Au terme d’un procès qui a commencé le 7 novembre à Shawinigan, le jury a rendu son verdict ce mercredi 30 novembre en toute fin de matinée. Dans le box, l’accusé, âgé de 22 ans, a été incapable de retenir ses larmes en apprenant la nouvelle.

Dans ce dossier, aucune défense n’avait été présentée au jury. Les avocats Me Martin Latour et Me Marylie Côté étaient convaincus que la preuve de la Couronne ne permettait pas de condamner leur client sur le chef de meurtre, tout en rappelant que celui-ci a toujours clamé son innocence. «Oui, M. Chettah était présent sur les lieux mais c’est le mineur qui a commis le meurtre. Celui-ci a d’ailleurs plaidé coupable à cette accusation de meurtre et des procédures sont en cours actuellement concernant sa sentence. Manifestement, le jury a retenu notre thèse», a précisé Me Latour à sa sortie de la salle d’audiences.

Rappelons d’emblée que diverses ordonnances de non-publication ont été prononcées dans le cadre de ce procès par le juge Carl Thibault et précédemment, devant le Tribunal de la Jeunesse, de sorte que des informations ne peuvent être dévoilées publiquement et ce, pour préserver les droits des présumés complices qui n’ont pas encore subi leur procès et celui du mineur qui est toujours en attente de sa sentence.

Selon ce qu’il est possible de divulguer, un complot a été fomenté afin de tuer une femme demeurant sur la rue Dufresne à Shawinigan dans le but principal de lui voler son argent. La consommation de stupéfiants des suspects pourrait être à l’origine de ce projet.

Le 9 mars 2020, Yanis Mohamed Chettah s’est rendu au domicile de cette femme en compagnie du fils de celle-ci, un adolescent de 16 ans. Par contre, la dame était absente. Dans le logement, il n’y avait que son conjoint, un homme d’une cinquantaine d’années. Malgré tout, il a été poignardé à plusieurs reprises et roué de coups avec un bâton. Pas moins de 29 plaies pénétrantes et plusieurs lésions ont été retrouvées sur son corps lors de l’examen. Quant à la somme d’argent qui aurait été volée dans le logement, elle est d’environ 50 $.

Vers 4 h du matin, c’est sa conjointe qui l’avait retrouvé inerte au sous-sol. Dans l’appel 911, on l’entend pleurer au téléphone, demander de l’aide pour son conjoint et dire qu’elle soupçonne son propre fils d’être impliqué dans cette affaire.

Me Catherine Vincent et Me Benoît Larouche à la Couronne n’ont pas caché leur déception devant ce verdict. «On respecte tout de même le résultat de 12 citoyens qui ont trouvé un doute raisonnable dans la preuve présentée pendant trois semaines. Actuellement, nous sommes un peu bouleversés par des résultats aussi rapides; on va prendre le temps d’analyser le verdict et les décisions rendues par le juge lors du procès», a mentionné Me Larouche.

La date des plaidoiries sur sentence devrait être fixée au prochain terme des assises à Shawinigan.

Yanis Mohamed Chettah est détenu depuis son arrestation en mars 2020. Puisque la détention préventive peut être calculée à temps et demi pour l’infraction de complot pour meurtre, le juge devra tenir compte du fait qu’il est incarcéré depuis quatre ans lors du prononcé de la sentence.

Cependant, comme ce citoyen algérien a un statut de visiteur au Canada, tout porte à croire qu’il sera déporté vers son pays une fois sa peine purgée.

Par ailleurs, rappelons que le mineur a plaidé coupable à l’accusation de meurtre au premier degré admettant donc avoir assassiné son beau-père. Quant à l’accusation de complot en vue de commettre le meurtre de sa mère, ce chef a été suspendu conditionnellement, compte tenu de son plaidoyer de culpabilité sur l’infraction la plus grave. Les plaidoiries sur sentence ont commencé la semaine passée. La Couronne veut obtenir un assujettissement afin que le jeune homme, qui avait 16 ans lors du meurtre, soit condamné à une peine pour adultes.

En ce qui concerne les deux autres coaccusés dans cette affaire, il s’agit de Dannika Therrien-Fortin et Étienne Deschênes. Ils font face à des accusations de complot en vue de commettre le meurtre de la femme et de complicité après le fait du meurtre de l’homme. Leur dossier a été fixé au prochain terme des assises ce 7 décembre.