Ils étaient quelque 635 à assister à l’évènement, un bond considérable en comparaison avec les concerts précédents. Il faut probablement retourner deux ans en arrière pour trouver des assistances comparables.
La très bonne nouvelle dans ce contexte déjà favorable, c’est que le public a eu droit à un magnifique moment musical avec un chef invité, Jean-Marie Zeitouni, très habité pour offrir une lecture inhabituelle, mais brillante d’un monument universellement apprécié.
Au conventionnel Messie grandiose, il en a opposé un tout en finesse et en subtilités, s’accrochant au texte, socle premier de l’oeuvre. C’est là une vision quasiment intimiste qui révèle complètement les interprètes, les solistes comme les instrumentistes ou le choeur. Les effectifs réduits ont semblé ramener l’oeuvre à sa nature même.
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On souligne ici l’apport très précieux de la technologie numérique qui permettait de suivre sur son téléphone intelligent le programme de la soirée avec toutes les paroles des chants. La compréhension fine que cela permettait d’avoir de l’oeuvre était d’une remarquable pertinence.
Certes, on a déjà savouré des Hallelujah! plus grandiloquents, mais dans la version offerte samedi, il y avait une cohérence qui donnait tout son sens à la vision du chef.
Difficile de ne pas noter les nuances excessivement précises que maestro Zeitouni a obtenu des musiciens. Il doit être un sapré communicateur pour avoir su les faire adhérer avec autant de conviction. Dans sa proposition toute en nuances, il a aussi su mettre en exergue chaque instrumentiste comme s’il arrivait à se faire entendre individuellement.
Les vingt voix qui composaient le choeur Vocalys ont aussi été mises en valeur ce qui a permis d’apprécier leur professionnalisme. On savait déjà que c’est un choeur d’exception, mais on a découvert que la pandémie ne l’a nullement diminué.
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Chez les solistes, on garde une image forte de la contralto Rose Naggar-Tremblay, envoûtante, et de l’expressivité du baryton Phillip Addis. Tous les chanteurs ont assumé avec aplomb les exigences athlétiques de la partition de Haendel.
Une proposition différente
Jean-Marie Zeitouni affichait un sourire révélateur quand il s’est présenté aux convives du cocktail qui a succédé au concert. «Ce que j’ai proposé aux musiciens est différent de ce qu’ils ont l’habitude de faire et tout le monde a vraiment embarqué dans ma proposition, a-t-il expliqué. C’est vrai qu’on était bien préparés: je suis arrivé avec mes propres partitions très clairement annotées parce qu’il aurait été impossible de faire un travail aussi méticuleux en deux jours si on avait commencé avec des partitions vierges.»
«Après, c’est vrai qu’il faut interpréter ensemble et on a eu une très belle communication. Je pense que pour eux, c’est très valorisant de voir cette œuvre très connue avec des yeux neufs. De la redécouvrir en épurant, en revenant simplement à ce que le texte dessine musicalement.»
«On a beau l’avoir dirigé souvent, Le Messie est toujours un voyage extraordinaire. C’est une histoire passionnante qui est illustrée en musique de façon tout aussi passionnante. Quand je rentre là-dedans, je passe des ténèbres à la vie; c’est ce que je vis en temps réel parce que je dois l’incarner pour arriver à le transmettre aux musiciens. Je suis comblé par ce qu’on a offert ce soir.»
Le chef ne pouvait être plus satisfait que la directrice générale de l’OSTR, Natalie Rousseau qui avait dit au cours de la semaine dernière qu’elle n’avait jamais eu aussi hâte d’entendre Le Messie. «Mes attentes ont été très amplement comblées. C’était une interprétation extraordinaire et en plus, on est vraiment contents de nos ventes de billets. Un tel concert ne peut qu’inciter les gens à revenir. Surtout que le prochain grand concert, en février, sera aussi dirigé par Jean-Marie, un chef fabuleux.»
Elle qui a assisté aux répétitions a pu noter la cohésion que ce chef invité, mais de plus en plus près de l’orchestre trifluvien a réussi à établir au sein des troupes. «Même les choristes de Vocalys ont dit qu’ils étaient renversés de constater à quel point les musiciens de l’orchestre les écoutaient vraiment attentivement. Tout le monde était extrêmement soucieux de bien répondre à ce qui leur était demandé par le chef. Jean-Marie a non seulement réussi à créer une chimie des musiciens entre eux, mais aussi avec le choeur qui n’est pas un partenaire régulier avec le reste de l’orchestre.»
Autre objet d’enthousiasme pour la dg, la situation pandémique n’est en rien venue perturber les plans au cours de la dernière semaine, une première depuis deux ans. «Nous n’avons eu aucune anicroche. J’ai l’impression que c’est le signe que la situation se stabilise et qu’on est en train de revenir tranquillement à la normalité», a-t-elle laissé entendre avec un sourire pour le moins éloquent.