Il se sort de cette zone de confort pas à peu près en livrant les secrets du vestiaire du Canadien, sous la plume de Mathias Brunet.
On s’arrache Gervais depuis quelques jours. Il a rendez-vous avec Paul Arcand lundi, il doit visiter le plateau de Tout le monde en parle dimanche. Il présente son livre dans la Vieille Capitale mercredi à la libraire La Liberté, puis à Trois-Rivières jeudi à la Librairie Poirier. À peu près tous les médias au Québec vont lui parler cette semaine.
«J’ai été surpris par les premières réactions. Quelques journalistes ont eu accès aux premières copies, les commentaires ont été excellents. Si les journalistes découvrent des choses dans le livre, j’imagine que le commun des mortels va être très heureux de lire ce qui m’a marqué durant ma carrière», soulignait Gervais.
Aucun doute là-dessus.
Gervais livre du gros matériel. Sans gants blancs.
Des anecdotes, des confidences, des situations inusitées, il y en a pour tous les goûts.
C’est le genre de bouquin assez rare. On dit normalement que ce qui se passe dans le vestiaire doit y rester. C’est un genre de loi non écrite dans le milieu, non?
«Disons qu’il y a trois ou quatre ans, jamais je n’aurais eu l’idée de ce livre. Mais beaucoup de gens m’ont interpellé pour que je raconte ce que j’ai vécu. Parmi eux, beaucoup de gens que je ne connaissais pas. J’ai décidé d’embarquer. Et de dire la vérité. Je suis allé au maximum de où je pouvais me rendre. Mais ça reste du domaine du hockey. Je n’embarque pas dans la vie privée des joueurs, alors je pense que c’est respectueux.»
En tout cas, ça ne manque pas de croustillant!
Je ne veux pas dévoiler tous les punchs, mais disons que certains joueurs et même des dirigeants ne sont pas ménagés. Dominique Ducharme, notamment, n’a pas été très impressionnant aux yeux de Gervais.
Qui ont été les plus gentils? Qui ont été les plus détestables? Vous saurez tout!
«Je ne m’attends pas à avoir d’appel. J’ai simplement raconté la vérité. Si j’ai des appels, on s’expliquera, puis on passera à autre chose. J’aurais pu être bien plus ‘’mean’’. Je ne voulais pas embarquer là-dedans. Tout ce que je voulais, c’était de permettre aux fans de voir comment ça se passait à l’intérieur!»
C’est réussi.
À travers le livre, on apprend que Gervais était bien plus qu’un responsable de l’équipement. Il conseillait les joueurs en vin, sa grande passion. Il jouait tantôt le rôle de confident, tantôt le rôle d’espion! Un directeur-gérant lui a passé un coup de fil pour avoir son avis, avant de réaliser l’une des plus importantes transactions des 40 dernières années tricolores. Laquelle? Faudra lire le livre!
Le hasard a voulu que Gervais écoule son dernier match avec le Canadien alors que Carey Price livrait probablement sa dernière prestation, lui aussi, le printemps dernier. Gervais a adoré côtoyer Price. Le nouveau retraité dit avoir pris la décision de se retirer au bon moment. «Je m’ennuie de la camaraderie de groupe mais je sais que j’ai pris la bonne décision. La dernière saison a été difficile. J’ai failli partir en plein milieu. Si je suis resté, c’est que je ne voulais pas placer mon personnel dans le pétrin.»
Dans le fond, ce livre, ce sont les coulisses du Canadien, de 1986 à 2022. Avec quelques aventures internationales auprès de Wayne Gretzky et Steve Yzerman au sein d’Équipe Canada.
Ce parcours unique s’est amorcé à Trois-Rivières à la fin des années 70. Maniaque de hockey, il assistait aux pratiques des Draveurs de la LHJMQ. L’un de ses voisins était Michel Bergeron. Dans le livre, Gervais revient sur sa façon inusitée de se faire remarquer auprès du flamboyant pilote. «C’était important que ça soit dans le livre. Pour le reste, je m’en tiens au Canadien, je ne parle ni de mes années junior, ni de celles dans la Ligue américaine. Pourtant, il y en a de belles histoires dans ces années-là! À mes débuts dans la Ligue américaine à Sherbrooke, ça ressemblait pas mal à Slap Shot! Ce sera peut-être pour un prochain livre, qui sait...»