèle et une référence sportive, accentue le malaise et la confusion dans un débat qui est «extrêmement sensible et extrêmement important».
«Ce qu’il dit a des impacts, bien évidemment.»
«Ça nous fait mal une déclaration comme celle-là. D’autant plus que l’arme qu’il tient dans ses mains ce n’est pas une arme qui sera bannie dans le projet de loi. C’est une arme qui sera acceptée. […] Il n’a jamais été question de bannir toutes les armes de chasse», précise M. St-Arneault qui est également membre du mouvement PolySeSouvient.
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Dans les derniers jours, le gardien de but du Canadien de Montréal s’est affiché très clairement contre le projet de loi C-21 sur les réseaux sociaux. Il a également manifesté son soutien à la Coalition canadienne pour les droits des armes à feu (CCDAF) qui a, elle aussi, suscité de vives réactions pour avoir utilisé l’acronyme «POLY» comme code promotionnel. Un geste qui passe mal.
«Je me sens insulté», lance M. St-Arneault.
«C’est une insulte carrément. Je pense que c’est intentionnel. Ils se sont sentis vexés qu’on s’en prenne aux armes à feu. C’est d’une maladresse… C’est un manque de sensibilité, un manque de respect, un manque total de considération… pour les femmes en particulier. C’est une espèce de provocation», ajoute-t-il.
Pour Serge St-Arneault, l’indignation du joueur de hockey est injustifiée. Le Latuquois estime qu’il faut laisser parler les experts.
«La variété des opinions est souhaitable. Elle est source de progrès et mène à des solutions. Sur des sujets complexes, l’avis des experts est une aide précieuse. Émettre une opinion sans fondement sur un enjeu important risque de mener à la désinformation.»
«La question de la définition des catégories d’armes à feu est difficile, même entre les experts. Malgré tout, de nombreux pays ont adopté des mesures restrictives sur la possession d’armes à feu: la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Suède, la France, le Royaume-Uni et Israël», fait-il remarquer.
Rappelons que le gouvernement libéral a déposé, au printemps dernier, le projet de loi C-21 sur le contrôle des armes à feu au Canada. Un moment historique selon Serge St-Arneault.
«C’était un événement extrêmement fort, c’était électrique.»
Pour lui, les récents amendements proposés par le gouvernement fédéral respectent les engagements du ministre Marco Mendicino.
«Les armes de chasse légalement utilisées pour les chasseurs consciencieux et respectueux des lois ne sont pas prohibées. Leur chasse demeure un sport. Étant donné son caractère de dangerosité, la possession et l’utilisation d’armes à feu nécessitent des mesures de sécurité rigoureuses», note M. St-Arneault.
Ce dernier se souvient d’ailleurs de certaines conversations avec des chasseurs alors qu’il travaillait à l’usine de papier de la C.I.P à La Tuque, sa ville natale. Un d’eux lui avait alors souligné que «la chasse est un sport. Comme dans tous les sports, il faut donner une chance à l’adversaire selon les règles du jeu. À la chasse, l’animal doit avoir sa chance. Il en tient au chasseur d’être habile».
Serge St-Arneault rappelle qu’au Canada, la possession d’une arme à feu est un privilège, pas un droit, et soutient qu’il est légitime d’«exiger que ce droit s’exerce uniquement pour des chasseurs munis d’une arme à feu moins létale que celles utilisées par des militaires, conçues pour tuer, ou celles de type semi-automatique ou modifiable».
Commémoration du féminicide du 6 décembre 1989
Comme chaque année, Serge St-Arneault a participé à la cérémonie au belvédère Kondiaronk sur le mont Royal. Des roses blanches ont été déposées devant les photos des 14 femmes décédées. Leurs noms ont été prononcés au moment où les faisceaux bleus se sont allumés sur le belvédère.
«Contrairement aux autres années, et à cause de la forte pluie, la cérémonie a eu lieu à l’intérieur du chalet. La solennité de l’événement a fait place à la sobriété. […] Ce n’est pas mauvais. Ça permet de goûter le silence et la gravité de l’événement qui s’est déroulé il y a déjà 33 ans», commente-t-il.
«J’étais entouré de plusieurs dizaines de jeunes étudiantes et étudiants en génie provenant de différents centres universitaires. Cette jeunesse est un signe d’espérance. La relève est là!», se réjouit-il.
Si l’émotion est différente d’un 6 décembre à l’autre, il s’agit toujours d’une occasion de rendre hommage à sa sœur. Nathalie Provost, une survivante de la tuerie, écrivait d’ailleurs dans une lettre ouverte publiée récemment dans les médias qu’Annie St-Arneault était femme lumineuse, le genre de personne qu’on ne peut pas s’empêcher d’aimer, et qu’elle faisait l’unanimité.
Elle soutient qu’elle était une femme douce, curieuse, et ouverte d’esprit, ce à quoi acquiesce le frère d’Annie St-Arneault.
«C’est une très belle définition d’Annie», a-t-il conclu.