Amélioration des déversements d’eaux usées dans la région: une simple question de pluie?

Les déversements d’eaux usées de quelque 700 municipalités du Québec ont été analysés une fois de plus par la Fondation Rivières qui vient de publier son palmarès 2021, lequel présente des résultats encourageants puisqu’il y a de l’amélioration dans l’ensemble des villes. C’est le cas aussi pour la région.


Afin de mieux comparer la situation d’une année à l’autre et les municipalités entre elles, la Fondation Rivières a développé un indice appelé «intensité des déversements par habitant» qui tient compte de la durée des déversements et de la taille de l’ouvrage qui déborde.

En Mauricie, l’amélioration est aussi perceptible qu’ailleurs au Québec. L’intensité des déversements était de 63,41 en 2017 à Saint-Tite, par exemple. Il est de 37,94 pour 2021.



À Shawinigan aussi, on voit une bonne amélioration, qui détonne d’ailleurs. L’indice était en effet de 14,87 en 2021 alors qu’il était de 29,78 en 2017, de 24,24 en 2018, de 28,59 en 2019 et de 29,45 en 2020.

Shawinigan n’est pas en congé de devoirs pour autant. Le palmarès 2021, qui la classe dans la catégorie des villes moyennes en termes de grosseur, signale que 1519 débordements ont eu lieu au cours de cette année-là, soit 176 jours de débordements pour ses 70 ouvrages.

En comparaison, Trois-Rivières, ville classée comme grande, compte 274 jours de débordement en 2021 pour 62 ouvrages et 1262 débordements pour l’année. Malgré tout, la ville affiche elle aussi une amélioration par rapport aux années passées. Son intensité des déversements était à 13,62 pour 2021 par rapport à 48,99 en 2020, 29,61 en 2019, 29,58 en 2018 et 50,10 en 2017.

Parmi les municipalités qui ont le plus grand nombre de débordements d’eaux usées en Mauricie, on compte Saint-Tite, avec 308 débordements et La Tuque avec 380.



Dans les deux cas, les chiffres de la Fondation Rivières démontrent qu’il y a eu, là aussi, une nette amélioration l’an dernier. Saint-Tite avait un indice d’intensité de déversement de 63,41 en 2017. En 2021, elle affichait 37,94. Du côté de La Tuque, on est passé de 15,87 en 2017 à 5,76 en 2021.

Même si la Ville de Shawinigan fait bonne figure en 2021, le porte-parole, François St-Onge, ne pavoise pas. Après avoir discuté du rapport avec les ingénieurs de la Ville responsables de ce dossier, il avoue que le calcul derrière les chiffres avancés par la Fondation Rivières est un peu difficile à comprendre. «C’est une estimation. Ils n’ont pas de données réelles sur la quantité du liquide déversé, par exemple», dit-il.

Ce que Shawinigan constate surtout, en regardant le tableau de la Mauricie, «c’est que tout le monde baisse entre 2020 et 2021. Pourquoi tout le monde baisse?», s’interroge François St-Onge. Y aurait-il tout simplement moins plu au Québec durant cette année-là, se questionne-t-il.

«Pourquoi y a-t-il des surverses sur un réseau unitaire? C’est quand il pleut», fait-il valoir en rappelant que les réseaux unitaires collectent à la fois le pluvial et l’égout.

La théorie de la pluie moins abondante est soulevée du bout des lèvres par la Fondation Rivières. Cette dernière fait état de 36 339 déversements en 2021 par rapport à 52 794 l’année précédente et prévoit justement que les résultats seront possiblement moins reluisants en 2022 «alors qu’on a connu plusieurs épisodes de précipitations intenses à l’été», rappelle le directeur général de la Fondation Rivières, André Bélanger.

La Fondation avoue également que «certaines municipalités sortent avantagées dans le palmarès puisqu’elles ne sont pas dotées d’enregistreurs électroniques permettant de comptabiliser le nombre et la durée de déversements».



Le porte-parole de la Ville de Shawinigan, lui, croit que pour avoir de réelles améliorations des données, il faut que le gouvernement augmente son aide pour faire les travaux qui s’imposent.

La Fondation observe malgré tout une baisse des déversements dans la plupart des municipalités depuis ses premières publications il y a cinq ans. «L’intensité des déversements par habitant est globalement en baisse depuis cinq ans», souligne-t-elle. C’est la première fois, cette année, qu’elle affiche les performances de 700 municipalités en 2017 à 2021, ce qui donne une meilleure vue d’ensemble des progrès.

Au Centre-du-Québec, Bécancour, ville classée moyenne, présente un indice d’intensité enviable de 0,062 avec trois jours seulement de débordements et quatre débordements pour 16 ouvrages.

Dans la catégorie des petites municipalités, Nicolet a connu 106 débordements en 2021. Elle présente toutefois une importante amélioration dans son indice d’intensité de déversement, soit 7,28 en 2021, par rapport à 16,92 en 2020, à 44,04 en 2019. Toutefois, son indice était de 4,94 en 2017. Elle n’a donc pas encore rattrapé cette cote. Nicolet a vécu 37 jours de débordements en 2021 et 106 débordements au total.

Du côté de Trois-Rivières, le porte-parole, Mikaël Morrissette, estime que les efforts faits par la Ville portent fruit. «Entre 2017 et 2021, l’intensité des déversements par habitant a chuté de 73 % à Trois-Rivières. Est-ce qu’il y a encore du travail à faire, la réponse est oui, mais nous sommes de plus en plus proactifs en la matière», dit-il.

Ce dernier souligne également que pour mettre les choses en perspective, «il y a plusieurs facteurs à considérer quand on compare les municipalités entre elles. Le nombre de stations de pompage, le nombre de kilomètres de conduites combinées ou séparées, les raisons donnant lieu à des débordements (bris, séparation de conduites ou facteurs naturels), l’âge des infrastructures, le nombre de litres d’eau traités», illustre-t-il.

«Dans les dernières années, en plus des campagnes de sensibilisation que nous déployons, des investissements de plusieurs millions ont été apportés pour rendre le réseau plus résilient (3 M$ aux étangs à Sainte-Marthe-du-Cap, 4,2 M$ pour le secteur Le Corbusier, 14,6 M$, rue du Père-Daniel)», souligne M. Morrissette.

Rappelons qu’en 2020, la Ville de Trois-Rivières avait mal figuré au palmarès de la Fondation Rivières principalement à cause d’un nouveau déversement d’eaux usées dans la rivière Saint-Maurice, soit près de 1,3 milliard de litres d’eaux usées en 16 jours.

Notons que Trois-Rivières est classée, cette année, au 25e rang, Shawinigan au 21e, Nicolet au 47e et Bécancour au 307e.