«Pas surpris, mais en même temps heureux qu’enfin, un dossier comme celui-là se rende devant la justice», affirme l’ancien chef du bureau Asie-Pacifique du SCRS, qui dénonce depuis des décennies les visées de la Chine en sol canadien.
Début 2021, deux scientifiques chinois du Laboratoire national de microbiologie, situé à Winnipeg, ont été expulsés du pays après avoir été visés par des allégations d’espionnage. Ils n’ont pas été arrêtés, comme dans le cas du suspect Yuesheng Wang chez Hydro-Québec.
Selon lui, 90 % des cas d’espionnage sont facilités par des accès privilégiés d’une personne déjà installée dans une organisation. Le Canada perdrait de 100 à 120 milliards $ en contrats à cause de l’espionnage international, chaque année.
Même les pays alliés espionnent le Canada. «Mais la Chine a ceci de particulier qu’elle fait la ‘“collection de masse”. L’ampleur du phénomène est importante.»
Un ministère trop conciliant
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L’horaire de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, ne lui permettait pas, lundi, d’accorder une entrevue aux Coops de l’information. Cette dernière est en mission en Indonésie, au sommet du G20, avec le premier ministre Trudeau. La semaine dernière, la ministre a déclaré, lors d’une tournée diplomatique en Asie, qu’il «y a des risques géopolitiques liés à faire des affaires avec (la Chine)».
«Alléluia!» a lancé M. Juneau-Katsuya, lundi, réagissant à cette précédente déclaration de la ministre Joly. «Il était temps que le ministère des Affaires étrangères change de politique avec la Chine. Ça devait être fait depuis longtemps. Il faut réajuster les façons de faire dans ce ministère.»
Selon l’expert, le ministère aurait été «trop conciliant» envers les Chinois, au cours des dernières décennies. «Il y a un ménage à faire aux Affaires étrangères», dit-il, avançant que des gens y «parlaient davantage en faveur de la Chine que du Canada».
L'Ambassade de la Chine à Ottawa n'a pas répondu à notre demande d'entrevue, lundi.
D’AUTRES CAS D’ESPIONNAGE CHINOIS AU CANADA
2021: La GRC arrête Wanping Zheng, un résident de Brossard qui aurait travaillé pour les intérêts d'une compagnie spatiale chinoise alors qu’il était employé de l'Agence spatiale canadienne. L’enquête de la GRC a mené à une accusation d'abus de confiance contre le fonctionnaire.
2018: Le FBI soupçonne un professeur de l'Université McGill d’être un espion chinois. La Presse révèle que Ishiang Shih aurait utilisé un laboratoire à Brossard dans le cadre d'un complot pour voler une technologie militaire américaine utilisée dans les radars et les brouilleurs d'ondes. Quatre ans plus tard, la Cour supérieure du Québec a ordonné en avril que les preuves saisies par la GRC puissent être envoyées aux autorités américaines.
2004: Un conseiller en cybersécurité chez Nortel découvre que l’entreprise canadienne est la cible d’espions chinois. En utilisant des techniques de pirate informatique, les espions volent des mots de passe de hauts dirigeants et pénètrent dans les ordinateurs de Nortel pour ensuite récupérer des données sensibles. Ces informations sont ensuite envoyées vers Shanghai et Pékin dans des fichiers cryptés, révèle Global News en 2020.
(Avec Marc Allard, Les Coops de l’information)