Les tournesols de Marie-Sol dansent pour l’encan de La Fenêtre

En offrant une de ses œuvres, intitulée Duo, pour le 23e encan-bénéfice de La Fenêtre, l’artiste-peintre Marie-Sol St-Onge n’a pas hésité longtemps sur le choix de celle-ci. «J’ai choisi cette toile-là parce que les deux tournesols, quand je les ai peints, après coup je me disais: on dirait qu’ils dansent, on dirait qu’ils chantent, qu’ils sont là comme pour faire une présentation. Alors pour moi ça représente bien les cours qui se donnent ici», raconte la coprésidente d’honneur de l’encan.


À ses côtés pour coprésider l’évènement, le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche. Pour lui, l’inclusion par l’art que pratique l’organisme La Fenêtre, depuis bientôt 25 ans, c’est une mission essentielle dans le milieu communautaire trifluvien. «Ce que vous faites, c’est beau, ce que vous faites nous donne de l’émotion. Ça nous permet de repartir avec un petit morceau de quelque chose qui nous amène plus loin dans nos réflexions», a-t-il dit aux personnes présentes, participant aux ateliers variés en surmontant une limitation physique ou intellectuelle.

L’encan d’œuvres d’art de La Fenêtre aura lieu au Pavillon Saint-Arnaud le 4 décembre après-midi, de 13 h à 16 h. L’évènement comprend deux volets, soit un encan à la criée de 67 œuvres d’artistes renommés et un encan silencieux des œuvres réalisées par des participants aux ateliers d’art visuel de La Fenêtre. Le tout pour un total de 120 œuvres pour lesquelles on espère trouver acquéreur.

Le catalogue des œuvres est déjà en ligne pour consultation, mais les mises ne pourront avoir lieu que le jour même, dans un évènement administré par les Encans Ouellette. La participation aux enchères peut être virtuelle, mais Guillaume Dufour Morin, le directeur général de l’organisme, a son opinion là-dessus: «Je dois vous avouer que c’est en présentiel qu’on profite le plus de notre évènement», précise-t-il.

Marie-Sol St-Onge a choisi d’offrir sa toile Duo à l’encan de La Fenêtre.

En plus du catalogue présentant l’ensemble des œuvres mises aux enchères, le billet comprend un goûter dînatoire offert sur place. Des billets sont en prévente au coût de 20 $ (25 $ à l’entrée).

Trois des œuvres qui seront vendues au plus offrant ont été dévoilées en conférence de presse, à l’annonce de l’évènement. Il s’agit d’une œuvre abstraite intitulée Incursion, de l’artiste shawiniganaise Danielle Julien, et d’une autre, plus figurative, un Coucher de soleil d’Albert Rousseau. Et, bien sûr, la toile de Marie-Sol St-Onge qui représente deux tournesols au milieu d’un champ de blé.

«En même temps, il y a quand même un ciel où on voit de la grisaille, et ça représente ce que le handicap nous apporte comme difficultés, au quotidien», interprète l’artiste qui connaît bien ces difficultés, ayant elle-même subi l’amputation de ses quatre membres. «Mais les tournesols sont en couleur, l’herbe, un peu comme du blé, c’est très jaune et lumineux, parce que justement, l’art apporte cette lumière-là chez les personnes handicapées ou avec une limitation», estime-t-elle.

Inspirante résilience

Dans son allocution pour annoncer son appui à l’encan, Marie-Sol St-Onge témoigne de sa propre expérience. «En perdant mes deux mains – et mes deux jambes aussi –, c’était quand même mes deux outils de travail dont je devais faire le deuil», raconte celle qui avait amorcé sa démarche artistique avant le handicap. «J’étais certaine que c’était terminé, que plus jamais je n’allais pouvoir repeindre».

En compagnie des coprésidents d’honneur de l’encan-bénéfice, Jean Lamarche et Marie-Sol St-Onge, trois participantes aux ateliers d’art visuel: Anne-Sophie Provencher, Gisèle Boisvert et Camille Thibeault.

«Ça a été toute une surprise de découvrir qu’il y a toujours moyen de moyenner: malgré le handicap, malgré la limitation, il n’y en a pas de barrière pour créer. Il suffit de trouver le bon médium pour s’exprimer», assure-t-elle. Et lorsque c’est fait en équipe, comme le théâtre, le chant ou la danse – des disciplines qui se pratiquent également à La Fenêtre –, ça donne une note de solidarité de plus, a-t-elle ajouté.

En lui succédant au micro, Jean Lamarche a voulu témoigner son admiration pour l’organisme, ses participants et bénévoles, mais aussi envers l’artiste coprésidente d’honneur avec lui. «Je veux simplement te dire: tu es tellement un exemple de résilience, de ce que veut dire le mot “surmonter”. Pour moi, c’est une grande source d’inspiration, et bien que je te l’aie dit en privé, je voulais le dire devant tout le monde», a-t-il dit en regardant l’artiste droit dans les yeux.

Évoquant différentes réalités de la vie où l’on rencontre des obstacles, notamment en vie politique, Jean Lamarche a aussi eu ces mots pour Marie-Sol St-Onge: «Des fois, on oublie que peu importe ce qui arrive, il y a toujours un “après”». Merci de le représenter de si belle façon».

Selon lui, l’intégration par l’art des personnes qui vivent avec des limitations est une mission qu’il importe de soutenir. Il observe aussi qu’avec son encan, La Fenêtre a choisi un mode de financement lié à cette mission, grâce à l’implication d’une trentaine de bénévoles à ce seul comité. En 2021, son encan a permis d’amasser un montant record de 46 000 $.

Le maire Jean Lamarche a témoigné toute son admiration envers Marie-Sol St-Onge, pour l’exemple de résilience qu’elle représente.

En plus des œuvres dévoilées en conférence de presse, les enchères permettront aux acheteurs de mettre la main sur des œuvres variées, notamment des artistes Yves Ayotte, André Pleau, Hélène Lafontaine, André Buist, Anne Marichal, Lorraine Dietrich, Gérard Pautel, Raymond Caouette, Danielle Duval ou des œuvres collectives créées par les participants aux ateliers de La Fenêtre.