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Hockey: la pénurie d’officiels rattrape la Mauricie

La pénurie d’officiels touche beaucoup de régions au Québec.

CHRONIQUE / Le début de saison au hockey mineur en Mauricie est marqué par la pénurie des officiels.


Ça fait déjà quelques années que d’autres régions éprouvent des problèmes à meubler tous leurs matchs avec les chevaliers du sifflet.

Jusqu’ici, la Mauricie avait réussi à s’en tirer sans trop de dommages mais en cet automne 2022, la région des Denis Morel, Claude Béchard, Éric Furlatt, Frédéric L’Écuyer, Michel Cormier et autres Jonathan Deschamps n’arrive plus à afficher complet. Déjà, une quinzaine de matchs ont été annulés ou reportés. Les villes de Louiseville et de Shawinigan sont les plus touchées en ce moment.



Et il n’y a pas de solution miracle en vue.

«J’aimerais bien tout régler en une journée ou deux, mais je n’ai pas de baguette magique. On vit actuellement les conséquences des dernières saisons. Il n’y a presque pas eu de hockey depuis trois ans. Il y a des arbitres qui ont découvert pendant ce temps-là qu’il y avait d’autres choses à faire de cool durant les week-ends. Il y a aussi des vétérans qui ont accroché leur sifflet. Or pendant la pandémie, il y a eu moins de formations pour assurer le roulement. On a deux nouveaux responsables des arbitres en ce moment, Maxime Carré et Louis-Simon Pruneau, qui sont super dynamiques mais même s’ils forment beaucoup de jeunes officiels, ça va prendre un certain temps avant que ceux-ci ne puissent travailler dans les catégories midget ou bantam», explique le président de Hockey Mauricie, René Leclair.

Et puis, il y a le traitement réservé aux officiels dans les arénas qui en a fait abandonner plus d’un. «Il y a pénurie de personnel partout, disons que c’est facile de se trouver un emploi aussi payant sans se faire crier des insultes», lance Leclair.

Mais ce qui, semble-t-il, a fait le plus mal à la profession d’arbitre, c’est la note des associations de hockey mineur envoyée depuis quelques années aux officiels qui leur rappelle qu’ils sont tenus... de déclarer leurs revenus. En clarifiant que les arbitres avaient le statut de travailleur autonome, les associations ont provoqué un départ groupé.



«Certains sports ont été audités. On ne veut pas avoir de problèmes, alors il fallait mettre au courant les arbitres de leurs obligations», fait valoir Leclair. «C’est vrai que ce fut très mal reçu. Ça fait une bonne différence en bout de ligne. Surtout pour nos officiels plus âgés, ceux qui avaient l’habitude de faire un gros volume de matchs.»

Ceux-là, remarquez, ne sont pas tous à la retraite. Plusieurs ont simplement migré vers les ligues d’adultes. Derrière les portes de l’aréna du coin le lundi soir à 21h ou le mercredi à 22h, Revenu Québec n’a pas trop le moyen de découvrir qui se met une quarantaine de dollars dans ses poches pour faire régner l’ordre pendant 90 minutes. Il n’y a pas de spectateurs pour crier des insultes non plus et dans ces ligues amicales, il y a même moins de pénalités!

D’autres, paraît-il, se tournent vers les ligues scolaires où les cachets sont plus élevés que dans le civil.

«Le scolaire n’a pas le même coût d’inscription que le civil. Si on veut augmenter les salaires de nos arbitres, il faudra augmenter nos coûts d’inscription. Or, on veut que notre sport soit accessible à tous. À 300 $, 400 $, 500 $ par inscription, c’est déjà élevé...»

Leclair plaide pour une meilleure harmonie entre le civil et le scolaire. Mais aussi entre les différentes associations, qui ont intérêt à s’entraider.

Mais, la vraie solution est ailleurs, selon lui. «La solution est politique. Il faudrait que notre gouvernement accepte de rehausser l’exonération auquel les officiels ont droit. Présentement, c’est 500 $. Ça n’a pas changé depuis au moins 20 ans! Si tu rehausses le plafond à 3000 $, 4000 $ ou 5000 $, tu vas assister au retour de plusieurs officiels, j’en suis convaincu.»



Leclair précise que la pénurie d’officiels ne touche pas juste le hockey.

Il a cogné à la porte de plusieurs députés ces dernières années. Il y a eu de l’écoute, mais pas d’action concrète. «C’est le bout qui me chicote. Il me semble que le gouvernement a tout intérêt à voir les jeunes passer le plus de temps possible sur les plateaux sportifs. Quand ils sont à l’aréna, ou dans un gymnase, ils ne sont pas à l’extérieur faire du grabuge. Or il y a des moyens à prendre pour rendre le sport attrayant. L’accessibilité est primordiale. Sans arbitre, pas de match...»

En Mauricie, on espère donc que Hockey Québec saura plaider cette cause après du gouvernement Legault. «L’arrivée de Jocelyn Thibeault à la tête de Hockey Québec fut une excellente nouvelle. Jocelyn a une facilité à dialoguer avec le gouvernement. Je suis convaincu que c’est un dossier qu’il peut pousser. Le problème ne fait que s’accentuer à la grandeur de la province. Il est temps de trouver une solution», martèle Leclair.

En attendant, les entraîneurs aux quatre coins de la Mauricie seront maintenant priés de traîner leurs patins et un sifflet à leurs matchs.

Pas de blague!

C’est la solution, à court terme, retenue pour éviter que les matchs ne soient annulés! «Ça fait partie de notre réglementation depuis des années. Mais ça n’a jamais été appliqué. On est rendu là. Est-ce idéal qu’un entraîneur arbitre son équipe? Bien sûr que non. Ce n’est pas idéal non plus de voir des présidents d’association le faire non plus. Mais entre ça ou annuler des matchs, on va choisir la moins pire des options.»