Avocate de profession, Marie-Christine est originaire de Shawinigan où sera présenté le gala de boxe du 16 décembre. Mary est l’une des têtes d’affiche de l’événement présenté dans la ville natale de son admiratrice numéro un.
«C’est fantastique! Je ressens de la fierté», souligne Marie-Christine qui dit être plus enthousiaste que nerveuse à l’approche du combat très attendu de sa conjointe.
Le couple aime regarder des vidéos de boxe. Mary n’hésite pas à demander l’avis de Marie-Christine qui assiste à tous les combats de sa championne.
«J’arrive avec un œil nouveau», dit-elle au sujet des observations qu’elle partage bien humblement avec elle.
Marie-Christine découvre un sport fascinant qu’elle compare à un jeu d’échecs où l’une des stratégies consiste à tendre des pièges à l’adversaire.
«La boxe, c’est vraiment plus complexe que de donner des coups. Ça se passe aussi au niveau des déplacements, des feintes, etc.», décrit-elle sous le regard amusé de l’experte en la matière.
Marie-Christine Levasseur et Mary Spencer résident à Montréal. Elles se sont connues par le truchement d’un site de rencontres. Les deux femmes ont «cliqué» sur leur profil respectif et l’amour s’est révélé comme une évidence au fil de leurs rendez-vous. Un an plus tard, un mariage venait sceller leur union.
«Un coup de foudre», décrivent-elles en se jetant un regard complice. Assises côte à côte, Marie-Christine et Mary sont aussi souriantes que réservées, mais acceptent volontiers de se prêter au jeu de l’entrevue en visioconférence qui se déroule tantôt en français, tantôt en anglais, la langue maternelle de la boxeuse qui est née à Wiarton et a grandi à Windsor, en Ontario.
Avant de faire la connaissance de son amoureuse, Marie-Christine n’avait jamais entendu parler de ses exploits sportifs sur la scène nationale et internationale. Elle a donc fait comme moi lorsqu’on m’a proposé de faire une chronique sur Mary Spencer: une recherche sur le Web.
C’est ainsi que Marie-Christine a appris que celle qui faisait battre son cœur est une athlète qui a connu une «fabuleuse» et une «fructueuse» carrière chez les amateurs, ai-je pu lire en écarquillant les yeux.
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On rapporte que la «triple championne du monde» a livré 177 combats chez les amateurs, qu’elle a également été une «pionnière» de sa discipline en participant en 2012 aux Jeux olympiques de Londres, année où la boxe féminine a fait son entrée.
Bref, je peux parfaitement comprendre Marie-Christine lorsqu’elle me dit avoir été impressionnée par le parcours de son épouse qui est également présentée comme une «fière représentante» de la Première Nation ojibwée.
Marie-Christine peut en témoigner: «C’est important pour elle d’inspirer les jeunes, de les encourager à travailler fort pour aller au bout de leur rêve.»
C’est ce que fait Mary depuis qu’elle a enfilé des gants de boxe pour la première fois, à 17 ans. Être une fille n’allait surtout pas l’empêcher de monter sur un ring. Le pouvoir de la confiance en soi et de la détermination est au coeur de son discours qu’elle partage avec conviction.
«La boxe m’a beaucoup aidée dans la vie», affirme celle qui, entre ses entraînements et combats, s’implique auprès des communautés autochtones. La femme de 37 ans oeuvre au sein de l’organisme Nishnawbe-Aski Legal, un programme qui offre aux familles des services et du soutien pour prévenir la criminalité et favoriser une approche de justice réparatrice.
Mary pourrait parler longuement du sport en tant que moyen efficace pour tenir les jeunes à abri de situations qui pourraient les mettre dans le pétrin.
Quelques fois par année, la boxeuse retourne à Kashechewan, une nation crie au nord de l’Ontario. Mary connaît bien l’endroit. Après les Olympiques de Londres de 2012, elle s’est installée là-bas pour s’accorder une pause de la boxe.
«C’est une longue histoire...», ajoute la femme, sourire en coin.
Mary Spencer a profité de ce temps d’arrêt pour enseigner et développer des activités sportives pour les élèves de la communauté. Elle raconte en riant que certains d’entre eux ont découvert, via la magie d’Internet, que celle qui les initiait au basket excellait davantage à la boxe, une discipline qu’elle a accepté de leur enseigner en plus d’y mettre sur pied une salle d’entraînement.
Son amour pour ce sport ne s’était pas éteint. Mary est remontée sur le ring, à titre de professionnelle cette fois, tout en continuant de rendre visite aux enfants de sa communauté d’adoption.
«Elle s’assure de toujours prendre du temps pour eux. Je trouve ça remarquable.»
Marie-Christine a raison. Mary livre un message très inspirant aux jeunes qui l’ont d’abord côtoyée en tant que suppléante. Elle est maintenant une des leurs et son enseignement va bien au-delà de la boxe.
«Après plus de deux ans sans entraînement, Mary s’est relevée pour remonter les échelons», affirme Marie-Christine avec admiration pour celle qu’elle aime.
Parmi les quelques milliers de spectateurs qui sont attendus au centre Gervais Auto, Mary Spencer pourra compter sur les applaudissements nourris d’un petit groupe d’adolescents. Ils sont venus de très loin, de «Kash», pour répondre à l’invitation de la boxeuse qui leur sert d’exemple, sur un ring comme dans la vie.
L’inverse est également vrai.
Peu importe le dénouement du combat, ces jeunes seront une grande source de motivation pour leur mentore.