La FFQ ne représente plus les femmes du Québec

POINT DE VUE / La Fédération des femmes du Québec (FFQ) a été fondée en 1966 sous l’initiative de Madame Thérèse Casgrain afin de défendre les intérêts et les droits des femmes par la lutte collective. Autrefois porte-étendard du féminisme universaliste, la FFQ a grandement contribué au progrès de la cause des femmes au Québec. Le Conseil du statut de la femme a été fondé à sa demande, en 1973. Au début des années 2000, ce Conseil clamait que la religion infériorisait la femme et que l’égalité des sexes devait prévaloir sur la liberté de culte.


Dans le cadre des débats sur les accommodements religieux, des musulmanes intégristes ont commencé à rejoindre les rangs de la FFQ, d’abord comme membres, puis comme administratrices. Progressivement, la lutte de la FFQ pour l’égalité des sexes s’est réorientée vers l’égalité entre les femmes elles-mêmes, perdant de vue son objectif global. La FFQ donnait désormais la priorité à la cause des minorités plutôt qu’à celle de l’ensemble des femmes. Des féministes célèbres telles que Mmes Leila Lesbet, Michèle Sirois, et feu Mme Diane Guilbault ont alors claqué la porte de l’organisation. Ces dernières ont fondé Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec), un nouveau groupe féministe universaliste, afin de défendre à nouveau le droit à l’égalité des femmes de toutes origines et conditions.

La cause des minorités est certainement louable. Néanmoins, en dissipant son énergie tous azimuts, la FFQ se consacre forcément moins à sa cause principale et raison d’être qui est de défendre l’ensemble des femmes (au sens biologique). Comme on dit, qui trop embrasse mal étreint. Qui plus est, certaines causes placent littéralement la FFQ en conflit d’intérêts avec sa mission originelle.



Un bon exemple de ce conflit d’intérêt est la défense du port du hijab, un signe religieux sexiste, par les enseignantes du Québec. Sous ce prétexte, la FFQ pourfend aujourd’hui la Loi 21 pour la laïcité de l’État devant les tribunaux, faisant fi de l’influence de l’enseignante qui le porte sur ses élèves pour lesquels elle constitue une figure d’autorité. Sachant que la grande majorité des femmes au Québec appuient la Loi 21, on peut sérieusement questionner la légitimité politique de la FFQ pour représenter les femmes du Québec. Ce questionnement est d’autant plus pertinent à la lumière des récents événements survenus en Iran.

Un autre exemple est la défense des personnes s’exprimant ou s’identifiant comme femme. Ce faisant, la FFQ met à risque l’avancement des droits des femmes en permettant, par exemple, à des femmes trans, donc biologiquement des hommes) de compétitionner injustement contre des femmes dans le sport amateur ou professionnel.

Finalement, les québécoises qui sont majoritairement mères de famille et hétérosexuelles s’interrogent quand une femme trans, ex-présidente de la FFQ, affirme sur les médias sociaux que les «Les relations de couple hétérosexuelles sont vraiment violentes. Il est peut-être temps d’avoir une conversation sur leur interdiction et abolition» et que «l’on devrait discuter de la vasectomie obligatoire à 18 ans»! Par suite de ces propos, le gouvernement du Québec a même envisagé de couper la subvention annuelle de la FFQ de 120 000 $.

Alors que la FFQ a déjà compté plus de 10 000 membres, elle en compte maintenant moins que 400, ce qui en dit long sur sa représentativité politique. La FFQ peut bien aspirer à devenir la championne de l’intersectionnalité mais, le cas échéant, elle devient le regroupement des «Fausses Féministes du Québec»!



Andréa Richard

Auteure de l’essai «Au-delà des religions» et ancienne membre de la FFQ

Trois-Rivières

Romain Gagnon

Auteur de l’essai «Vers l’abrutissement de l’espèce humaine»

Montréal