Voilà pourquoi selon Martin Vézina, de l’Association Restauration Québec, le Rendez-vous annuel prévu le 15 novembre aura pour thème les relations humaines.
Pour le vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’ARQ, les restaurateurs doivent bâtir à la fois des liens avec le consommateur et une bonne culture en ressources humaines.
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D’ailleurs, au Resto-Bar Le Brasier 1908, le copropriétaire Yves Beaudoin dit «travailler extrêmement fort à rendre nos employés heureux, ce qui est attractif». «En janvier, on ferme le resto pour les amener au Lac en Coeur. Car il y a autre chose que le travail dans la vie», donne-t-il comme exemple.
Une sortie qui sera d’autant plus méritée alors que le personnel sera requis, le 31 décembre, pour une soirée musicale avec Michel Letarte et André Veilleux afin de célébrer l’arrivée du Nouvel An. Une première après deux ans de pandémie. «On défonce l’année ici, on fait le décompte ensemble, il y aura du champagne et tout ce qu’il faut pour célébrer la nouvelle année de la bonne façon», a fait savoir M. Beaudoin.
Son fils Pierre-Jean a beau recevoir des curriculum vitae pour travailler dans la cuisine, il se veut très sélectif comme chef. «La main-d’oeuvre formée, avec diplôme, connaissance et expérience de stages, est manquante parce qu’on a perdu beaucoup de plumes pendant la crise. On cherche des bons candidats. Ce n’est pas parce qu’il manque d’employés qu’il faut nécessairement descendre les standards avec nos clients. On préfère plutôt enlever des heures d’ouverture», confie le copropriétaire.
Et l’horaire du Brasier 1908 vise également à «donner du répit à notre personnel», précise son père. «On a réussi à ouvrir sept jours pendant la période estivale à cause de la présence d’étudiants. Mais quand ils sont retournés en classe, on a été obligé de fermer le lundi au complet», a-t-il indiqué.
Selon lui, «les cuisiniers ne recherchent pas juste l’argent, mais l’équilibre et une certaine considération». Et il est d’avis que l’inclusion représente un facteur d’attractivité et de rétention de la main-d’oeuvre.
«Peu importe la race, le sexe, le parcours, il faut que les gens se sentent à l’aise. On est dans un monde avec une grande variété de profils. Il faut que tu te sentes accepter dans ton milieu de travail et c’est le cas ici. On porte vraiment une attention particulière pour que, quand il y a des gens qui ont des différences, on va miser sur le positif, sur la qualité de la personne, et non pas sur d’autres différences qui pourraient apporter des jugements. C’est un détail important», tient à mentionner Yves Beaudoin.
Copropriétaire du Pub au cochon fumé à Bécancour et propriétaire du Manoir Bécancourt, Jasmine Hébert confirme que «le staff, c’est le noeud de la guerre comme tout le monde».
«Nous autres, on est hyper chanceux. Ça va faire dix ans que ma cheffe Sophie Bourassa travaille avec moi. J’ai des employés au Pub qui sont là depuis l’ouverture il y a dix ans. C’est sûr qu’on les traite comme une famille, on a du plaisir. Il faut montrer aux employés que c’est plaisant travailler tout en restant professionnel», témoigne-t-elle.
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Celle-ci est d’autant plus privilégiée qu’elle n’a pas besoin de recruter pour l’instant. «Présentement, je suis correcte, j’ai une bonne équipe derrière moi, j’ai des gens qui sont fidèles. Ils ont la même passion que moi. Là, ça va bien, j’ai tout mon staff, mais je ne sais pas ce qui va se passer l’année prochaine», ajoute celle qui, comme conseillère municipale responsable du volet économique de Bécancour, est aux premières loges de l’effervescence autour de la filière batterie.
Si l’industrie de la restauration a connu une belle période estivale au Québec, «elle aurait été meilleure si on avait eu tous les employés qu’on avait besoin», signale le porte-parole de l’ARQ.
«Pour beaucoup d’exploitants, oui, ils ont fait des ventes, mais ils n’ont pas pu être nécessairement à 100% du rendement ou de l’occupation de leur salle. La main-d’oeuvre était le principal frein», fait-il remarquer.
Ce dernier observe une baisse de régime depuis la fin septembre, mais s’attend à une reprise de l’achalandage avec «les partys de Noël».
Du même souffle, M. Vézina appréhende un début d’année difficile avec tout le contexte économique. «L’inquiétude est vraiment à partir de janvier 2023, on sait que c’est une période habituellement très tranquille, mais on a l’impression qu’elle va être encore plus tranquille que d’habitude», croit-il.
Mais pour le restaurateur Yves Beaudoin, la prochaine année sera celle où son resto-bar franchira la barre psychologique des cinq ans d’existence. Et après un mois de janvier complètement perdu en 2022 en raison de la pandémie et des entreprises situées avantageusement à même un hôtel, tant Le Brasier que Le Gaufré 1908, il entrevoit la prochaine année avec optimisme.
«On devrait être bon pour opérer normalement en 2023 en conservant notre personnel et en limitant les pertes», affirme l’homme d’affaires.
Au sujet des pertes, le copropriétaire du Saint-Mo Bistro Gourmand à Shawinigan, David Rouette, a pris les moyens récemment pour éviter les annulations coûteuses en exigeant dorénavant des dépôts de vingt dollars, par carte de crédit, pour les réservations de groupe de dix personnes et plus.
«Un jeudi soir, j’ai la moitié de ma salle quasiment qui a cancellé après avoir refusé du monde depuis le dimanche. C’est du monde qui ne se présente même pas, qui n’ont pas la décence d’appeler pour dire qu’ils ne seront pas là», déplore celui qui a vu des dizaines de personnes ne pas se présenter.
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Depuis la mise en place de sa propre politique de réservation de groupe, il y a déjà des clients qui s’y sont soumis. Et le restaurateur dit constater une certaine conscientisation dans le public.
Au Brasier 1908, Yves Beaudoin n’entend toutefois pas appliquer cette pratique. «Nous gérons encore bien les No Show», soutient-il. Quant à Jasmine Hébert, elle dit faire encore confiance aux gens, ne vivant pas ce problème «dans un petit village où tout le monde se connaît».
Or, depuis 2018, l’ARQ offre un contrat de réservation à tous ses membres pour les réservations de groupe «où ils peuvent indiquer les modalités du dépôt quand les gens ne se présentent pas».
«Pour être conforme avec la législation actuelle, la Loi de la protection du consommateur, il faut un contrat écrit», conclut M. Vézina.