Depuis un an, cette idée a fait du chemin. Beaucoup de chemin. Pas moins de 1700 repas ont pu être donnés aux personnes qui en avaient le plus besoin, des repas appétissants faits à partir de recettes éprouvées: lasagnes, riz aux saucisses, burritos, pad thaï, mijotés, soupes ramen pour n’en nommer que quelques-uns, c’est sans compter les pommes dorées et les ananas, tous déshydratés pour assurer leur longévité.
Avec la collaboration de l’initiative de récolte solidaire Cultive le partage, qui glane les surplus agricoles, le projet Aliments déshydratés pour s’alimenter a reçu de la fleur d’ail, des patates douces, du chou frisé, des asperges, du maïs et autres beaux légumes frais qui ont été déshydratés et assemblés pour en faire des repas sains.
La question suivante s’est toutefois vite posée, au début du projet. Comment les bénéficiaires de ces repas allaient-ils faire pour les réhydrater et les manger chauds? Eh bien la question a vite trouvé sa solution. Trois commerces ont décidé d’offrir en tout temps des stations d’eau bouillante. Le service est affiché dans leur vitrine avec un logo distinctif que les bénéficiaires peuvent aisément reconnaître.
«On a fait 11 menus différents. Tout ça dans une année, quand même», fait valoir Mme Bruneau, visiblement très heureuse de l’engouement régional pour cette idée.
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«Il y a eu 40 participants durant cette année-là sur des comités consultatifs, des comités de recettes», souligne-t-elle. Les recettes ont été testées en collaboration avec les usagers qui ont su apporter les commentaires permettant d’améliorer différents aspects du produit comme la difficulté à ouvrir les sachets, par exemple. Treize personnes ont travaillé au projet, soit avec des subventions salariales, avec Emploi été Canada ou le projet FQIS (Fonds québécois pour l’initiative sociale) ou simplement à titre de bénévoles.
Ce qu’il y a de merveilleux, avec cette initiative, c’est que des plateaux de travail ont aussi été créés pour «intégrer les gens du milieu, les usagers, afin qu’ils aient une place pour s’intégrer», souligne Mme Bruneau.
Ils sont une trentaine à avoir pris part aux plateaux de travail en faisant des stages de quelques semaines. «Un étudiant vient en travail-études avec le CJE», illustre Mme Bruneau.
«Ils ont trouvé un environnement calme et paisible ici au Sanctuaire. Ils ont travaillé à leur rythme. C’était important qu’ils se trouvent une place», dit-elle. Les personnes qui ont un handicap, une maladie mentale, des immigrants sont autant de personnes qui ont trouvé leur place. «C’est le but. Pas juste de produire. Il y a des humains en arrière de ça», fait valoir la directrice du Bon citoyen. «Il y a des gens qui souffrent, des gens qui se sentent exclus et qui ne font partie de rien. Donner une place à ces gens-là, c’est la bonne chose.»
Le maire suppléant de Trois-Rivières, Daniel Cournoyer, a souligné que le projet avait d’ailleurs «fait l’unanimité» lorsqu’il a été soumis au Fonds québécois pour l’initiative sociale. Il rallie maintenant près d’une vingtaine de partenaires composés de nombreux organismes d’entraide sociale, ainsi que la Ville de Trois-Rivières, le CIUSSS-MCQ et le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale sans compter le Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, qui est une des pierres angulaires de ce projet puisqu’il met les cuisines de son restaurant au service des équipes qui s’emploient à faire les déshydratations, la composition des menus et l’ensachage, un service dont est très fier le directeur du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, le père Rémi Lepage.
Une nouvelle entreprise
Laurence Bruneau, une jeune étudiante du Cégep de Trois-Rivières en logistique, est tellement emballée par ce projet qu’elle a décidé de lancer sa propre entreprise pour le soutenir. «Je ne veux pas que ça s’arrête», confie-t-elle, d’autant plus que la jeune entrepreneure a constaté qu’il y a aussi un engouement du côté de la population en général pour les repas déshydratés.
Elle a donc fondé l’entreprise DeshydrAction. Elle devrait être en mesure de vendre au public, sur le web ou en épicerie, des produits déshydratés une fois la phase de démarrage terminée. Laurence Bruneau a récemment envoyé une lettre aux restaurateurs afin de leur offrir de contribuer à son entreprise qui prendra bientôt en charge le projet social Aliments déshydratés pour s’alimenter.
Elle a lancé un concours sur Facebook qui donnera la possibilité aux restaurateurs de gagner 100 kilos d’un ingrédient frais de leur choix en échange d’un partage sur leur réseau social de la campagne de financement participatif D’la bouffe pis d’l’Amour.