C’est un de ces moments de télé qui passera certainement à l’histoire. À l’instar de cette histoire de vaches fugueuses qui donnent des maux de tête à sa municipalité depuis plusieurs mois déjà, on peut dire que Marie-Andrée Cadorette a créé le buzz au Québec.
«C’est rare que l’on voit une telle réaction, surtout quand on parle d’un invité qui n’est pas connu du grand public», constate Guy A. Lepage. Or, la générosité de la dame, son franc-parler et son humour ont clairement fait la différence.
De Véronique Cloutier à Alex Perron en passant par les députés Pascal Bérubé et Monsef Derraji, les commentaires dithyrambiques envers l’entrevue de Mme Cadorette ont inondé les réseaux sociaux dimanche soir et lundi matin, le Québec se réveillant avec un nouveau visage chouchou, visiblement. Sur Twitter, les internautes ont déjà commencé à réclamer qu’on lui réserve son propre sketch au Bye Bye 2022. Et on se demande encore si le réalisateur Xavier Dolan, assis à ses côtés durant l’entrevue et clairement séduit par la répartie et l’humour de la femme, n’aura pas envie de s’en inspirer pour un prochain personnage.
«Elle était nerveuse en arrivant sur le plateau, mais il n’y avait pas de raison parce qu’elle maîtrisait tellement bien son sujet. Alors moi, j’ai appris toute son histoire avant de faire l’entrevue. Je l’ai vue pour la première fois deux minutes avant d’entrer sur le plateau et je lui ai dit: regarde-moi dans les yeux durant l’entrevue, ça ira bien. En posant des questions, j’ai fait comme si c’était une comédie qu’il fallait raconter, une étape à la fois. Elle a embarqué. Et d’une étape à l’autre, je la relançais pour connaître la suite. Ça a été très facile, elle a été tellement généreuse», raconte Guy A, Lepage.
Pour celui qui agissait comme le fou du roi, MC Gilles, cette présence sur le plateau était rafraichissante. "Sur ce genre d'émission, plus les gens sont vrais, mieux c'est. Là, c'était totalement vrai et authentique. C'était clairement une des meilleures entrevues dans l'histoire de ce show", expose celui qui a sa résidence en Mauricie, à Sainte-Anne-de-la-Pérade.
Était-ce cet attachement pour un patelin de sa région qui l'a incité à pousser ce sujet avec l'équipe? "J'avais eu l'occasion de parler à Mme Cadorette dans une entrevue avec Patrick Lagacé au 98,5 et je savais qu'elle était excellente. En même temps, avec la montréalisation des médias, ça fait du bien d'entendre parler de ce qui se passe ailleurs, dans nos régions. On devrait le faire plus souvent", croit MC Gilles.
Une présence à ce point marquante pour mériter un sketch au Bye Bye, comme l’ont suggéré tant d’internautes? «Je ne travaille pas sur le Bye Bye. Mais si j’y étais, j’y songerais sérieusement», laisse entendre Guy A. Lepage.
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Lundi, la directrice générale de la Municipalité a souhaité prendre du recul par rapport à tout cet engouement médiatique causé par son passage à la grande messe télévisuelle du dimanche soir. Elle a préféré décliner les demandes d’entrevues et indiquait ne plus avoir l’intention de faire de sortie médiatique.
Le maire, Jean-Yves Saint-Arnaud, n’en revenait toujours pas de voir à quel point cette histoire a pu causer autant de commotion à travers la province et suscité l’intérêt des médias à travers le monde.
«Oui, depuis le premier jour je suis surpris, et ça n’a jamais cessé de prendre de l’ampleur. Encore ce matin (lundi), on continue de recevoir des commentaires, des gens qui nous écrivent et qui veulent nous aider. Juste pendant que je vous parle, j’ai onze messages qui viennent de rentrer», explique le maire, qui s’est dit tout de même satisfait de son passage à l’émission avec sa directrice générale.
«Nous étions nerveux, c’est certain, mais je ne pouvais pas m’imaginer que ça puisse mal se passer. Mme Cadorette est volubile et je sais à quel point elle maîtrise bien ses dossiers. Et toute l’équipe de tournage et les recherchistes ont été très sympathiques, ils ont su nous mettre en confiance», confie-t-il.
Bien au-delà de l’anecdote, du fait divers ou de la rigolade, cette histoire de vaches en cavale aura surtout mis en lumière les faiblesses du système, lorsqu’un dossier se retrouve à tomber entre les craques du plancher. MAPAQ, Faune, SPA, SQ... Quand ça ne cadre pas dans notre mandat, ce n’est pas dans notre cour, même si on parle de pertes financières importantes pour les agriculteurs et d’un véritable enjeu de sécurité publique. Et s’ensuit la Maison qui rend fou d’Astérix et son classique laisser-passer A-38.
Lundi, visiblement, le mot d’ordre était plutôt de démontrer que le travail allait désormais se faire en cohésion pour tenter de régler le problème des vaches fugitives. À la Municipalité, si l’on souhaite entendre parler des vaches, c’est à l’Union des producteurs agricoles de la Mauricie qu’on réfère désormais les médias. L’UPA, de son côté, a préféré la voie du communiqué pour expliquer les étapes à venir.
«Dans le but d’éviter la multiplication des initiatives des citoyens et producteurs sur le terrain, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, la Municipalité de Saint-Sévère, les propriétaires de la ferme concernée et l’UPA Mauricie ont convenu d’un plan unique et concerté. Ce plan consiste, sur le long terme, à alimenter les animaux grâce à des mangeoires permettant la capture des vaches le moment venu. Ce dispositif est déjà déployé sur le terrain, mais ne sera en fonction que dans quelques jours ou semaines uniquement, le temps que les animaux s’habituent à leur nouvelle routine», peut-on y lire. Une fois le troupeau capturé, il sera remis à son propriétaire d’origine.
La saga est donc loin d’être terminée, bien qu’on sente que les autorités souhaitent désormais prendre les choses en main. Mais à Saint-Sévère, parions qu’on parlera encore longtemps de cette entrevue qui a révélé à toute la province la répartie et l’humour d’une sympathique fonctionnaire qui, du haut de ses talons aiguilles, souhaitait seulement ramener des vaches au bercail.