{"accessibility":"METERED","authors":[{"description":{},"email":"fhoude@lenouvelliste.qc.ca","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm-v2.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F32e12119-1924-4c51-a639-ee889e95d89f.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"Trois-Rivières","name":"François Houde","source":"Le Nouvelliste"}],"channel":"Arts","chapters":[{"position":0,"text":"

Il fallait une vision et beaucoup d’audace pour s’approprier ainsi ce classique du théâtre absurde. Le duo de metteurs en scène n’en manque manifestement pas. Ils offrent une interprétation originale du texte et l’emmène là où on ne l’attend pas.

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Déjà, en l’enveloppant dans l’écrin d’un texte de la dramaturge québécoise Évelyne de la Chenelière qui ouvre le rideau et le ferme une heure trente plus tard, ils impriment leur sceau.

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Sur le texte absurde du dramaturge français, ils ajoutent une couche qui appartient à leur propre vision et qui donne une résonance nouvelle aux mots et à l’oeuvre du maître. Celui-ci dénonçait, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, les travers d’une certaine bourgeoisie, les faux-semblants, la vacuité du discours et des relations entre des individus dépourvus de personnalité à force de se conformer aux usages établis. La perte d’identité en somme.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Ysée Camirand-Long et Jérémy-Alejandro Flores","contentType":"image","credits":"Olivier Croteau, Le Nouvelliste","position":3,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F9ba19587-f4e2-49c5-95df-8fb482f8dc3d.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":4,"text":"

Dans leur approche, les Trifluviens abordent la pièce comme la trame de la vie humaine. Les différentes scènes de la courte pièce mettent en scène des humains à différentes étapes de leur vie. La première qui nous présente le couple londonien des Smith est offerte par des enfants qui imitent le tea time de leurs aînés. L’absurdité du texte échevelé prend une toute nouvelle couleur et normalité puisqu’elle vient de la bouche d’enfants.

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Dans la scène suivante, ce sont de jeunes adultes rebelles qui incarnent les invités des Smith, les Martin, arrivés à l’improviste. La réunion des deux couples dans la scène suivante nous montre des protagonistes qu’on devine au mi-temps de leur vie. Finalement, la scène finale présente les mêmes personnages devenus des personnes âgées dont le discours n’est plus simplement absurde mais complètement disloqué.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"C’est à une vision originale de La cantatrice chauve que les jeunes interprètes Flavie Pelletier et Liam Lavallée consacrent leur talent dans la production qu’en fait le Théâtre des Nouveaux Compagnons jusqu’au 19 novembre à la Maison de la culture.","contentType":"image","credits":"OLIVIER CROTEAU, LE NOUVELLISTE","position":6,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fa891de62-7c7b-43a5-b802-0ab5ccfe4aab.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":7,"text":"

Pour avoir utilisé le langage pour ne rien dire d’essentiel pendant toute leur existence, ils ont fini par perdre leur capacité à communiquer verbalement et meurent ainsi enfermés en eux-mêmes.

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La vision qu’offre cette pièce des Nouveaux Compagnons révèle d’intrigantes perspectives et suscite la réflexion. N’est-ce pas ce à quoi le théâtre devrait parfois servir?

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En osant s’éloigner de la vision originale de l’auteur, il est permis de se demander si, à l’occasion, ils ne s’égarent pas quelque peu. À chacun d’en juger.

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Ce à quoi ils sont fidèles, c’est l’équilibre instable du propos qui balance entre la comédie et la tragédie. La pièce offre ainsi des moments de pure comédie burlesque: la scène présentant la rencontre des deux couples d’amis offre des moments de franche rigolade. Le texte d’Eugène Ionesco reprend alors tous ses droits et les comédiens s’offrent une réjouissante partie de plaisir. Dans le rôle du capitaine des pompiers, Gabriel Godbout mène le tout avec beaucoup de doigté. On a l’impression que c’est lui qui entraîne ses compagnons de scène dans une douce folie.

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Il faut dire que la mise en scène y contribue, collant au discours déjà déjanté une nouvelle couche d’absurdité.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"contentType":"image","credits":"Olivier Croteau, Le Nouvelliste","position":12,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F6f8b1ce8-12c0-4063-b163-804e735d24f5.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":13,"text":"

À l’opposé, la scène finale en compagnie des personnes âgées nous plonge dans un drame troublant qui révèle le sens profond d’une pièce que beaucoup voient comme une simple comédie. Elle est aussi et surtout, un regard assez terrible posé par l’auteur sur son époque qui a beaucoup de similitudes avec la nôtre. L’absence de réelle communication entre les individus derrière un discours abondant mais vide, la perte d’identité, l’incapacité à aborder l’essentiel, la soumission aveugle à des normes, etc. C’était apparemment vrai en 1950 et c’est simplement pire aujourd’hui.

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Martin Malenfant et Samuel Fortin comptent sur une lourde distribution pour donner vie à leur vision : quatorze comédiens se relaient pour interpréter six personnages à différents âges. Sylvie Lamothe, Carolle Lafrance, Stéphane Blais et Daniel Lampron nous émeuvent dans le dernier chapitre, mais Patrice A. Moreau, Mariane Pinard, Steve Bernier et Florence Durand-Fernandes nous font vraiment rigoler dans la portion la plus vaudevillesque de la pièce.

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C’est une production bien emballée qui étonne, assurément, ce qui ne serait guère méritoire si elle ne nous questionnait pas sur son sens. Et ça, elle le fait aussi, sans aucun doute. On pourra adhérer ou pas à cette vision audacieuse.

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La pièce sera présentée de nouveau à la salle Anaïs-Allard-Rousseau les 11 et 12 novembre à 19h30, le dimanche 13 novembre à 14h ainsi que les 17 et 18 novembre à 19h30 et, finalement, le samedi 19 novembre, à 16h.

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